La traque à l’«homme au chapeau» est relancée en Belgique

Sa trace a été perdue le 22 mars : la justice belge a diffusé jeudi de nouvelles images et fait appel au public pour retrouver le troisième assaillant de l’aéroport de Zaventem, le mystérieux « homme au chapeau » des attentats de Bruxelles.
Après plus de deux semaines de traque sans résultats depuis ces tueries dans lesquelles 32 personnes ont trouvé la mort, le parquet fédéral belge souhaite à nouveau « faire un appel à la population », a annoncé un porte-parole, Thierry Werts.
Les magistrats ont détaillé, à l’aide d’un clip vidéo, le parcours du suspect de sa sortie de l’aérogare jusqu’à ce que sa trace se perde dans Bruxelles environ deux heures plus tard. On le voit parfois courir, parfois marcher. Il semble à un moment tenir un portable à l’oreille.
Après les deux explosions à l’aéroport international de Bruxelles, l’homme, pantalon foncé, chaussures brunes et veste claire, sort du site de l’aérogare. Il traverse à pied la commune de Zaventem où il se débarrasse de sa veste. Repéré par des caméras de vidéosurveillance à 8 h 50, 9 h 42, 9 h 49, la dernière le filme à 9 h 50.
« La veste pourrait donner de précieux renseignements si elle était retrouvée », souligne l’avis de recherche. Un premier avis avait été diffusé le 22 mars, mais depuis l’enquête piétine. Seule certitude, les trois kamikazes — Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui à l’aéroport, Khalid El Bakraoui dans le métro bruxellois — sont directement liés aux commandos responsables des attentats qui avaient fait 130 morts et des centaines de blessés le 13 novembre à Paris.
Abdeslam
Et notamment au suspect clé Salah Abdeslam, logisticien présumé du carnage parisien, arrêté le 18 mars à Bruxelles après plus de quatre mois de cavale au nez et à la barbe des autorités belges.
Ce dernier, dont la remise à la France était considérée comme imminente, ne sera pas transféré « avant plusieurs semaines », a assuré jeudi son avocat, Sven Mary. La justice belge souhaite l’entendre au moins dans l’enquête sur une fusillade survenue dans la commune bruxelloise de Forest trois jours avant son arrestation, quand une perquisition avait dégénéré.
Autre lien entre les tueries de Paris et de Bruxelles, les frères El Bakraoui sont soupçonnés d’avoir loué des planques en Belgique pour les assaillants du 13 novembre. Quant à Najim Laachraoui, il est considéré comme l’artificier de la cellule qui a perpétré les tueries.
Deux hommes sont par ailleurs toujours recherchés. L’un est seulement connu sous la fausse identité de Naïm Al Hamed. Selon une source proche de l’enquête, ses empreintes ont été retrouvées dans l’appartement de Bruxelles d’où étaient partis les auteurs des attentats à l’aéroport, et où 15 kilos d’explosifs ont notamment été découverts. Ces empreintes ont révélé qu’il s’était mêlé au flot des migrants passés par l’île grecque de Leros le 20 septembre dernier.
L’autre est un homme ayant parlé avec Khalid El Bakraoui dans le métro, peu avant l’attentat-suicide. Rien ne démontre toutefois pour le moment qu’il pourrait avoir été en lien avec les membres du commando de Bruxelles.
Les différentes investigations se poursuivent et la justice belge a prolongé jeudi la détention provisoire de trois individus qui, selon une source proche de l’enquête, font partie de l’entourage des frères El Bakraoui, ainsi que de plusieurs autres inculpés dans les enquêtes sur les attentats du 13 novembre et du 22 mars.
Selon le ministère belge de la Santé publique, 57 personnes blessées à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro de Maelbeek sont toujours hospitalisées, et 28 sont en soins intensifs.
Hasard du calendrier, la commission d’enquête parlementaire française sur les attentats de Paris a rencontré jeudi à Bruxelles des responsables belges et européens dans la lutte antiterroriste.
« Il est important de progresser sur la coopération » entre la France et la Belgique, notamment « en matière d’échange de renseignements » et d’« harmonisation de nos politiques pénales », a relevé son président, Georges Fenech (Les Républicains, opposition), au cours d’une conférence de presse.
Les députés français doivent se rendre vendredi matin dans la commune sensible de Molenbeek, où Salah Abdeslam a été capturé le 18 mars et d’où étaient originaires plusieurs membres des commandos de Paris.