La coalition autrichienne éclate

Vienne — La coalition gauche-droite au pouvoir depuis 18 mois en Autriche a constaté hier son échec, chaque parti accusant l'autre d'en être responsable, et le pays se prépare à des élections anticipées cet automne sans le chancelier social-démocrate, Alfred Gusenbauer (SPÖ), qui renonce à se présenter comme tête de liste.

Dernier reproche en date, après des crises à répétition depuis l'entrée en fonction du gouvernement Gusenbauer en janvier 2007, M. Molterer a accusé les sociaux-démocrates d'avoir trahi la politique commune européenne du gouvernement en décidant unilatéralement de soumettre tous les futurs traités européens à un référendum.

La décision, annoncée dans une lettre ouverte envoyée le 26 juin à l'éditeur du tabloïd Kronen Zeitung, avait aussi essuyé les critiques d'une partie de la direction et des militants du SPÖ du chancelier.

Le SPÖ accusait en revanche hier les conservateurs d'avoir systématiquement refusé de gouverner en agitant sans cesse le spectre des élections anticipées.

Les relations entre les deux partis étaient déjà tendues dès le lendemain des élections tenues le 1er octobre 2006, le SPÖ ne devançant l'ÖVP que d'un point de pourcentage, à 35,3 %.

Aucune des réformes promises n'a vu le jour, ce qui a fait plonger la cote de popularité du chancelier Gusenbauer. Sans parler du fort recul qu'a subi le SPÖ aux dernières élections régionales au Tyrol, remportées par l'ÖVP.

Fin juin, 59 % des Autrichiens souhaitaient la présence d'un d'autre que Gusenbauer en tête de la liste sociale-démocrate en cas d'élections anticipées. Le principal reproche fait au gouvernement est l'inaction, et le principal grief formulé contre le chancelier porte sur sa faiblesse et son manque d'autorité dans les négociations avec les conservateurs.

La seule grande réforme réalisée par la coalition aura été celle du droit électoral, adoptée en juin 2006, qui allonge la législature à cinq ans et fait passer l'âge du droit de vote à 16 ans. Mais la plupart des autres promesses n'ont pas été tenues, ni la vaste réforme fiscale qui devait alléger le poids des impôts sur les classes moyennes, ni la suppression des frais d'inscription universitaires ou la résorption du trou de l'assurance maladie.

L'opposition d'extrême droite a accusé le gouvernement de capitulation et le parti des Verts a estimé que les dirigeants autrichiens «avaient dilapidé toute leur énergie à chercher à se nuire eux-mêmes».

Après 18 mois de cohabitation infructueuse, les deux partis devraient finalement s'accorder sur une «procédure commune pour la dissolution du Parlement», ont annoncé le chancelier et l'ÖVP.

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