Theresa May obtient l’appui de son cabinet

«La décision collective du cabinet est que le gouvernement doit approuver le projet d’accord […] C’est un pas décisif qui va nous permettre d’avancer [...]», a brièvement déclaré Theresa May aux médias devant sa résidence officielle du 10 Downing Street.
Photo: Ben Stansall Agence France-Presse «La décision collective du cabinet est que le gouvernement doit approuver le projet d’accord […] C’est un pas décisif qui va nous permettre d’avancer [...]», a brièvement déclaré Theresa May aux médias devant sa résidence officielle du 10 Downing Street.

À l’issue d’une longue lutte, la première ministre britannique a finalement obtenu l’appui des membres de son cabinet mercredi pour aller de l’avant dans le processus du Brexit. Mais loin d’avoir le champ libre, Theresa May doit désormais convaincre le Parlement de voter pour son projet de sortie de l’Union européenne (UE). Une étape cruciale qui ne semble pas gagnée d’avance.

« Une majorité du Parlement doit soutenir l’accord pour que le processus du Brexit se poursuive, ce qui ne semble pas bien parti. Les commentaires des différents partis ne semblent pas faire consensus », prévient la professeure au Département de sciences politiques de l’Université de Montréal Laurie Beaudonnet.

Le suspense était déjà à son comble mercredi au moment où la première ministre rencontrait les membres de son Conseil des ministres. Il aura fallu pas moins de cinq heures de débat « passionné » pour arriver à une entente sur la version préliminaire de l’accord du Brexit conclu mardi avec Bruxelles. Après un an et demi de négociations avec l’Union européenne, le gouvernement du Royaume-Uni vient de faire un grand pas en avant.

« La décision collective du cabinet est que le gouvernement doit approuver le projet d’accord […] C’est un pas décisif qui va nous permettre d’avancer et de finaliser l’accord dans les jours qui viennent », a brièvement déclaré Mme May aux médias devant sa résidence officielle du 10 Downing Street, se gardant d’entrer dans les détails.

Dans le même temps, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a pour la première fois commenté publiquement l’accord conclu la veille entre les deux parties, les Européens s’étant abstenus jusqu’alors de tout commentaire officiel sur les conditions du divorce. « Quel est mon sentiment aujourd’hui ? Sûrement pas de l’autosatisfaction […] Mais nous avons beaucoup et bien travaillé », a-t-il déclaré mercredi.

Bruxelles et Londres ont fait des « progrès décisifs » dans les négociations sur le Brexit, selon lui, ce qui ouvre la voie à la conclusion d’un accord et à un « retrait ordonné » du Royaume-Uni le 29 mars 2019.

« Les choix que nous avions à faire étaient difficiles, en particulier en ce qui concerne l’Irlande du Nord », a pour sa part souligné la dirigeante britannique. La gestion de la frontière entre l’Irlande du Nord britannique et la République d’Irlande voisine, qui demeurera membre de l’UE, restait le sujet épineux des négociations.

Un « filet de sécurité », destiné à ne s’appliquer qu’en dernier recours, a donc été prévu. Il contraint le Royaume-Uni à rester dans une union douanière avec l’UE jusqu’à ce qu’un nouvel accord de libre-échange soit négocié de façon permanente.

Pour Mme May, le projet sur la table est « le meilleur qui pouvait être négocié ». « Je sais que des jours difficiles nous attendent et que l’accord sera examiné à la loupe », a-t-elle reconnu.

Encore des obstacles

 

D’ici le 29 mars, plusieurs obstacles se retrouveront sur le chemin du Brexit. La première ministre aura notamment la lourde tâche de convaincre le Parlement britannique, d’ici Noël, d’appuyer l’accord de divorce. Mme May n’y dispose que d’une très courte majorité, son Parti conservateur est profondément divisé sur le sujet et le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les 10 députés sont un appoint indispensable, rue dans les brancards.

Partisans et opposants du Brexit craignent que le filet de sécurité prévu dans l’entente ne limite le Royaume-Uni à se plier aux règles de l’UE pendant des années, sans avoir son mot à dire.

Du côté des défenseurs d’un Brexit dur, Boris Johnson estime que l’accord ferait du Royaume-Uni un « État vassal » de l’UE.

Si le Parlement rejette l’accord, Mme May sera perdante sur toute la ligne, d’après Laurie Beaudonnet. « Il y a beaucoup plus en jeu que le Brexit. Theresa May pourrait perdre sa crédibilité — et celle de son parti —, et surtout son poste de première ministre. Un désaccord entraînerait de nouvelles élections législatives », note-t-elle.

Les prochaines étapes à franchir

Après l’aval donné par le Conseil des ministres à l’accord de divorce conclu avec Bruxelles, d’autres étapes sont à venir.

15 novembre Les ambassadeurs des 27 pays membres de l’UE devraient se réunir pour discuter du projet d’accord.

25 novembre Convocation « probable » d’un sommet extraordinaire de l’UE pour approuver le projet d’accord.

Décembre Examen et vote du projet d’accord par le Parlement britannique avant Noël ; sommet européen les 14 et 15 décembre.

21 et 22 mars Nouveau sommet européen, le dernier pour le Royaume-Uni.

29 mars Le Royaume-Uni quitte l’UE. Commence alors le début de la période de transition envisagée jusqu’au 31 décembre, durant laquelle Londres devra continuer de respecter les règles européennes sans pouvoir prendre part aux décisions.

1er janvier Entrée en vigueur du ou des traités sur la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE, qui devront avoir été validés par l’ensemble des parlements nationaux de l’UE.

Avec l'Agence France-Presse

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