Cinq ans après, la France se souvient de l’attentat contre Charlie Hebdo

Cinq ans après, de sobres hommages ont été rendus mardi aux victimes des attaques de janvier 2015 en France, qui avaient notamment visé le magazine Charlie Hebdo et marqué le début d’une vague d’attentats djihadistes.
Entre le 7 et le 9 janvier 2015, 17 personnes sont mortes dans les attaques contre Charlie Hebdo, contre une policière à Montrouge, au sud de Paris, et un magasin de la chaîne Hyper Cacher.
Mardi matin, une centaine de personnes se sont rassemblées à Paris devant les anciens locaux de Charlie Hebdo où, à la même heure cinq ans plus tôt, les frères Saïd et Chérif Kouachi tuaient 11 personnes avant de prendre la fuite en criant « On a vengé le prophète Mohamed », qui avait été caricaturé dans le journal satirique.
Des figures emblématiques du journal, comme son directeur et dessinateur Charb, les caricaturistes Cabu, Wolinksi, Honoré et Tignous et l’économiste Bernard Maris, avaient été froidement abattues.
Leurs noms ainsi que ceux de la chroniqueuse et médecin psychiatre Elsa Cayat, du garde du corps de Charb, Franck Brinsolaro, du correcteur du journal Mustapha Ourrad et d’un visiteur de passage, Michel Renaud, ont été lus, devant leurs familles, plusieurs ministres et la mairesse de Paris Anne Hidalgo.

« Morts le feutre à la main »
Pour son numéro anniversaire sorti mardi, Charlie Hebdo dénonce les « nouveaux gourous de la pensée formatée », en titrant en une : « Nouvelles censures... Nouvelles dictatures. »
« On a dit qu’ils étaient morts le feutre à la main, et pour l’image romantique Tignous avait vraiment son feutre à la main, il ne l’a pas lâché », a rappelé sur la radio France Inter sa veuve Chloé Verlhac.
Dépôts de gerbe, minutes de silence, hymne national : le même rituel s’est répété boulevard Richard Lenoir, où le lieutenant de police Ahmed Merabet a été abattu par les frères Kouachi, puis devant le magasin Hyper Cacher, où Amédy Coulibaly a tué quatre juifs — Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab et François-Michel Saada — lors d’une prise d’otages deux jours après le carnage de Charlie.
Absent des cérémonies, le président français Emmanuel Macron a exprimé sur Twitter son émotion et sa solidarité avec les familles et les proches des victimes, évoquant « l’horreur terroriste et le crime antisémite » qui ont frappé la République et concluant par « Nous n’oublierons jamais ».
Ces cérémonies « sont importantes pour ne pas oublier », a déclaré Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, devant la supérette. Elles permettent aussi « de rester en état de vigilance face à ces maux qui attaquent la société française et les juifs de France. L’antisémitisme et le terrorisme islamiste sont encore omniprésents ».
Un hommage à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée à Montrouge, au sud de Paris, le 8 janvier 2015 par Amédy Coulibaly, est prévu mercredi, ainsi qu’une autre cérémonie d’hommage aux victimes de l’Hyper Cacher, organisée jeudi par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
2015, année funeste
Les attentats de janvier 2015 furent les premiers d’une longue série, encouragée par les appels du groupe djihadiste État islamique, qui a fait plus de 250 morts en France. La dernière victime en date est décédée vendredi après une attaque au couteau à Villejuif, au sud de Paris.
« Je n’ai jamais caché que la menace terroriste en France était élevée. L’oublier, ce serait une folie », a déclaré mardi le premier ministre Édouard Philippe sur la radio RTL.
« Sérieusement, quelles décisions nouvelles ont été prises depuis cinq ans en matière de lutte contre le terrorisme islamiste ? Quelles actions majeures depuis le massacre de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher ? AUCUNE », a tweeté la présidente du parti d’extrême droite Rassemblement national, Marine Le Pen.
Les 14 suspects soupçonnés d’avoir fourni un soutien logistique aux frères Kouachi et à Amédy Coulibaly seront jugés à Paris du 4 mai au 10 juillet devant une cour d’assises spéciale.