Nouvelles frappes près d’un réacteur nucléaire

Une vue de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en avril
Photo: Ed Jones Archives Agence France-Presse Une vue de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en avril

L’Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées vendredi d’avoir effectué des frappes près d’un réacteur de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, le jour où trois nouveaux chargements de céréales, cruciaux pour la sécurité alimentaire mondiale, ont quitté des ports ukrainiens.

Dans le même temps, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, se sont rencontrés à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, où ils ont décidé de « renforcer les échanges commerciaux » entre les deux pays. M. Poutine a en outre remercié M. Erdoğan pour ses efforts qui ont permis d’arriver à un accord entre Moscou et l’Ukraine sur les livraisons de céréales.

La situation était confuse vendredi soir relativement à la situation à Zaporijjia, sous occupation russe depuis début mars. Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir mené « trois frappes » près d’un des réacteurs de la centrale nucléaire. « Malgré les provocations des Russes, la centrale continue de fonctionner et de fournir de l’électricité au système énergétique de l’Ukraine », a fait savoir la société d’État Energoatom. Toutefois, « il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives. Le danger d’incendie est élevé ».

L’armée russe a, quant à elle, parlé dans un communiqué de « tirs d’artillerie » de « formations armées ukrainiennes », à la fois « contre le territoire de la centrale de Zaporijjia et la ville d’Enerhodar », dénonçant des « actes de terrorisme nucléaire ». De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré vendredi que la Russie devait « porter la responsabilité » pour cet « acte de terreur ».

L’Agence internationale de l’énergie atomique avait déjà déclaré mardi que la situation était « volatile » à Zaporijjia et devenait « de plus en plus dangereuse de jour en jour ».

Sur le terrain militaire, les Russes ont une fois de plus vendredi bombardé Mykolaïv, une ville située non loin du front sud. Bilan : 22 blessés, dont un adolescent de 13 ans, et de nombreuses habitations endommagées, selon le maire de la ville, Oleksandr Senkevitch. Un couvre-feu y a été instauré jusqu’à lundi matin afin de neutraliser les « collaborateurs » des Russes. Les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive dans le sud du pays, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages tombés aux mains des soldats russes.

Ravitailler les marchés agricoles

 

Parallèlement, cinq jours après le départ d’Odessa d’un premier cargo — attendu dimanche au Liban — de céréales ukrainiennes depuis le déclenchement de l’offensive russe, trois autres chargements ont quitté l’Ukraine en convoi, a annoncé le ministère turc de la Défense. Devrait s’ensuivre une série de rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles.

Les trois navires iront en Irlande, en Angleterre ou en Turquie. Et un autre bâtiment fait déjà route vers le port de Tchernomorsk, qu’il doit atteindre samedi, a déclaré le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandr Koubrakov.

La Russie et l’Ukraine ont signé deux accords séparés, validés par la Turquie et les Nations unies, qui permettent l’exportation des céréales ukrainiennes immobilisées par le conflit et de produits agricoles russes malgré les sanctions occidentales. Ils doivent atténuer la crise alimentaire mondiale, qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays les plus pauvres en raison du blocage des ports ukrainiens.

Les prix des denrées alimentaires ont d’ailleurs nettement fléchi en juillet, tirés vers le bas par ceux des céréales et des huiles végétales, a annoncé vendredi l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

À voir en vidéo