L’OMS recule sur la taxation des boissons sucrées

En 2016, l’agence de santé des Nations unies a exhorté les pays à taxer les boissons sucrées comme les sodas et les boissons pour sportifs afin de lutter contre l’obésité et le diabète.
Photo: Paul Ellis Agence France-Presse En 2016, l’agence de santé des Nations unies a exhorté les pays à taxer les boissons sucrées comme les sodas et les boissons pour sportifs afin de lutter contre l’obésité et le diabète.

Genève, Suisse — Un panel indépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se distance de l’appel lancé il y a deux ans par l’agence onusienne en faveur d’une taxation des boissons sucrées, dans un nouveau rapport sur des maladies comme le cancer, l’obésité et le diabète que plusieurs experts estiment « ostensiblement mou ».

Les experts internationaux de la santé ont déclaré que la décision était particulièrement déconcertante, compte tenu de la crise croissante de l’obésité dans le monde et des précédentes tentatives de l’OMS pour réduire la consommation de sucre.

En 2016, l’agence de santé des Nations unies a exhorté les pays à taxer les boissons sucrées comme les sodas et les boissons pour sportifs afin de lutter contre l’obésité et le diabète. À l’époque, elle déclarait qu’une augmentation de 20 % du prix de ces boissons en réduirait considérablement la consommation.

Mais dans un rapport publié vendredi, bien que l’OMS recommande des taxes sur le tabac et l’alcool, on note que les experts abandonnent toute recommandation visant à taxer les boissons sucrées. Les experts ont plutôt écrit, au sujet de la taxation du sucre, que « certains points de vue étaient contradictoires et ne pouvaient être résolus ».

La docteure Sania Nishtar, coprésidente de la commission indépendante sur les maladies non transmissibles récemment créée, a déclaré que la plupart des 26 membres de l’OMS étaient en faveur d’une taxe sur les boissons sucrées. Mais un commissaire — qu’elle n’a pas nommé — a entravé la rédaction d’un libellé plus fort, principalement sur l’efficacité de la taxe sur le sucre qui a été introduite dans certains pays.

Jack Winkler, un professeur émérite de politique de la nutrition à la London Metropolitan University, a déclaré qu’il existe maintenant des preuves convaincantes que la taxation des boissons sucrées fonctionne, citant, entre autres travaux, un article récent du journal médical The BMJ.

Il a déclaré que la reconnaissance par l’OMS de la lenteur des progrès dans la lutte contre l’obésité rend particulièrement déplorable son refus d’appuyer purement et simplement les taxes sur le sucre.

« Quand l’OMS n’appuie pas une solution pratique qui amasse aussi de l’argent, c’est particulièrement absurde », a-t-il déclaré.

Martin McKee, un professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a déclaré que l’incapacité de la commission de l’OMS à en arriver à un accord sur les taxes sur le sucre était « difficile à comprendre ».

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