L’Ukraine et la Russie, deux pays clés dans l’alimentation des gens et des industries

La Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole. En photo, la station de production de gaz naturel liquéfié Yamal LNG.
Photo: Maxim Zmeyev Agence France-Presse La Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole. En photo, la station de production de gaz naturel liquéfié Yamal LNG.

Les cours mondiaux de nombre de matières premières ont flambé à des niveaux jamais vus depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine.

Blé, tournesol, titane, aluminium, nickel et hydrocarbures : les deux pays jouent un rôle clé dans l’approvisionnement mondial de ces matières cruciales pour l’alimentation humaine et la production industrielle.

La Russie est notamment l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole, et les investisseurs s’affolent d’éventuelles ruptures d’approvisionnement. Pour l’instant, les sanctions économiques évitent le secteur de l’énergie, mais les États-Unis, moins dépendants que l’Europe grâce à leur production nationale, évoquent désormais une interdiction d’importer du pétrole russe. La Russie est le deuxième exportateur mondial de brut.

Les cours du pétrole se sont approchés lundi de leurs plus hauts historiques, dépassant brièvement 130 dollars américains (166 dollars canadiens) le baril pour la première fois depuis 2008. Le prix du gaz atteint le même jour un record historique en Europe, à 345 euros (440 $CA) le mégawattheure. L’Union européenne importe 40 % de son gaz de Russie.

« Grenier » du monde

La Russie, devenue en 2018 le premier exportateur mondial de blé, est « cruciale » pour alimenter la planète, mais les capacités d’exportation de l’Ukraine inquiètent également.

Les deux pays sont un « grenier à céréales » pour le reste du monde. L’Ukraine, quatrième exportateur mondial de maïs, était d’ailleurs en passe de devenir le troisième exportateur de blé, derrière la Russie et les États-Unis, avant la crise.

En Europe, le cours du blé flambe depuis le début du conflit et a atteint lundi un prix inédit : 450 euros (576 $CA) la tonne. Certains pays de la région, comme la Bulgarie, ont pris des mesures pour limiter les exportations ; la Hongrie a même interdit les ventes de céréales à l’étranger, ce qui contribue à resserrer l’offre d’un marché qui était déjà très tendu avant l’invasion.

L’approvisionnement en céréales de plusieurs pays dépendants du blé russe et ukrainien fait aussi craindre le pire. « Le Liban dépend à 50 %, pour son alimentation, du blé russe et ukrainien. C’est dire que, pour certains pays, cela va être plus dramatique que pour nous, les hausses de prix. Là-bas, ce seront des pénuries », souligne Christiane Lambert, présidente de la première organisation représentant les agriculteurs en Europe, la COPA-COGECA.

Selon le cabinet spécialisé Agritel, « c’est sur l’huile de tournesol que pèse le plus grand danger ». Célèbre pour ses champs de fleurs à perte de vue, l’Ukraine est premier producteur mondial de l’oléagineux et premier exportateur mondial de son huile.

Métaux en demande

 

Les métaux industriels « les plus exposés » aux sanctions de la communauté internationale contre la Russie sont l’aluminium, le nickel et le palladium, estime de son côté Capital Economics.

Le groupe russe Rusal est le deuxième producteur industriel d’aluminium du monde. Ce métal a atteint un nouveau record historique lundi sur la Bourse des métaux de Londres (LME), à 4073,50 $US la tonne.

Pour le nickel, il y a Nornickel Norilsk, dirigé par l’oligarque Vladimir Potanine. En 2019, la Russie était le troisième producteur de minerai de nickel, derrière l’Indonésie et les Philippines, mais elle est en deuxième position pour le nickel raffiné, derrière la Chine. Capital Economics estime que 7 % du marché mondial du nickel raffiné « pourrait être touché » par les sanctions. Or, le métal, qui a atteint lundi un record historique à 55 000 $ la tonne, connaît une forte demande sur la planète pour la production de batteries de voitures électriques.

Le Liban dépend à 50 %, pour son alimentation, du blé russe et ukrainien

 

Pour le palladium, qui décroche également un record absolu à 3442,47 $ l’once, dont la Russie contrôle 50 % du marché mondial, l’industrie automobile est aussi en première ligne : il est utilisé pour la fabrication des catalyseurs d’échappement.

Le titane, métal prisé dans l’aéronautique pour sa légèreté et sa très haute résistance, est également un enjeu indirect du conflit. La société russe VSMPO-Avisma, fondée en 1941 dans l’Oural, est le premier fournisseur mondial de l’industrie, souligne le directeur général du motoriste Safran, Olivier Andriès, qui dit disposer de « quelques mois de stocks » devant lui.

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