Primaire de la droite en France: l’ex-premier ministre Fillon en tête

L’ancien premier ministre français François Fillon étaient en tête dans les premiers résultats.
Photo: Martin Bureau Agence France-Presse L’ancien premier ministre français François Fillon étaient en tête dans les premiers résultats.

L’ex-premier ministre François Fillon est arrivé largement en tête au premier tour de la primaire de la droite française, devant l’ex-président Nicolas Sarkozy qui a annoncé son retrait de la vie politique. 

François Fillon a recueilli 43,5 % des suffrages et Nicolas Sarkozy seulement 22,1 %, derrière un autre de ses ministres, Alain Juppé (27,6 %), selon ces résultats qui portent sur près de deux tiers des bureaux de vote.

Ces trois candidats distancent très largement leurs quatre autres concurrents, dont une femme, tous estimés au maximum à 3 %.

Sarkozy se retire de la vie politique 

L’ancien chef de l’État (2007-2012), qui avait mené une campagne très à droite,
 a reconnu son élimination dès le premier tour de la primaire de la droite, qui signe son échec à reconquérir le pouvoir en 2017. 

« Il est temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique », a-t-il déclaré dans une brève allocution, prenant acte de « la volonté des électeurs de choisir pour l’avenir d’autres responsables politiques ».

Il a indiqué qu’il voterait pour son ancien premier ministre François Fillon, au second tour du scrutin dimanche prochain, et a appelé ses supporteurs à « ne jamais emprunter la voie des extrêmes ».

«J’ai beaucoup d’estime pour Alain Juppé mais les choix politiques de François Fillon me sont plus proches»,
a-t-il expliqué en référence au programme libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions sociales de son ancien chef de gouvernement.

 

Nicolas Sarkozy, 61 ans, qui a mené une campagne très à droite, se posant en candidat « de la majorité silencieuse » contre les élites, a appelé ses supporteurs à « ne jamais emprunter la voie des extrêmes » en allusion au parti d’extrême droite Front national (FN).

 

Personnalité très clivante, Nicolas Sarkozy suscite l’adoration des uns, mais un fort rejet chez de nombreux autres. Son positionnement à droite toute et son style combattif, jugé fébrile par ses détracteurs, a suscité un front « tous sauf Sarko » dès la campagne présidentielle de 2012, qu’il avait perdue face au socialiste François Hollande.

 

Cinq ans plus tard, il voulait prendre sa revanche, mais l’effet « blast » qu’il avait annoncé n’a pas eu lieu. 
 


Photo: Ian Langsdon Agence France-Presse

Vers la présidentielle de 2017 

Compte-tenu de son impopularité et de ses divisions, la gauche au pouvoir risque d’être éliminée dès le premier tour en avril 2017. Le duel final pourrait donc, selon les sondages, se jouer entre le candidat de la droite, sorti de cette primaire, et Marine Le Pen, la chef de l’extrême droite.

Cette configuration a probablement poussé les électeurs de gauche à se déplacer dimanche pour donner leur avis — leurs voix représenteraient 15 % des votes exprimés dimanche, selon des estimations données par la télévision BFM.

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, 71 ans, a longtemps été donné favori par les sondeurs. Ancien premier ministre de Jacques Chirac entre 1995 et 1997, il a mené bataille sur une ligne pondérée, refusant de « courir » derrière le Front national (FN) de Marine Le Pen ou de « dresser le peuple contre les élites ». Ses détracteurs ont critiqué sa « campagne plan-plan, un peu provinciale », au fort goût de « tisane ».

Mais c'est finalement François Fillon, 62 ans, qui fut le discret premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012), qui a convaincu.

«Un homme discret»

Longtemps marginalisé par le duel annoncé Juppé-Sarkozy, cet homme discret et austère a déjoué les pronostics, au terme d’une fulgurante progression dans les sondages ces derniers jours.

Ce catholique, père de cinq enfants, porte un projet très libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions de société. Il propose notamment de supprimer un demi-million de postes de fonctionnaires et d’amender la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels.

« Je pensais accorder mon vote par anti-sarkozysme à Alain Juppé mais j’ai changé et décidé de voter pour François Fillon, je me suis plus retrouvé dans sa démarche », expliquait Gérard, électeur lyonnais (centre-est) de 65 ans.

L’annonce des premiers résultats partiels a été accueillie par une explosion de joie au bar Le Dauphine, à Paris, quartier général de François Fillon, qui attend les résultats chez lui. « Fillon, Fillon, Fillon », « Fillon président !!», scandaient militants et sympathisants. Les résultats complets sont attendus dans la nuit.

 

 

Participation

La première primaire de la droite a été marquée par une forte mobilisation des électeurs, avec 3,9 à 4,3 millions de participants selon une projection faite à la fermeture des bureaux de vote. Les organisateurs de la primaire ont salué « une formidable participation ».

« Les gens savent que c’est important car le candidat qui sera choisi aura des chances d’être élu en 2017 », a expliqué à l’AFP la présidente d’un bureau de vote à Nice, Madi Latil.

Pour participer à cette primaire, il fallait signer une charte engageant à partager les valeurs « de la droite et du centre » et verser deux euros. L’importante mobilisation était donc une bonne nouvelle pour le parti, dont les finances sont exsangues.


Une fois les deux finalistes connus, s’engagera le processus de ralliement, tous les candidats ayant promis de faire connaître leur favori pour le second tour, prévu dimanche prochain.
 

Avant même les résultats définitifs, le processus de ralliement s’est engagé. L’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a appelé à voter François Fillon au second tour de la primaire, prévu dimanche prochain.

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