Vifs échanges sur la laïcité et l’identité lors du premier débat

Nicolas Sarkozy n’est probablement pas parvenu à combler l’écart qui le sépare du favori, Alain Juppé.
Photo: Martin Bureau Agence France-Presse Nicolas Sarkozy n’est probablement pas parvenu à combler l’écart qui le sépare du favori, Alain Juppé.

Dans un débat courtois de plus de deux heures, les sept candidats à la primaire de la droite se sont affrontés jeudi soir en direct à la télévision française. De l’économie à la sécurité en passant par l’immigration, tous les grands thèmes de la politique française ont été passés en revue. Comme les programmes économiques des candidats ne divergent pas radicalement, c’est surtout sur les questions d’identité et de laïcité que les débats ont été les plus vifs.

Si les observateurs ont eu de la difficulté à désigner un gagnant, il n’était pas difficile de constater que c’est Nicolas Sarkozy, dont la campagne est en perte de vitesse depuis deux semaines, qui a dû essuyer la plupart des coups de ses anciens ministres et collaborateurs. « J’avais comme des millions de Français espéré en la rupture que proposait Nicolas Sarkozy. […] Cette rupture, on ne l’a pas faite », a déclaré Jean-François Copé.

Sarkozy sur la défensive

 

Nerveux et agité, l’ancien président, qui a dû s’expliquer sur ses mises en examen, n’est probablement pas parvenu à combler l’écart croissant qui le sépare du favori, Alain Juppé. Soucieux de conserver son avance, ce dernier n’est guère sorti de ses retranchements, même si un sondage réalisé le soir même pour BFMTV le désignait comme le plus convaincant. Tous deux sont restés impassibles lorsque la seule femme candidate, Nathalie Kosciusko-Morizet, a lancé : « Le recyclage, ça marche pour les déchets, pas pour les idées. »

Les candidats n’ont pas manqué de dénoncer d’un commun accord les surprenantes confidences faites par le président dans le livre des journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Un président ne devrait pas dire ça..., où François Hollande dénigre notamment la magistrature. « Je me demande jusqu’où François Hollande va salir et détruire la fonction présidentielle », a jugé Nicolas Sarkozy.

Sécurité

 

Baisse de charges, suppression des 35 heures, libéralisation des licenciements, réforme du Code du travail : les candidats ne se sont guère distingués en matière économique. Ils ont cependant redoublé de propositions pour assurer la sécurité du pays. Bruno Le Maire a proposé l’expulsion de tous les étrangers fichés par les services de sécurité. Nicolas Sarkozy veut, lui, assigner à résidence les plus dangereux, ce qui ferait plusieurs centaines de personnes. Alain Juppé souhaite aussi permettre l’internement des plus dangereux, sous l’autorité d’un juge, précise-t-il. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, elle veut carrément « interdire le salafisme ». Seul François Fillon a refusé ces mesures radicales, estimant que les lois actuelles permettaient « la mise en détention des suspects qui ont des rapports avec l’ennemi ».

Laïcité

 

C’est sur la laïcité que le débat fut le plus animé. Bruno Lemaire veut, par exemple, interdire le port du voile islamique à l’université et revoir les relations de la France avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Jean-François Copé propose de mettre fin au financement par les pays arabes des mosquées. Pour François Fillon, qui vient de publier un livre sur le sujet, les problèmes de la laïcité sont circonscrits à l’islam à cause de la montée d’un « totalitarisme islamique ». « Ce problème a existé dans le passé avec les autres communautés, mais il a été réglé depuis. » Pratiquement inconnu des électeurs, le démocrate chrétien Jean-Frédéric Poisson a estimé, lui, que l’islam posait un véritable problème à la France. « Les références de l’islam ne sont pas compatibles avec les valeurs de la République », tranche-t-il.

Les prochains débats auront lieu les 3 et 17 novembre.

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