Présidentielle française: les Français de Montréal se réjouissent du résultat

Cris de joie et applaudissements ont fusé dimanche après-midi dans le bar du Plateau-Mont-Royal où étaient rassemblés les partisans montréalais du nouveau président de la République, Emmanuel Macron.
Samedi, les Français de Montréal ont voté à près de 91 % pour le candidat d’En marche ! Le taux de participation de ce deuxième tour était de 42 %.
Les électeurs sur place se sont dits soulagés et heureux de cette victoire obtenue avec 65 % des voix dans l’ensemble du pays. « Ça envoie un très beau message pour les prochaines années », a lancé un électeur de Macron, Laurent Bonnefoy, entre deux accolades à d’autres partisans.
« Les gens se sont mobilisés, ils sont allés voter — même s’ils n’étaient pas tous d’accord — pour faire barrage au Front national. Ça montre qu’on a de belles valeurs en France et qu’on les défend », a déclaré une électrice, Estelle.
Bien qu’elle se soit abstenue de voter au deuxième tour, car elle ne souscrit à aucun des partis qui étaient en lice, une autre Française de Montréal, Karina, a tenu à être présente au rassemblement organisé par le mouvement En marche ! Montréal. « C’est mieux que ce soit Macron que Le Pen », a dit la partisane du candidat déchu Jean-Luc Mélenchon.
« Ç’a été une campagne très violente, qui a révélé de vraies fractures. Maintenant le défi est grand, mais j’ai confiance en cet homme, qui a montré une incroyable capacité à rassembler, à être positif et à oeuvrer pour la jeunesse », a pour sa part déclaré Nathalie Frank, une électrice de Macron, qui souhaite que le nouveau président de la République réussisse à « renouveler avec le vivre-ensemble, comme on sait le faire à Montréal ».
Selon l’organisateur du mouvement En marche ! Montréal, Christopher Weissberg, le résultat de l’élection est très satisfaisant compte tenu de la campagne « très dure et virulente » qui a été menée. « C’est la preuve qu’il a fait une magnifique campagne et qu’il peut en être fier », a-t-il déclaré, félicitant au passage les Français de Montréal qui « ont largement participé à ce succès » en attendant des heures devant leurs bureaux de vote.
L’avenir de Lescure
Le militant Roland Lescure était tout aussi heureux du résultat du vote, lui qui a quitté son poste à la vice-présidence de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour se consacrer à la campagne de Macron à Montréal. « Ce n’était pas une élection acquise, beaucoup de gens ont travaillé d’arrache-pied jour et nuit pour cette campagne », a-t-il déclaré.
Sans préciser ce que l’avenir lui réserve, M. Lescure a tout de même mentionné qu’il n’a pas « fait le saut pour trois semaines ou trois mois ». Pour l’instant, il se concentrera sur les élections législatives, qui auront lieu en juin, dit-il. « Si je peux aider en France, je le ferai aussi avec plaisir », a-t-il ajouté.

Le score de 65 % est au-delà des attentes de M. Lescure, même s’il signifie une avancée pour le Front national (FN) de Marine Le Pen. « Maintenant, on a cinq ans pour faire régresser Le Pen et rendre la France plus forte », a-t-il dit.
De vives huées ont d’ailleurs été lancées dans le bar lors du discours de la candidate défaite. Celle-ci a tout de même recueilli près de 10 % des voix à Montréal, dont celle de Kevin Boucher, un électeur rencontré au lieu du vote samedi. « Je vote pour elle pour le changement, a-t-il affirmé. Macron, c’est le gouvernement actuel en continuité. »
Joint au téléphone à New York, le candidat du FN pour la circonscription d’Amérique du Nord s’est dit déçu de sa défaite, mais encouragé par le progrès de son parti, qui n’a jamais connu de score aussi élevé. « On a perdu une bataille, mais on n’a pas perdu la guerre », a résumé Denis Franceskin.
« Ce soir, c’est l’euphorie Macron, mais la réalité revient très vite. Les gens qui n’ont pas de boulot n’auront toujours pas de boulot », a-t-il poursuivi, prévoyant que les électeurs « qui pensaient voter contre l’extrême, contre le grand méchant loup » auront tôt ou tard « la gueule de bois ».
Cela dit, M. Franceskin est très encouragé par la progression de son parti. « Le FN est en train de muter vers un parti d’opposition concret qui va lui permettre de rassembler le maximum d’électeurs », a-t-il avancé.
En ce qui concerne le faible résultat de son parti à Montréal, le candidat ne semble aucunement surpris. « C’est typique de Montréal et du Canada, très à gauche. Ce n’est pas une circonscription facile à gagner pour le FN, mais c’est le début d’un gros changement. »
