La Hongrie appelée à cesser ses pratiques anti-migrants

Genève — Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), le Conseil de l’Europe et le bureau des droits de l’Homme de l’OSCE ont appelé lundi la Hongrie à mettre fin aux politiques favorisant la « xénophobie » à l’encontre des réfugiés et migrants.

Dans un appel conjoint, les trois organismes ont exhorté la Hongrie à stopper les « politiques et pratiques qui promeuvent l’intolérance, la peur et diffusent la xénophobie à l’encontre des réfugiés et migrants ». Ils appellent les dirigeants hongrois à adopter un « véritable esprit d’humanité en aidant ceux qui ont été forcés de quitter leur pays contre leur propre volonté et qui sont actuellement en quête de sécurité en Europe ».

Le gouvernement hongrois a lancé en décembre une campagne publique qui assimile « ceux qui fuient la guerre et les conflits à des criminels, des envahisseurs et des terroristes », dénoncent le HCR, le Conseil de l’Europe et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’Homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Cette campagne d’affichage de deux mois, également reprise dans la presse, n’est pas la première du genre en Hongrie, déplorent les organismes onusien et européens.

Ils demandent à la Hongrie de contribuer aux efforts conjoints mis en oeuvre pour accueillir les centaines de milliers de réfugiés et migrants qui arrivent en Europe, essentiellement après avoir fui la guerre en Syrie.

La Hongrie, tenante d’une ligne dure contre les migrants, a érigé une clôture barbelée à ses frontières serbe et croate et s’oppose au plan de répartition de 160 000 réfugiés décidé par l’UE cet automne.

Quotas et menaces

 

Le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó a réagi aux critiques selon lesquelles « la Hongrie sème la peur et la xénophobie ». « Ce n’est pas vrai », a-t-il affirmé dans une déclaration à l’agence hongroise MTI.

Selon le ministre, « la Hongrie parle de la réalité […] elle offre comme avant la protection à ceux qui en ont vraiment besoin. Mais elle ne peut pas accueillir des dizaines ou des centaines de milliers de migrants économiques. »

« Nous n’avons par ailleurs jamais affirmé que tous les migrants étaient terroristes, mais qu’avec le flux incontrôlé des migrants, la menace terroriste augmente en Europe », a ajouté le ministre.

Les messages de la nouvelle campagne du gouvernement affirment notamment : « les quotas augmentent la menace terroriste ! », « un immigré illégal arrive en Europe toutes les douze secondes en moyenne », « nous ne savons pas combien de terroristes se cachent parmi eux ».

La fuite à l’étranger de Syriens, mais aussi d’Irakiens, a provoqué une crise majeure dans la région et la plus grave crise migratoire que l’Europe ait connue depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, avec l’arrivée depuis janvier, par la Méditerranée, de près de 970 000 migrants sur le Vieux Continent, d’après les chiffres actualisés du HCR.

La très grande majorité d’entre eux — plus de 814 000 — est passée par la Grèce et ses îles de la mer Égée. 3625 sont mortes ou portées disparues cette année.

Des bijoux convoités…

Copenhague — Un parti danois eurosceptique et anti-immigration a défendu le projet controversé du gouvernement de confisquer bijoux et autres effets de valeur aux migrants pour financer leur accueil, une mesure visant selon lui à juguler leur flux.

Le gouvernement danois avait défendu vendredi cette mesure — prévue dans le cadre d’un projet de loi devant être débattu au Parlement en janvier —, qui a été qualifiée par ses opposants de dérive autoritaire rappelant la spoliation des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Pour Martin Henriksen, porte-parole du parti populaire (Dansk Folkeparti, DF) sur les questions migratoires, « c’est le signal qui compte. En gros, on dit : Si vous voulez venir en Europe, vous devez éviter le Danemark ». Soutien du gouvernement minoritaire au Parlement, DF revendique être à l’origine du projet même s’il ne l’a pas formellement présenté.

Pour Imran Shah, représentant de la Société Islamique du Danemark, leur stratégie est évidente : « Le parti continue d’essayer de repousser les limites du possible pour former à l’avenir une société d’apartheid », a-t-il réagi.

M. Henriksen se défend d’avoir de mauvaises intentions : « C’est juste une petite proposition […] dans le but de protéger notre démocratie, notre pays et notre culture ».

Le projet de loi s’inscrit dans le cadre d’un resserrement des conditions d’accueil des migrants dans le royaume scandinave. Il prévoit d’autoriser la fouille des bagages des migrants et de confisquer tout objet de valeur ou argent liquide au-delà de 3000 couronnes danoises (environ 600 dollars). Alliances, montres et téléphones portables ne sont pas concernés par cette mesure.


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