Une semaine où tout se joue pour Macron

Bousculé par la gauche au premier tour des élections législatives, le président français, Emmanuel Macron, et son camp entament une semaine décisive pour tenter d’obtenir dimanche une majorité absolue à l’Assemblée nationale, indispensable pour mettre en œuvre les réformes annoncées.
« Nous allons être très mobilisés pour donner une majorité claire et forte, nous avons besoin de cette majorité, la France en a besoin », a déclaré la première ministre, Élisabeth Borne, lundi lors d’un déplacement dans son département du Calvados (nord-ouest), où elle est arrivée confortablement en tête au premier tour.
« Il y a des urgences sur le pouvoir d’achat, […] nous avons la guerre aux portes de l’Europe, nous avons besoin de stabilité », a-t-elle fait valoir, après avoir évoqué la veille une « confusion inédite entre les extrêmes ».
Réélu fin avril face à l’extrême droite, Emmanuel Macron, centriste libéral, doit composer avec un panorama moins favorable que lors de son accession au pouvoir en 2017, avec, pour cette édition, une abstention record et une double percée de la gauche et de l’extrême droite.
Emmenée par le tribun Jean-Luc Mélenchon, la NUPES (union de communistes, d’écologistes, de socialistes et de membres de la gauche radicale) a fait jeu quasi égal avec la majorité présidentielle sortante, réunie sous l’étiquette Ensemble ! et arrivée en tête du premier tour dimanche avec seulement 21 000 voix d’avance, sur 23,3 millions de votes.
Si la coalition présidentielle conserve l’avantage dans les projections des 577 sièges de députés (255 à 295), devant la NUPES (150 à 210), elle n’est pour autant pas assurée de conserver sa majorité absolue, qui est fixée à 289 sièges.
Dans ce contexte, la semaine s’annonce cruciale pour le camp présidentiel, qui va devoir tenter de maintenir la mobilisation de ses électeurs et convaincre ceux de droite.
« C’est toute l’ironie de l’histoire politique : aujourd’hui, ma famille politique ne va pas bien et, pour autant, on peut avoir besoin des Républicains », a relevé sur la chaîne France 2 Jean-François Copé, un élu de ce parti de droite qui va perdre le statut de premier groupe d’opposition à l’Assemblée, mais dont les électeurs et futurs députés pourraient être précieux à M. Macron.
Sur les radios et les télévisions lundi, les ténors du camp présidentiel ont assuré que « rien n’était joué ».
L’absence de majorité absolue compliquerait la tâche de l’exécutif et serait une première depuis les législatives de 1988, lorsque les socialistes et leurs alliés n’étaient pas parvenus à obtenir une majorité absolue. Ils avaient alors dû faire des alliances avec le centre droit pour faire voter leurs textes.
Convaincre les abstentionnistes
Dans le camp de la NUPES, l’enjeu sera de convaincre les électeurs de se déplacer pour voter, après l’abstention record enregistrée dimanche, moins d’un électeur sur deux s’étant rendu aux urnes.
« Matignon ne s’éloigne pas, Matignon se rapproche », a déclaré Jean-Luc Mélenchon lundi devant son quartier général à Paris, en référence au bureau du premier ministre, poste auquel il aspire, même si ce scénario semble désormais peu probable.
« Le jeu est ouvert », a estimé de son côté la députée de la gauche radicale Clémentine Autain sur la radio France Inter, en évoquant une « défaite assez cinglante pour le pouvoir en place ».
Sur la même radio, le ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, a insisté sur les différences entre les programmes des deux camps, vantant le projet du gouvernement « profondément européen » et « profondément républicain ». Le camp présidentiel met en garde contre le danger que représente, selon lui, l’importance de « l’extrême gauche » dans la NUPES.
Signe des enjeux et du duel qui s’annonce, la NUPES a accusé le ministère de l’Intérieur de « tripatouillages » pour ne pas avoir, selon elle, décompté toutes les voix qui lui revenaient au premier tour. Le ministère a de son côté expliqué s’en tenir aux listes de candidats déclarés.
Le camp présidentiel doit également composer avec certains ministres en ballottage défavorable face à la NUPES, comme Amélie de Montchalin (Transition écologique) ou Clément Beaune (Affaires européennes). La règle imposée par l’Élysée veut qu’un ministre battu dans les urnes quitte le gouvernement.
Quant au parti d’extrême droite (Rassemblement national) de Marine Le Pen, finaliste de la présidentielle le 24 avril, il est arrivé en troisième position, avec environ 19 % des voix, loin devant la droite traditionnelle.