Belgique - Les indépendantistes flamands rejettent une formule de compromis

Bruxelles — L'espoir d'une sortie rapide de crise en Belgique, après 206 jours d'une crise politique record empêchant la formation d'un gouvernement, s'est évanoui hier avec le rejet par les indépendantistes flamands d'une ébauche de compromis sur une réforme du pays.
La Nouvelle Alliance flamande (N-VA) a cependant laissé la porte ouverte à des échanges de vue avec les autres partis.«La N-VA a des remarques fondamentales sur la note du conciliateur Johan Vande Lanotte», un document de synthèse de 60 pages qui a été soumis aux sept partis engagés dans les pourparlers suspendus depuis octobre, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Le parti nationaliste «les lui transmettra ainsi qu'aux six autres partis», les trois néerlandophones (CDV chrétien-démocrate, SPA socialiste et verts de Groen) et les trois francophones [PS, Ecolo et centristes du CDH].
«On verra si ces remarques sont acceptables pour les autres partis. On pourra alors conclure si engager des négociations finales a un sens», a ajouté la N-VA.
Les sept partis avaient jusqu'à hier pour entériner ou pas un rapport sur les convergences possibles en matière de réforme des institutions qui leur a été remis lundi par le sénateur socialiste flamand Vande Lanotte, nommé conciliateur le 21 octobre par le roi Albert II.
En fin d'après-midi, seules les deux formations de gauche flamandes, les écologistes de Groen et les socialistes du SPA, avaient donné leur aval, les autres se donnant du temps.
Mais le parti francophone Ecolo a mis ensuite un premier bémol, en se disant prêt à rouvrir les pourparlers à condition d'avoir des précisions sur des questions de «financement».
Peu après le parti chrétien-démocrate flamands CDV, par la bouche de son président Wouter Beke, a été moins positif encore, en réclamant que M. Vande Lanotte «adapte» sa note «sur des points essentiels», notamment sur le volet «Bruxelles», «avant de réunir les sept partis».
Amendements exigés
Les centristes francophones du CDH se sont dits prêts à revenir à la table des négociations mais en demandant des amendements pour «préciser et équilibrer» le projet, selon la chaîne de télévision publique RTBF.
Mais la réponse la plus attendue, considérée comme décisive, restait celle de la formation ayant les revendications les plus radicales, la N-VA, devenue premier parti de Flandre aux législatives du 13 juin avec 28 % des voix.
Quant au PS, le parti sorti vainqueur des élections côté francophone, il ne devait se réunir que tard dans la soirée, lui permettant d'intégrer la position négative mais pas totalement fermée de la N-VA.
Selon les grandes lignes du document de M. Vande Lanotte, une partie des 130 000 francophones vivant en périphérie flamande de Bruxelles perdraient leurs privilèges judiciaires et électoraux, tandis qu'une autre partie continueraient de jouir d'un statut spécial dans six communes de la banlieue.
Autre exigence des néerlandophones (60 % des 10,5 millions d'habitants du pay)- plus du quart (26%) de l'impôt sur le revenu, soit 15 milliards d'euros, jusqu'à présent de compétence fédérale, serait transféré aux régions.
De leur côté, les francophones, ultra majoritaires à Bruxelles, avaient obtenu que la dotation financière de la capitale soit améliorée de 375 millions d'euros.