La tenue d’un sommet UE-Ukraine vendredi à Kiev confirmée

Deux soldats ukrainiens à bord d’un char BMP-2 de conception soviétique dans la région de Donetsk, le 30 janvier. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, l’Ukraine attend « entre 120 et 140 » tanks occidentaux pour repousser l’armée russe, qui a récemment intensifié son offensive.
Yasuyoshi Chiba Agence France-Presse Deux soldats ukrainiens à bord d’un char BMP-2 de conception soviétique dans la région de Donetsk, le 30 janvier. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, l’Ukraine attend « entre 120 et 140 » tanks occidentaux pour repousser l’armée russe, qui a récemment intensifié son offensive.

Le premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a confirmé mardi la tenue d’un sommet Ukraine-UE vendredi à Kiev, disant que celui-ci devait envoyer un « signal fort », y compris à Moscou, près d’un an après le début de l’invasion russe.

De son côté, l’armée russe, à l’offensive ces derniers jours, a revendiqué mardi la conquête d’un village près de Bakhmout, point chaud des combats dans l’est de l’Ukraine.

Le sommet est un point de passage important, plusieurs mois après l’obtention par Kiev du statut de candidat officiel à l’adhésion à l’Union européenne.

Dans son adresse de mardi soir, M. Zelensky a espéré que ce sommet reflétera un haut « niveau de coopération et de progrès » avec l’UE. « Nous attendons des nouvelles pour l’Ukraine », a-t-il dit.

« Le fait que ce sommet se tienne à Kiev est un signal fort adressé tant à nos partenaires qu’à nos ennemis », s’est félicité M. Chmygal lors d’une réunion gouvernementale, disant « attendre du sommet une évaluation intermédiaire positive de nos efforts pour l’intégration européenne ».

Les deux journées, à forte connotation diplomatique, doivent permettre à « l’Europe de croire en la victoire de l’Ukraine », a-t-il encore insisté.

« Entre 120 et 140 » chars

Ce volet de discussions intervient quelques jours après que les Occidentaux ont donné leur feu vert — après de longues tergiversations — pour livrer à l’armée ukrainienne des chars lourds extraits de leur arsenal, une première depuis près d’un an.

Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, l’Ukraine attend « entre 120 et 140 » tanks occidentaux pour repousser l’armée russe, qui a récemment intensifié son offensive.

C’est la première fois que Kiev révèle le nombre total des blindés lourds modernes promis par ses alliés occidentaux.

L’Ukraine avait précédemment indiqué qu’il lui faudrait plusieurs centaines de ces chars lourds, des missiles de longue portée et des avions pour pouvoir mener des contre-offensives à même de reconquérir les territoires ukrainiens occupés par la Russie.

D’autant que le processus de livraison pourrait prendre des mois, selon plusieurs chancelleries, du fait de la nécessité d’organiser la maintenance des chars sur place et la formation des militaires ukrainiens.

Paris a de son côté annoncé mardi que la France allait fournir à l’Ukraine 12 canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des 18 déjà livrés.

Mais ces pièces très précises et mobiles n’ont pas la portée de plus de cent kilomètres dont l’Ukraine dit avoir besoin pour détruire les lignes d’approvisionnement et les dépôts de munitions russes.

Le président américain, Joe Biden, a, lui, indiqué mardi qu’il allait discuter avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de ses besoins en armes.

« Nous allons parler », a-t-il dit à un groupe de journalistes à la Maison-Blanche après avoir répondu la veille par la négative à une question sur son intention de fournir des avions de combat F-16 à l’Ukraine, qui les réclame.

Selon le Wall Street Journal, une société de défense américaine, General Atomics, a proposé à Kiev de lui vendre deux drones Reaper MQ-9 pour un dollar symbolique. Le coût du transport en Ukraine (10 millions $US) et de la maintenance (8 millions $US par an) seraient supportés par Kiev, affirme le journal. Le gouvernement américain n’a fait aucun commentaire sur cette information.

Les Occidentaux craignent qu’un soutien militaire encore plus massif puisse pousser le Kremlin à l’escalade, alors que la Russie répète qu’Américains et Européens lui ont déclaré une guerre par procuration.

« C’est très tendu »

De nombreux observateurs estiment que Moscou et Kiev préparent chacun un assaut à la fin de l’hiver ou au printemps.

« Des sources occidentales, ukrainiennes et russes continuent d’indiquer que la Russie se prépare à une offensive imminente, soutenant l’évaluation de l’ISW selon laquelle une offensive dans les mois à venir est la suite la plus probable », a écrit mardi l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), basé aux États-Unis.

Sur le terrain, les forces russes semblent déterminées à reprendre l’initiative, après les revers de l’automne qui les ont contraintes à la retraite dans le nord-est et le sud du pays.

Mardi, le ministère russe de la Défense a revendiqué dans son point de situation quotidien que « la localité de Blagodatné avait été libérée », près de Bakhmout, après une offensive d’« unités d’assaut de volontaires » appuyées par l’aviation et l’artillerie.

Les volontaires sont l’euphémisme utilisé en Russie pour parler des groupes paramilitaires — surtout ceux du groupe Wagner — combattant avec l’armée.

Le patron de Wagner, le sulfureux Evgueni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Blagodatné samedi, ce que Kiev avait démenti.

Ses hommes ont par ailleurs conquis en janvier la petite ville de Soledar, au prix de lourdes pertes, ainsi que des villages avoisinants.

 

Les forces ukrainiennes assurent cependant que Bakhmout reste fermement sous leur contrôle.

« Les troupes russes ont été incapables de couper la route de ravitaillement des forces armées » ukrainiennes, a affirmé un porte-parole militaire ukrainien, Serguiï Tcherevaty.

Les forces russes ont également lancé une offensive 150 km plus au sud pour prendre Vougledar, une ville d’environ 15 000 habitants avant-guerre, située au sud-ouest de la ville de Donetsk, qui est aux mains des Russes depuis 2014.

« C’est très tendu. Plus le temps passe, plus la situation empire », déplore auprès de l’AFP Oleksandre, 45 ans, un soldat ukrainien qui tire au mortier depuis son poste installé à tout juste cinq kilomètres de Vougledar.

Avec Arman Soldin, à Bogoyavlenka

La Hongrie étrille la « stupidité » de la Suède envers la Turquie

Budapest — La Hongrie a qualifié mardi de « stupide » l’attitude de la Suède, après qu’un militant d’extrême droite a brûlé un exemplaire du Coran à Stockholm, un incident qui a poussé Ankara à bloquer l’adhésion du pays nordique à l’OTAN.

Profaner un livre religieux est « inacceptable », a réagi le ministre des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, lors d’une conférence de presse à Budapest avec son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu. Et mettre en avant la liberté d’expression, comme l’a fait le premier ministre Ulf Kristersson pour justifier l’autorisation de la manifestation, est « stupide », a-t-il lancé. « Si un pays veut rejoindre l’OTAN et tente d’obtenir le soutien de la Turquie, alors il devrait sans doute faire preuve d’un peu plus de prudence », a estimé le responsable hongrois.

À la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Finlande et la Suède ont présenté une candidature commune en vue d’intégrer l’Alliance atlantique, abandonnant des décennies de non-alignement militaire. Celle-ci, qui doit être acceptée à l’unanimité par les 30 États membres de l’OTAN, a été ratifiée par tous à l’exception de la Turquie et de la Hongrie.

Agence France-Presse


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