Des renforts arrivent en Ukraine, la Russie vise Kiev

Des policiers ukrainiens aidaient une femme à fuir la ville d’Irpin, près de Kiev, mardi. Alors que la Russie s’approche toujours plus près de la capitale, des renforts, tant matériels qu’humains, arrivent en Ukraine.
Photo: Des policiers ukrainiens aidaient une femme à fuir la ville d’Irpin, près de Kiev, mardi. Alors que la Russie s’approche toujours plus près de la capitale, des renforts, tant matériels qu’humains, arrivent en Ukraine.

Chaque jour qui passe, l’armée ukrainienne gagne en puissance grâce au matériel militaire fourni par les Occidentaux. Des avions de combat en provenance de Pologne pourraient être bientôt livrés aux Ukrainiens, signe que le vent commencerait à tourner sur le champ de bataille malgré la crise humanitaire qui s’amplifie.

La Pologne a surpris les responsables américains, mardi, en se disant « prête » à fournir gratuitement une trentaine d’avions Mig-29 à l’armée ukrainienne via les bases militaires des États-Unis.

« Les autorités de la République de Pologne […] sont prêtes à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein » en Allemagne « et à les mettre à la disposition du gouvernement des États-Unis », a annoncé mardi le ministère polonais des Affaires étrangères dans un communiqué.

Peu après, le porte-parole du département de la Défense des États-Unis a tempéré cette offre, se disant « surpris » de cette déclaration. « Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable », a indiqué John Kirby dans un communiqué, puisqu’une telle organisation pour aider militairement l’Ukraine face à l’invasion russe « soulève d’importants motifs d’inquiétude pour l’ensemble de l’OTAN ».

Dimanche, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait déclaré que les États-Unis « travaillaient activement » sur un accord avec la Pologne pour l’envoi d’avions de chasse à l’Ukraine.

Il s’agit ici de confier le volant aux Ukrainiens eux-mêmes sans être accusé de prendre part directement dans le conflit, observe Pierre Jolicœur, vice-recteur associé à la recherche au Collège militaire royale du Canada. Livrer des armes aux soldats ukrainiens, même gratuitement, peut se justifier comme étant une « simple opération commerciale ». D’ailleurs, les soldats ukrainiens maîtrisent bien ces avions conçus par l’Union soviétique.

Des milliers d’armes létales prennent par ailleurs le chemin de l’Ukraine ou s’y trouvent déjà. Les forces de l’OTAN procurent tous les jours des lance-roquettes antichars, des missiles antiaériens et des fusils d’assaut aux troupes ukrainiennes. « C’est en milliards de dollars que ça se compte. Et on ne les a pas toutes annoncées sur la place publique », note M. Jolicœur.

À cela s’ajoutent les milliers de soldats étrangers qui s’enrôlent dans les forces ukrainiennes de leur plein gré et à titre personnel. Près de 20 000 volontaires ont déjà rejoint la bannière de la « Légion internationale de défense », selon le ministère des Affaires étrangères ukrainiennes. « On a vu ça dans d’autres théâtres de guerre. Parfois, ça fait la différence, assure Pierre Jolicœur. On l’a vu avec le groupe État islamique, quand des [combattants] occidentaux, pas nécessairement d’origine arabe, ont permis de contrôler de vastes pans du territoire syrien et irakien pendant plusieurs années. »

Le vent commence peut-être à tourner, mais « les forces russes sont toujours dominantes », nuance ce spécialiste des forces armées.

Des pertes et des gains

 

Malgré un calcul difficile à établir, près de 1000 véhicules militaires russes ont certainement été détruits, endommagés ou capturés jusqu’à présent, selon la compilation visuellement documentée du groupe de surveillance Oryx.

Un haut responsable du Pentagone a estimé mardi que de « 2000 à 4000 » soldats russes avaient trouvé la mort depuis le début de l’invasion, précisant que cette estimation était à prendre avec prudence. L’unique bilan du ministère russe de la Défense avait fait état la semaine dernière de 498 militaires russes tués.

Les pertes du côté de l’armée ukrainienne sont impossibles à estimer avec certitude, seuls les Russes ont pour l’instant avancé le chiffre de 2 870 soldats tombés au champ de bataille.

Ce bilan continuera de s’alourdir, notamment dans la capitale. Un responsable du ministère de la Défense américaine a signalé anonymement à la presse qu’une troisième colonne de chars se dirige vers Kiev, « l’un des principaux objectifs de l’armée russe ».

Un premier convoi de tanks, de camions de ravitaillement et d’autres véhicules militaires est bloqué depuis quelques jours à quelque 20 km au nord de la capitale tandis qu’une seconde ligne d’attaque se trouve, elle, stationnée près de Tchernihiv, à 150 km de Kiev.

Cette analyse est corroborée par l’Institut pour l’étude de la guerre, un groupe de réflexion basé à Washington. « Les forces russes se concentrent à l’est, au nord-ouest et à l’ouest de Kiev pour un assaut dans les 24 à 96 heures, selon un bulletin d’information publié lundi après-midi. […] Si les troupes russes sont capables de réapprovisionner, de se réorganiser et de planifier des opérations simultanées, coordonnées et délibérées sur différents axes autour et dans la capitale, ils pourraient rencontrer plus de succès que lors des précédentes tentatives. » Pour le reste, les lignes de front ont peu évolué au cours des dernières 24 heures.

Une trêve mercredi

 

L’armée russe a annoncé une nouvelle trêve pour l’évacuation des civils en Ukraine mercredi, après la mise en œuvre la veille de couloirs humanitaires.

« La Russie annonce un régime de cessez-le-feu à partir du 9 mars, 10 h, heure de Moscou, et est prête à mettre en place les couloirs humanitaires », a annoncé la cellule responsable de ces questions au sein du gouvernement russe, citée par l’agence TASS.

Selon Moscou, cette proposition sera transmise aux autorités ukrainiennes, qui doivent confirmer l’emplacement des couloirs humanitaires et à partir de quelle heure ceux-ci seront fonctionnels.

De premiers couloirs d’évacuation pour les civils ont été mis en place mardi matin, en particulier à Soumy dans le Nord-Est, d’où deux convois sont partis au cours de la journée. Des évacuations se poursuivaient aussi dans la région de Kiev. Dans d’autres villes, telles que Boutcha dans le Nord ou Marioupol dans le Sud, les civils restaient, eux, bloqués.

La barre des deux millions de réfugiés a été dépassée mardi, seulement 12 jours après le début de l’invasion, selon les derniers décomptes de l’ONU.

Avec l’Agence France-Presse

Zelensky promet de se battre «jusqu’au bout»

« Nous nous battrons jusqu’au bout », a déclaré devant le parlement britannique Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien s’exprimait par lien video, lors d’une intervention visant à obtenir plus de soutien pour son pays après l’invasion russe. Dans un entretien diffusé par la chaîne américaine ABC, Volodymyr Zelensky a par ailleurs affirmé ne plus vouloir insister pour obtenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, une des questions qui ont officiellement motivé l’invasion russe. Il se dit prêt à un « compromis » sur le statut des territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l’indépendance.

Agence France-Presse



À voir en vidéo