Le Parlement européen semonce la Hongrie
Strasbourg — Le Parlement européen a adopté mercredi une résolution demandant de surveiller les menaces pesant sur l’état de droit en Hongrie, sans toutefois réclamer de sanctions contre le gouvernement du premier ministre populiste, Viktor Orban.
La résolution, adoptée par 327 voix contre 293 (et 61 abstentions), a été amputée lors du vote de deux paragraphes faisant référence à l’article 7 du traité de l’UE, qui autorise le Conseil européen à suspendre certains droits, comme le droit de vote, lorsqu’un État membre commet des « violations grave » des valeurs de l’Union.
Dans le texte adopté, les députés se disent « sérieusement préoccupés » par une série de mesures législatives adoptées ces derniers mois, notamment celles qui ont rendu très difficile l’accès à une protection internationale pour les réfugiés, les migrants et les demandeurs d’asile et les ont arbitrairement assimilés à « des criminels ». Les députés constatent que ces dernières mesures s’ajoutent à d’autres prises précédemment, contribuant à « une détérioration systémique dans la primauté du droit et les droits fondamentaux ».
Xénophobie
La résolution pointe également une « rhétorique xénophobe établissant un lien entre les migrants et les problèmes sociaux ou les risques pour la sécurité ». Les parlementaires font part de leur inquiétude particulière pour les droits des minorités, comme les Roms et les juifs, ainsi que pour l’indépendance du système judiciaire.
Le Parlement avertit que l’incapacité de l’UE à agir face à la situation en Hongrie pourrait contribuer à l’émergence de développements comparables dans d’autres États membres.
Avec cette résolution, « les conservateurs font un chèque en blanc à Orban », a déploré l’eurodéputée socialiste Sylvia-Yvonne Kaufmann. « Les violations des valeurs communes européennes en Hongrie ne sont pas des cas isolés », souligne Mme Kaufmann dans un communiqué. « La Commission européenne ne réagit presque pas, le Conseil reste complètement amorphe, le Parlement aurait pu lancer un signal fort aujourd’hui », regrette-t-elle.
En juin 2015, le Parlement européen avait déjà fait part de son inquiétude sur la situation en Hongrie, dénonçant alors « les déclarations répétées de M. Orban visant à susciter un débat sur le rétablissement éventuel de la peine de mort ».
La Hongrie, tenante d’une ligne dure contre les migrants, a érigé une clôture barbelée à ses frontières serbe et croate et s’oppose au plan de répartition de 160 000 réfugiés décidé par l’UE cet automne.