Flambée attendue de cas en Russie

Moscou, avec ses 12 millions d’habitants, est l’épicentre de l’épidémie, comptant 13 000 malades, dont 6000 hospitalisés.
Photo: Yuri Kadobnov Agence France-Presse Moscou, avec ses 12 millions d’habitants, est l’épicentre de l’épidémie, comptant 13 000 malades, dont 6000 hospitalisés.

La Russie enregistre cette semaine des augmentations quotidiennes records des cas recensés de COVID-19 et craint une flambée dans les prochains jours, à Moscou en particulier. La Russie avait recensé mardi officiellement 21 102 cas de coronavirus et 170 morts. Moscou, avec ses 12 millions d’habitants, est l’épicentre de l’épidémie, comptant 13 000 malades, dont 6000 hospitalisés. Le taux de croissance quotidien en Russie s’établit à 16-18 % depuis plusieurs semaines, mais certaines régions connaissent des niveaux bien plus forts, comme celle entourant la capitale (+36,4 % lundi, +24,8 % mardi).

La vice-première ministre chargée du dossier, Tatiana Golikova, a dit s’attendre « cette semaine et au début de la suivante » à une propagation accentuée de la COVID-19 à Moscou. Parmi les 74 principaux foyers épidémiques russes, 55 % sont des établissements de soins. La république de Komi, pourtant isolée dans le grand nord, connaît ainsi une poussée parmi son million d’habitants à cause de contaminations en milieu hospitalier. Le taux de morbidité s’y établissait lundi à 24,6 pour 100 000, soit le double de la moyenne nationale. Deux régions isolées restent épargnées, l’Altaï en Sibérie et la Choukotka (extrême nord-est).

Début mars encore, M. Poutine revendiquait une situation sous contrôle et serrait les mains de ses invités. Les choses ont bien changé depuis. Il a reconnu lundi que le pic épidémique n’était pas atteint, que l’évolution n’allait « pas dans la meilleure direction ». « On a beaucoup de problèmes, il n’y a pas de quoi se vanter », a-t-il lâché. M. Poutine a ordonné de préparer « tous les scénarios, même les plus graves et les plus extraordinaires ». À ce titre, il a demandé à l’armée de se tenir prête pour intervenir.

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La Russie vise 95 000 lits réservés aux malades de la COVID-19 pour un budget de 33 milliards de roubles (environ 627 millions $CA). Mais les chiffres sont contradictoires quant au nombre de lits prêts : le ministère de la Santé avance 30 %, quand Mme Golikova l’estime déjà à près de 50 %, avec 45 000 lits. Le gouvernement affirme aussi disposer de 40 000 respirateurs, mais il n’a pas détaillé leur répartition sur le territoire ni leur état.

L’opposition, notamment le syndicat de médecins soutenu par la bête noire du Kremlin, Alexeï Navalny, n’a cessé de dénoncer la vétusté des installations hospitalières, le manque d’équipements et de moyens de protection comme les masques. M. Poutine a finalement reconnu lundi l’existence de telles pénuries, sans pour autant les chiffrer.



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