France - Journée de répit pour la contestation

Des travailleurs de Total ont manifesté hier devant la raffinerie de Donges, près de Nantes.
Photo: Agence Reuters Stephane Mahé Des travailleurs de Total ont manifesté hier devant la raffinerie de Donges, près de Nantes.

Paris — La journée d'hier a montré un essoufflement des grèves contre la réforme des retraites, à l'exception du secteur des raffineries, où le mouvement se durcit et fait craindre une pénurie de carburant.

Au lendemain d'une forte mobilisation, avec 1,23 à 3,5 millions de manifestants, selon les sources, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa détermination à boucler un projet dont il entend faire un symbole de son quinquennat.

«Quelles que soient les difficultés de mise en oeuvre d'une réforme aussi importante que celle des retraites, le gouvernement doit dans l'intérêt général avec le Parlement poursuivre avec détermination et sang-froid», a déclaré le chef de l'État, cité par le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.

En attendant de nouvelles manifestations prévues samedi et une intersyndicale qui permettra aujourd'hui aux syndicats de se prononcer sur les suites à lui donner, le mouvement s'oriente vers une reconduction généralisée à la SNCF, mais avec un taux de participation en baisse.

Le trafic est parallèlement revenu pratiquement à la normale à la RATP et dans les transports locaux de province.

Le point noir reste le pétrole avec huit des 12 raffineries françaises en grève hier, dont les six du groupe Total, et la menace d'une pénurie qui se précise. «Avec les raffineries, on peut bloquer en deux jours l'alimentation en carburants de la France», a dit Yvon Scornet, responsable CGT à Petit Couronne.

Le port de Marseille


Le port pétrolier de Fos-Lavera, près de Marseille, est par ailleurs entré dans son 17e jour de grève, empêchant les pétroliers bloqués en mer de ravitailler les raffineries.

Selon le président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), Jean-Louis Schilansky, des problèmes localisés de ravitaillement pourraient survenir la semaine prochaine et le gouvernement doit se poser dès maintenant la question de l'utilisation des stocks stratégiques.

À la SNCF, la quasi-totalité des assemblées générales de cheminots ont reconduit la grève jusqu'à aujourd'hui, mais l'entreprise comme les syndicats ont constaté une baisse du nombre de grévistes.

«Le sentiment global est qu'il y a une situation contradictoire entre la baisse du nombre de grévistes et la mobilisation qui reste très forte aux assemblées générales», a déclaré Roger Dillenseger, numéro deux de l'UNSA cheminots.

À EDF, 70 assemblées générales se sont tenues hieret la plupart ont reconduit des grèves de deux à quatre heures, a annoncé la CGT-Énergie. «Ces actions vont se poursuivre tous les jours», a déclaré Marie-Calire Cailletaud, responsable de la CGT-Énergie.

À la RATP, le mouvement avait été reconduit dès mardi par la CGT, FO, Sud et la CFDT mais l'UNSA, deuxième organisation, n'appelait pas à la grève et le trafic était normal ou quasi normal hier, dans le métro.

Plusieurs membres du gouvernement ont réaffirmé que le projet de réforme des retraites serait maintenu, sans exclure quelques amendements nouveaux en fin de discussion au Sénat. Le passage de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ et de 65 à 67 ans pour une pension à taux plein a déjà été voté au Sénat. Les sénateurs devraient boucler l'examen du projet avant la fin de la semaine, ont dit des parlementaires.

Quatre syndicats ont appelé les enseignants des écoles publiques parisiennes à reconduire dès aujourd'hui la grève observée mardi. Une inconnue du mouvement concerne la participation des lycéens, amorcée dans les défilés de mardi, et éventuellement des étudiants.

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