L’OMS redoute 700 000 morts de la COVID-19 de plus en Europe d'ici le printemps

Mardi, des personnes faisaient la file lors d’un événement à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, au cours duquel les personnes dans le besoin pouvaient recevoir un repas et se faire vacciner contre la COVID-19.
Photo: Thomas Lohnes Agence France-Presse Mardi, des personnes faisaient la file lors d’un événement à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, au cours duquel les personnes dans le besoin pouvaient recevoir un repas et se faire vacciner contre la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est alarmée mardi de l’« emprise » de la COVID-19 en Europe, qui pourrait faire 700 000 morts supplémentaires sur le continent, où les nouvelles restrictions sanitaires suscitent la colère.

Si les sombres prédictions de l’OMS venaient à se réaliser, cela porterait à 2,2 millions le nombre total de décès dus à la pandémie sur le Vieux Continent d’ici au printemps.

« La Région Europe reste sous l’emprise de la pandémie de COVID-19. La semaine dernière, les décès signalés dus à la COVID-19 sont passés à près de 4 200 par jour, soit un doublement par rapport aux 2 100 décès quotidiens enregistrés à la fin du mois de septembre », a souligné l’OMS.

« On peut s’attendre à ce que les lits d’hôpitaux soient soumis à une pression élevée ou extrême dans 25 pays et à une pression élevée ou extrême dans les unités de soins intensifs dans 49 des 53 pays d’ici au 1er mars 2022 », a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Dans une formule choc, le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a prévenu lundi que « chacun ou presque sera vacciné, guéri ou mort » d’ici « vraisemblablement la fin de l’hiver » en raison de la propagation du variant Delta. Face à une nouvelle flambée de cas, l’armée allemande s’apprête à rendre obligatoire la vaccination contre la COVID-19 pour ses soldats.

Les autorités américaines ont d’ailleurs conseillé à leurs ressortissants d’éviter de se rendre en Allemagne et au Danemark, lui aussi frappé de plein fouet par la nouvelle vague de la pandémie.

Pour l’OMS, l’augmentation des cas en Europe s’explique par la combinaison de la prévalence du variant Delta, hautement contagieux, d’une couverture vaccinale insuffisante et de l’assouplissement des mesures anti-COVID.

« La situation […] est très sérieuse », a affirmé mardi son directeur régional pour l’Europe, Hans Kluge, qui a appelé à l’adoption d’une approche « vaccin plus » qui associe vaccination, port du masque, mesures d’hygiène et distanciation.

Contestations

 

Dans l’Union européenne, 67,7 % de la population a reçu deux doses de vaccin, mais les écarts sont vertigineux entre les pays. Ainsi, seuls 24,2 % des Bulgares sont vaccinés, contre 86,7 % des Portugais.

Pour préserver la mobilité au sein de l’espace européen, la Commission européenne travaille actuellement à une « mise à jour » des recommandations et doit présenter ses propositions pour actualiser le certificat européen dans les prochains jours.

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a par ailleurs annoncé mardi qu’elle se prononcerait d’ici quelques semaines sur une demande d’autorisation de mise en marché de la pilule anti-COVID de Merck, le molnupiravir, commercialisé sous le nom de Lagevrio.

« L’EMA évaluera les bénéfices et les risques de Lagevrio dans un délai réduit et pourrait formuler un avis dans quelques semaines si les données soumises sont suffisamment solides et complètes pour montrer l’efficacité, l’innocuité et la qualité du médicament », a-t-elle dit.

Pour l’heure, les gouvernements resserrent la vis — du confinement en Autriche aux nouvelles restrictions sanitaires en Belgique et aux Pays-Bas, qui ont donné lieu à des manifestations de violence.

4200
C’est le nombre de décès par jour qui ont été signalés la semaine dernière en Europe, « soit un doublement par rapport aux 2100 décès quotidiens enregistrés à la fin du mois de septembre », selon l’OMS.

Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a dénoncé des actes de « violence pure » de la part d’« idiots », à l’heure où les Antilles françaises sont, elles, en proie à une contestation de l’obligation vaccinale contre la COVID-19.

La contestation par des soignants et des pompiers entamée le 15 novembre en Guadeloupe a tourné à la crise sociale émaillée de violences dans ce département français des Caraïbes, où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Sur l’île voisine de la Martinique, une mobilisation similaire se poursuit. Forces de l’ordre et pompiers ont essuyé des tirs d’arme à feu, qui n’ont pas fait de blessés, dans la nuit de lundi à mardi.

Troisième dose

 

S’il apparaît, selon l’OMS, « de plus en plus évident que la protection induite par la vaccination contre les infections et les formes bénignes décline », l’organisation recommande désormais un rappel pour les plus vulnérables, y compris les immunodéprimés.

En France, un conseil de défense sanitaire va plancher mercredi sur le calendrier des rappels face à cette question rendue pressante par l’accélération de l’épidémie dans le pays, dont la contamination du premier ministre, Jean Castex, est un exemple symbolique.

Cette réunion permettra « d’aborder la question de l’extension de la troisième dose du vaccin », a indiqué mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Pendant ce temps, Israël a entamé sa campagne de vaccination des enfants de 5 à 11 ans, devenant l’un des premiers pays, après les États-Unis, à abaisser aussi rapidement l’âge d’accès au vaccin.



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