La Hongrie conteste en cour les quotas de migrants

Budapest — Le gouvernement hongrois a annoncé avoir porté plainte jeudi devant la justice européenne contre les quotas de répartition des réfugiés entre États membres adoptés en septembre par l’Union européenne. Parallèlement, Budapest a lancé une campagne de presse attaquant dans des termes très durs les réfugiés et le principe de leur répartition.
« La plainte a été déposée », a indiqué le porte-parole du ministre hongrois de la justice, Gabor Kaleta. Ce recours, qui avait été annoncé depuis plusieurs semaines par Budapest, intervient au lendemain d’une procédure judiciaire similaire lancée par la Slovaquie.
Plusieurs journaux hongrois affichaient jeudi sur une pleine page les premiers messages de la campagne : « Les quotas augmentent la menace terroriste ! » — sur fond noir — ou bien « Un immigré illégal arrive en Europe toutes les 12 secondes en moyenne ». « Nous ne savons pas quelles sont leurs intentions » et « Nous ne savons pas combien de terroristes se cachent parmi eux », pouvait-on lire sur des affiches.
Cette campagne sera relayée à la radio et à la télévision en décembre et janvier, ainsi que sur des panneaux d’affichage qui porteront le slogan Défendons le pays, a expliqué le gouvernement, précisant qu’il s’agissait « d’une campagne d’information sur les risques du plan européen de quotas ».
La Hongrie, tenante d’une ligne dure contre les migrants, a déjà érigé mi-octobre une clôture barbelée à ses frontières serbe et croate après avoir vu transiter quelque 400 000 candidats à l’asile sur son territoire depuis le début de l’année.
La Slovaquie, qui fait partie des pays membres de l’UE, principalement de l’est de l’Europe, opposés à la répartition des réfugiés qui a débuté cet automne, a déposé un recours mercredi devant la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE).
Retards en Grèce
Mise sous pression par l’UE pour mieux encadrer les flux migratoires, la Grèce a admis jeudi certains des retards et des défaillances, mais a aussi dénoncé des lenteurs européennes à assurer les concours promis à Athènes.
Le ministre à la politique migratoire, Iannis Mouzalas a annoncé que la Grèce demandait l’activation du mécanisme européen de protection civile, afin de recevoir de l’aide en matériel et personnel pour mieux prendre en charge les arrivants.
« Nous espérons que nos partenaires feront des offres généreuses au vu du climat de grogne actuelle » contre le pays, a-t-il ajouté, précisant qu’en activant ce mécanisme d’aide, Athènes avait demandé notamment des ambulances, des camions, du carburant, des conteneurs, des tentes et des couvertures, et « surtout du personnel pour encadrer les centres d’identification et les camps d’accueil ».
Le gouvernement grec avait démenti mercredi que l’UE envisage de l’exclure de la zone de libre circulation Schengen pour sa mauvaise gestion des flux de réfugiés, après un article en ce sens du Financial Times, mais le pays n’en est pas moins sommé par l’UE de réaliser des progrès en la matière d’ici le prochain sommet européen du 17 décembre.
M. Mouzalas a de nouveau imputé ce débat aux critiques de certains pays, dont « la Hongrie » ainsi qu’à celles de pans d’opinion publiques « dans d’autres pays comme l’Allemagne ». Mais il a jugé qu’il se fondait pour l’essentiel « sur des mensonges et des contre-vérités ».
Il a toutefois reconnu des retards et des défaillances côté grec, notamment pour la mise en place des centres d’identification et d’enregistrement promis par le pays, au départ avant décembre, sur cinq îles égéennes. « Même si le travail avait été mieux coordonné, nous n’aurions gagné qu’une quinzaine de jours », a-t-il toutefois avancé.
Il a mis en cause l’absence de réponse européenne à une série de demandes grecques, notamment une datant de septembre pour un renfort de 1600 policiers. Il a également reproché aux partenaires du pays de n’avoir offert jusque là que 295 places de relocalisation, sur les 66 400 prévues sur deux ans par les plans européens de répartition au sein de l’UE des réfugiés syriens, irakiens et érythréens.
Ces offres sont insuffisantes « pour lancer la dynamique » et convaincre les migrants d’accepter cette procédure plutôt que de poursuivre la route vers l’Europe occidentale par leurs propres moyens, a-t-il souligné.
2000 migrants secourus au large de la Libye
Rome — Près de 2000 migrants ont été secourus jeudi matin au large de la Libye, alors que les départs s’étaient raréfiés ces dernières semaines dans cette partie de la Méditerranée, ont annoncé la marine et les garde-côtes italiens.Les migrants, qui étaient entassés à bord de neuf embarcations de fortune, ont été secourus par des navires de la marine et des garde-côtes, mais aussi par des bâtiments engagés dans l’opération navale européenne anticasseurs Sofia et un bateau de Médecins sans frontières (MSF). Au moins deux autres opérations de secours étaient encore en cours dans l’après-midi, a précisé un porte-parole du centre opérationnel des garde-côtes à Rome, qui coordonne ces opérations.
Après une moyenne de plus de 760 migrants par jour entre juin et août, celle des arrivées en Italie est passée à 530 par jour en septembre et 290 par jour en octobre, avant de chuter encore à une centaine par jour en novembre. Et il n’y avait plus eu d’opération de secours depuis le début de la semaine dernière. Mais après plusieurs jours de gros temps, les conditions météorologiques se sont améliorées, ont expliqué les garde-côtes. Et l’important dispositif international mis en place au large de la Libye pour chercher et secourir les embarcations et lutter contre les passeurs après une série de naufrages au printemps est toujours opérationnel.
Au total, plus de 894 000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée cette année, dont 144 000 via l’Italie, tandis qu’au moins 3515 autres sont morts ou disparus en tentant la traversée, selon un dernier bilan du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).