Le bilan du bombardement de Dnipro grimpe à 40 morts

Des secouristes transportent le corps d’un homme tué dans la frappe sur l’immeuble résidentiel à Dnipro.
Photo: Evgeniy Maloletka Associated Press Des secouristes transportent le corps d’un homme tué dans la frappe sur l’immeuble résidentiel à Dnipro.

Le bilan d’une frappe russe sur un immeuble résidentiel de Dnipro, en Ukraine, a grimpé lundi à 40 morts, ce qui en fait l’un des plus élevés depuis le début de la guerre. Et il risque encore de s’alourdir.

Vladimir Poutine a de son côté dénoncé les livraisons croissantes d’armes occidentales à l’Ukraine, le Kremlin jurant que les chars promis à Kiev « brûleront » sur le champ de bataille.

Moscou a démenti, comme toujours dans ce cas de figure, avoir été responsable du carnage à Dnipro, et a rejeté la faute sur les Ukrainiens. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué « une tragédie » pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne.

La présidence suédoise de l’Union européenne a, elle, dénoncé « un crime de guerre » russe. Un nouvel exemple de « suspicion de violations du droit de la guerre », a indiqué de son côté le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Lundi, presque 48 heures après qu’un missile a éventré un immeuble du quai de la Victoire à Dnipro (est), 40 corps sans vie avaient été retrouvés, selon les services de secours, tandis que 75 blessés ont été comptabilisés.

Des grues étaient en action pour hisser les sauveteurs dans les appartements ravagés ou pour soulever des pans de béton. Dans les décombres, les équipes de secours cherchaient 29 personnes portées disparues, selon les autorités.

Sur ce lieu de désolation, des personnes déposaient des fleurs et des peluches à la mémoire des victimes. D’autres habitants de Dnipro apportaient vêtements ou couettes à un point de collecte mis en place par des humanitaires.

Photo: Vitalli Matokha Agence France-Presse Des grues amènent des sauveteurs ukrainiens dans les appartements ravagés et autrement inaccessibles.

Trente-neuf personnes ont été secourues des ruines du bâtiment.

Dans une entrevue à CNN, la première dame de l’Ukraine, Olena Zelenska, a assuré que les Russes n’étaient pas parvenus à briser l’esprit de résistance des Ukrainiens. « On a tenu presque une année, on peut tenir plus longtemps », a-t-elle déclaré, soulignant que désormais, « les enfants du pays peuvent faire la différence entre le son d’une roquette, d’un drone et de la défense antiaérienne ».

Le Kremlin a mis deux jours à réagir à la frappe sur l’immeuble de Dnipro.

« Les forces armées russes ne bombardent pas les immeubles résidentiels, ni les infrastructures civiles, elles bombardent des cibles militaires », a déclaré M. Peskov, en dépit des frappes qui ont touché une multitude de cibles civiles depuis le début de l’invasion, le 24 février.

Face à ces pluies de missiles et à la menace d’une nouvelle offensive russe d’ampleur, les Occidentaux ont intensifié leur aide militaire à l’Ukraine. Une réunion sur les livraisons d’armements occidentaux à Kiev est prévue le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein (Allemagne).

Vladimir Poutine a de son côté dénoncé, dans une conversation avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, « la ligne destructrice adoptée par le régime de Kiev qui a misé sur l’intensification des combats, avec le soutien de ses parrains occidentaux qui augmentent leurs livraisons d’armes et de matériel militaire » aux Ukrainiens.

« Ces chars brûlent et brûleront », avait lancé plus tôt Dmitri Peskov à la presse.

[Désormais], les enfants du pays peuvent faire la différence entre le son d’une roquette, d’un drone et de la défense antiaérienne

 

Une importante délégation d’Ukrainiens, menée par Olena Zelenska, se rend cette semaine à Davos, en Suisse, afin de convaincre les Occidentaux réunis pour le sommet économique mondial de leur livrer davantage d’armes.

« C’est pour cela que je suis présent », y a déclaré lundi le maire de Kiev, Vitali Klitschko, précisant qu’il est « primordial de nouer des relations personnelles » pour y parvenir.

Samedi, Londres avait annoncé la fourniture à Kiev de Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale à l’Ukraine.

« Des chars, des blindés et de l’artillerie, c’est exactement ce dont l’Ukraine a besoin pour restaurer son intégrité territoriale », a écrit lundi sur Twitter le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Varsovie a dit attendre un feu vert de l’Allemagne pour livrer des chars Leopard de facture allemande.

De l’autre côté de l’Atlantique, des soldats ukrainiens sont arrivés dimanche sur une base militaire de l’Oklahoma pour s’entraîner à l’utilisation du système de défense antiaérienne Patriot, que Washington va fournir à Kiev.

L’AIEA attendue en Ukraine

Dans un discours tenu à La Haye, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, s’est dite favorable lundi à la création d’un tribunal spécial pour la poursuite des dirigeants russes.

« Nous devons adresser un message clair aux dirigeants russes ici et maintenant : une guerre d’agression ne restera pas impunie », a déclaré Mme Baerbock, appelant à une « nouvelle forme » de tribunal, qui utiliserait le droit ukrainien, mais qui serait basé à l’étranger et qui emploierait des juges internationaux.

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, était attendu lundi en Ukraine.

Dans un gazouillis rédigé avant son départ, il a souligné que son organisation allait étendre sa présence « pour aider à éviter un accident nucléaire pendant le conflit en cours ».

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