Ursula von der Leyen, première femme à la tête de la Commission européenne

L’Allemande Ursula von der Leyen, élue de justesse première femme à la tête de la Commission européenne, a appelé mardi tous les eurodéputés à travailler ensemble « de façon constructive ». « Mon message à vous tous est le suivant : travaillons ensemble de façon constructive, car il s’agit d’une Europe unie et forte », a dit Mme von der Leyen, après son élection lors d’un vote à bulletins secrets au Parlement européen de Strasbourg.
Avec 383 voix, l’actuelle ministre allemande de la Défense, candidate choisie par les États membres, a obtenu légèrement plus que la majorité absolue de 374 voix au Parlement européen, qui lui était nécessaire pour succéder en novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Interrogée sur sa très courte majorité, elle a déclaré : « Dans la démocratie, la majorité, c’est la majorité ». Il y a deux semaines « je n’avais pas encore de majorité, car on ne me connaissait pas. Il y avait beaucoup de ressentiment que je comprends concernant le processus du Spitzenkandidat », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse.
En proposant sa candidature surprise, les chefs d’État et de gouvernement ont en effet ignoré ce système qui fait des chefs de file élus par les familles politiques pour les élections européennes les prétendants à la présidence de la Commission. « Je suis extrêmement heureuse qu’en 13 jours » on ait pu trouver cette majorité européenne ; « c’est une bonne base pour commencer », a-t-elle dit.
Angela Merkel a félicité Ursula von der Leyen, une Européenne « convaincue et convaincante », pour son élection, se réjouissant qu’une Allemande prenne la tête de l’exécutif européen. « Elle va maintenant s’attaquer avec beaucoup de vigueur aux défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu’Union européenne », a poursuivi Mme Merkel. « Même si je perds aujourd’hui une ministre de longue date, je gagne une nouvelle partenaire à Bruxelles. Je me réjouis donc d’une bonne coopération ».
Pendant quatre heures mardi matin, Ursula von der Leyen avait tenté un ultime effort pour convaincre les eurodéputés, en mettant notamment l’accent sur ses engagements en faveur du climat. Cette médecin de formation de 60 ans, mère de sept enfants, avait promis en ouverture de son discours un « green deal » (« pacte vert ») pour l’UE dès les 100 premiers jours de son mandat. S’exprimant avec aisance en français, en allemand et en anglais, Ursula von der Leyen avait aussi confirmé son soutien à la neutralité carbone en 2050 qui sera inscrite dans la « première loi européenne sur le climat » et a soutenu un objectif plus ambitieux de réduction des émissions CO2 de 50 % en 2030, voire de 55 %.
Elle avait également promis une commission paritaire, un droit d’asile plus uniforme, la reconnaissance du droit d’initiative du Parlement pour des textes de loi — actuellement réservé à la seule Commission —, une convention pour l’avenir de l’Europe et un système de réassurance chômage européen pour aider les pays en crise.
Elle était la seule personnalité à avoir siégé dans les quatre gouvernements de la chancelière allemande (2005-2019) Angela Merkel.