Le prince Harry abrège sa mission en Afghanistan

Une expérience «excitante»
Photo: Agence Reuters Une expérience «excitante»

Londres — Le prince Harry, qui depuis la mi-décembre a combattu les talibans en Afghanistan, va être rapatrié «immédiatement», sa mission étant devenue trop dangereuse depuis sa divulgation par des médias étrangers, en violation d'un accord resté secret pendant dix semaines.

La nouvelle, qui ne faisait plus guère de doute, a été confirmée officiellement hier: «À la suite d'une évaluation précise des risques par la chaîne de commandement, il a été décidé de retirer immédiatement le prince Harry d'Afghanistan», a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

«Cette décision a été prise principalement parce que la couverture médiatique mondiale de la présence du prince Harry en Afghanistan pourrait avoir un impact sur la sécurité de tous ceux qui sont déployés dans ce pays, et présenter des risques pour lui-même en tant que soldat», poursuit le ministère.

Le ministère n'a pas précisé la date du rapatriement du sous-lieutenant Harry, 23 ans, troisième dans l'ordre de succession au trône.

Mi-décembre, dans le plus grand secret, le fils cadet du prince Charles et de Diana avait été envoyé avec son régiment de cavalerie des «Blues and Royals» dans la région d'Helmand (sud), où sont déployés la plupart des 7800 soldats britanniques et où se déroulent les combats les plus meurtriers.

En Afghanistan, le prince Harry, qui s'était jusqu'ici surtout illustré par ses frasques et un comportement souvent fantasque, a opéré comme contrôleur aérien, parfois à quelque 500 mètres du front.

Les télévisions britanniques diffusaient en boucle hier les images d'un Harry en tenue de combat, tirant à la mitrailleuse lourde ou chevauchant une moto dans le désert dans un moment de détente.

Dans un entretien rendu public jeudi, le prince Harry avait raconté son «excitation» lorsqu'il avait appris qu'il partait pour l'Afghanistan, de la bouche même de sa grand-mère la reine Elizabeth II.

Hier, la souveraine s'est dite fière de son petit-fils, qui a fait «du bon travail dans un environnement très difficile».

Le premier ministre Gordon Brown a pour sa part estimé que le rapatriement du prince était «la bonne décision».

«Les considérations de sécurité doivent primer, a-t-il commenté en marge d'une visite à Birmingham. C'est ce qui a été le facteur déterminant pour l'état-major et je crois que tout le monde s'accordera à dire que c'est la bonne décision».

À Kaboul, le ministre afghan des Affaires étrangères, Rangeen Dadfar Spanta, a exprimé la «reconnaissance» de son pays envers le prince, voyant dans ce déploiement un «signe de solidarité de la famille royale» britannique.

Un accord avait été passé avec des médias britanniques et internationaux pour qu'ils conservent le secret jusqu'à son retour, initialement programmé en avril.

Un accord qui aura tout de même tenu dix semaines. Jeudi, le site américain Drudge Report publiait le «scoop», contraignant le ministère à confirmer l'information, qui a depuis fait le tour du monde.

Une fois l'embargo rompu, la presse britannique consacrait hier de nombreuses pages, illustrées de dizaines de photos, à la mission de Harry en Afghanistan, saluant unanimement le «courage» et la «bravoure» du jeune sous-lieutenant.

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