France: plus d’un million de personnes dénoncent la hausse de l’âge de la retraite
Une grève nationale convoquée par les principaux syndicats français a forcé l’annulation de vols, paralysé les trains et entraîné la fermeture de la tour Eiffel, aujourd’hui, accentuant la pression sur le gouvernement pour qu’il renonce à hausser l’âge de la retraite de deux ans.
Les travailleurs syndiqués ferroviaires et du transport en commun de Paris ont promis de poursuivre la grève pendant encore au moins 24 heures, pendant que les policiers estimaient que 1,2 million de personnes ont défilé dans les rues, la plus importante des quatre manifestations nationales appelées au cours des cinq dernières semaines.Les syndicats affirment plutôt que 3,5 millions de personnes ont répondu à l’appel.
Le gouvernement refuse de céder du terrain, affirmant que son projet est la seule façon de sauver le dispendieux système de pensions. Certains syndicats ont haussé la mise en déclarant des grèves illimitées aujourd’hui, ce qui veut dire qu’elles pourraient s’étirer sur plusieurs jours ou même plusieurs semaines.
L’impact pour demain mercredi demeure incertain. Les travailleurs ferroviaires prévoient être en grève, tout comme ceux des transports publics. Certains ouvriers du secteur pétrolier ont promis de continuer à paralyser les raffineries, et un syndicat a mis en garde contre d’éventuelles pénuries d’essence.
Paris demeure ferme
Pour sa part le Premier ministre François Fillon s’est dit «décidé» à mener la réforme des retraites «à son terme», malgré les grèves et les manifestations.
«Nous écoutons, nous respectons les inquiétudes qui s’expriment mais en même temps je veux dire très solennellement à cette heure devant l’Assemblée nationale: nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme», a déclaré M. Fillon lors de la séance de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale.
«Je n’ai pas de leçons à donner aux jeunes lycéens qui ont été appelés à la rescousse pour étoffer les manifestations», a-t-il ajouté. «Je dis simplement que le sort de leurs retraites ne sera pas garanti par ceux qui leur promettent de sauver l’avenir en sacrifiant le présent».
Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé une tentative de «passage en force» du gouvernement. «Tout est fait pour que la tension monte dans un moment où il serait nécessaire au contraire de rassembler notre pays», a déploré le député-maire de Nantes. «Mais ce qui est en train de se produire aujourd’hui, c’est l’inverse, le mouvement est en train de s’amplifier».
«Qu’est ce que vous proposez? De tout arrêter? C’est évidemment conforme à ce que le Parti socialiste a toujours fait sur la question des retraites», a rétorqué François Fillon.
Volontairement provocateur, le Premier ministre a fait référence à «l’allongement de la durée de travail» comme «la solution que préconise (...) le directeur du FMI (Fonds monétaire international)», le socialiste Dominique Strauss-Kahn. «Vous refusez de l’entendre parce que vous avez choisi la démagogie», a-t-il accusé.
«Un jour, les Français vous demanderont des comptes parce que les engagements que vous êtes en train de prendre sont des engagements dont tout le monde sait qu’ils sont destinés à être trahis», a poursuivi M. Fillon.
«Personne ne reviendra sur le passage à 62 ans de l’âge légal de la retraite parce que ce serait une folie économique et une catastrophe sociale», a-t-il conclu.