Pedro Sanchez renoue le dialogue avec les séparatistes catalans

Après des semaines de tensions, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a renoué un dialogue « effectif » jeudi avec le gouvernement séparatiste catalan, à la veille d’une réunion de son gouvernement délocalisée à Barcelone sous haute protection policière.
Pour la première fois depuis juillet, le socialiste a rencontré le président régional indépendantiste Quim Torra à Barcelone.
Un entretien à l’issue duquel un inhabituel communiqué commun a été publié, dans lequel le gouvernement central et le gouvernement catalan ont affirmé leur « pari d’un dialogue effectif qui véhicule une proposition politique comptant sur un large appui au sein de la société catalane ». Avec l’objectif de « garantir une solution » à la crise catalane.
Diamétralement opposés sur la question de l’autodétermination de la riche région du nord-est, ils ont toutefois réaffirmé leurs « divergences notables sur l’origine, la nature et les voies de résolution » du « conflit ».
Selon la porte-parole de l’exécutif catalan, Elsa Artadi, une nouvelle rencontre pourrait intervenir dès le mois de janvier.
La rencontre entre MM. Sanchez et Torra a immédiatement suscité les plus vives condamnations à droite, le chef de Ciudadanos, Albert Rivera, parlant d’« irresponsabilité historique » et d’« humiliation ». « Sanchez traite un suprémaciste qui encourage la violence et veut détruire l’Espagne comme un chef d’État », a-t-il ajouté sur Twitter.
Investi à la tête du gouvernement début juin notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé son mandat avec la volonté de renouer le dialogue, huit mois après la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017.
Mais le ton s’était durci ces dernières semaines entre les deux parties.
Les indépendantistes, sans qui M. Sanchez n’a pas de majorité au Parlement, avaient ainsi annoncé qu’ils ne voteraient pas le budget après les lourdes réquisitions du parquet espagnol début novembre à l’encontre de leurs dirigeants devant être jugés début 2019 pour leur rôle dans la tentative de sécession.
Et le chef du gouvernement, échaudé par le succès de l’extrême droite à l’élection régionale début décembre en Andalousie, notamment grâce à son discours anti-indépendantiste, avait tenu des propos très virulents contre les séparatistes la semaine dernière en les accusant de « ne plus avoir que le mensonge pour soutenir leurs positions politiques ».
Premier signe d’un réchauffement des relations, les deux partis indépendantistes présents au Parlement espagnol avaient voté plus tôt jeudi l’objectif de déficit nécessaire pour préparer le budget de l’État.
Ils ont toutefois précisé que ce « geste » — symbolique, car le Sénat contrôlé par la droite va quant à lui le refuser de nouveau — ne signifiait pas qu’ils voteraient le budget. En cas de rejet de ce dernier, Pedro Sanchez pourrait se voir contraint de convoquer des législatives anticipées.
Appels à manifester
Considéré comme une « provocation » par nombre d’indépendantistes, le déplacement de Pedro Sanchez et de ses ministres à Barcelone pour y tenir leur réunion hebdomadaire vendredi matin mobilise un dispositif de sécurité exceptionnel face aux nombreuses manifestations prévues.
Des actions coups-de-poing des militants radicaux des CDR (Comités de défense de la République) pour bloquer des routes et d’autres infrastructures sont craintes par les autorités vendredi.
« Le 21 décembre, nous serons ingouvernables », ont lancé ces militants, qui ont brièvement coupé jeudi soir une des principales avenues de Barcelone, sur leur compte Twitter.
La puissance association indépendantiste ANC a quant à elle appelé ses militants à bloquer vendredi Barcelone avec leurs véhicules et une manifestation est prévue en soirée.