Moscou bombarde le réseau électrique de l'Ukraine

En plus des dégâts importants sur les infrastructures, les bombardements intensifs russes depuis une semaine ont fait des dizaines de victimes ukrainiennes et plus de 100 blessés.
Photo: Francisco Seco Associated Press En plus des dégâts importants sur les infrastructures, les bombardements intensifs russes depuis une semaine ont fait des dizaines de victimes ukrainiennes et plus de 100 blessés.

L’armée russe a massivement frappé à nouveau mardi les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, tout en reconnaissant que ses troupes font face à une situation « tendue » sur le terrain — et en particulier à Kherson, dont elle entend évacuer la population.

Dans le même temps, signe des tensions croissantes sur la scène internationale, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a suggéré une réduction de la présence diplomatique russe en Occident. « Le plus important est qu’il n’y a pas de travail là-bas depuis que l’Europe a décidé de se fermer face à nous », a-t-il expliqué, disant vouloir donner la priorité à l’Asie et l’Afrique.

L’armée russe a de nouveau bombardé, mardi, « le commandement militaire et les systèmes énergétiques d’Ukraine », assurant que « toutes les cibles ont été touchées ».

« Depuis le 10 octobre, 30 % des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des pannes massives dans tout le pays », a reconnu le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a réitéré son refus de négocier avec son homologue russe, Vladimir Poutine.

« La situation est maintenant critique », a ajouté un conseiller de la présidence, en demandant que toute l’Ukraine « se prépare » à de possibles « pannes d’électricité, d’eau et de chauffage ». À l’approche de l’hiver, un total de « 1162 localités restent privées d’électricité », a comptabilisé le service ukrainien des situations d’urgence.

Lundi déjà, des frappes ayant fait au moins neuf morts, à l’aide notamment de drones kamikazes, avaient provoqué des coupures de courant dans trois régions. Et une semaine auparavant, le 10 octobre, des bombardements russes d’une ampleur inégalée depuis des mois, également sur les infrastructures énergétiques, avaient fait au moins 19 morts et 105 blessés. Les alliés occidentaux de Kiev avaient alors promis plus de systèmes de défense antiaérienne, dont certains ont déjà été livrés.

Les nouvelles frappes russes ont touché de nombreuses villes d’Ukraine. Elles ont fait au moins un mort à Mykolaïv, dans le sud du pays, et deux ou trois dans la capitale, tandis que des pannes d’électricité étaient signalées à travers le pays.

Les Russes « attaquent des infrastructures essentielles […] dont les gens ont besoin dans leur vie quotidienne et qui ne sont pas des cibles militaires », a dénoncé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, estimant que « c’est un signe de désespoir de la part de la Russie ».

Situation « tendue »

Parallèlement à ces bombardements, l’armée russe a reconnu mardi que, sur le terrain, la situation était « tendue » pour ses troupes placées devant la contre-offensive ukrainienne.

« L’ennemi n’abandonne pas ses tentatives d’attaques sur les positions des troupes russes », a déclaré le général Sergueï Sourovikine, chargé des opérations en Ukraine depuis 10 jours. « Le régime ukrainien cherche à percer notre défense » en réunissant « toutes ses réserves » pour la contre-offensive, et la situation est notamment « très difficile » à Kherson.

Capitale de la région du même nom annexée par la Russie en septembre, la ville est actuellement la cible de frappes ukrainiennes visant ses « infrastructures sociales, économiques et industrielles », selon le général russe. Ce qui justifie, aux yeux de Sergueï Sourovikine, que « l’armée russe va assurer avant tout l’évacuation sécurisée de la population ». « Les actions ultérieures concernant la ville de Kherson elle-même vont dépendre de la situation militaire », a-t-il ajouté, disant sans autre précision « ne pas exclure une prise de décision très difficile ».

Par ailleurs, l’utilisation par l’armée russe de drones iraniens, selon Kiev, a été étayée mardi par des chiffres. L’armée russe a envoyé au cours des dernières 24 heures 43 drones Shahed-136 de fabrication iranienne, dont « 38 ont été abattus », a affirmé dans la matinée l’état-major des forces ukrainiennes.

« Nous n’avons pas de telles informations », a répondu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la question d’un journaliste sur l’utilisation de tels aéronefs sans pilote. L’Iran a pour sa part répété n’avoir pas « exporté d’armes vers aucune des parties en guerre ».

Dans ce contexte, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a proposé mardi au président Zelensky de rompre les relations diplomatiques avec Téhéran.

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