Gabriel Matzneff sera jugé en septembre 2021 pour apologie de pédophilie

L’écrivain français Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols sur mineurs, sera en outre jugé le 28 septembre 2021 pour apologie de crime à Paris devant une chambre du tribunal correctionnel spécialisée dans les affaires de presse et de liberté d’expression.
L’écrivain a été cité à comparaître par l’association de prévention de la pédophilie L’Ange bleu. Cette procédure permet à une victime de convoquer directement l’auteur présumé devant le tribunal, sans qu’une enquête préalable soit menée. C’est à la victime de collecter les preuves de culpabilité de l’auteur présumé des faits.
Dans sa citation à comparaître, que l’AFP a pu consulter, l’association évoque trois articles parus entre fin décembre et début janvier dans les hebdomadaires L’Obs et L’Express, ainsi que dans le quotidien Le Parisien, et accuse l’écrivain d’avoir fait l’apologie d’actes pédophiles « et précisément de crime de viol aggravé » en évoquant la relation qu’il a eue avec Vanessa Springora.
Cette dernière, éditrice, a publié début janvier un livre, Le consentement, dans lequel elle met en cause l’écrivain de 83 ans pour ses relations avec des mineurs.
Cette publication sur leur relation dans les années 1980, alors qu’elle n’avait pas encore 14 ans, a entraîné l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour « viols commis sur mineurs » de moins de 15 ans.
Perquisition chez Gallimard
Un appel à témoins pour retrouver d’autres victimes a été lancé mardi et une perquisition a eu lieu mercredi dans les locaux des Éditions Gallimard à Paris dans le cadre de cette enquête, a appris l’AFP de source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart.
Les enquêteurs recherchaient des passages écrits de l’écrivain ne figurant pas dans ses ouvrages publiés, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
Dans un entretien à l’ex-site Biffures en 2008, M. Matzneff déclarait avoir « autocensuré » des « passages » de ses écrits qui risquaient d’être « jugés spécialement scandaleux » et les avoir mis « en sécurité dans un coffre de banque ».
Selon Mediapart, ce coffre-fort a été « localisé » par les enquêteurs. Les enquêteurs s’étaient déjà rendus en janvier dans les locaux de Gallimard pour y chercher les ouvrages de Gabriel Matzneff.
Selon une source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart, ils s’intéressent aussi à Christian Giudicelli, son éditeur chez Gallimard et compagnon de voyage aux Philippines.
L’éditrice Vanessa Springora a été auditionnée par les policiers le 29 janvier, tout en ne voyant qu’une « portée symbolique » à cela à cause de la prescription des faits. Elle est à ce jour la seule femme à avoir témoigné publiquement parmi les adolescentes séduites par Gabriel Matzneff.