Italie - Prodi est fragilisé par la démission d'un ministre

Rome — La coalition fragile qui soutient depuis un an et demi le gouvernement italien a perdu hier le parti centriste de Clemente Mastella, dont les trois sénateurs pourraient jouer un rôle crucial dans la survie de l'équipe au pouvoir.
Le ministre italien de la Justice, qui a démissionné après sa mise en cause dans une affaire de corruption, a annoncé que son parti quittait la coalition gouvernementale et ne lui apporterait plus qu'un «soutien extérieur».Bien que ce soutien ait souvent été hésitant et que la formation ait eu maille à partir avec l'aile gauche d'une alliance qu'elle a même menacé de faire éclater, les trois sénateurs de l'UDEUR assuraient à Prodi une marge de sécurité à la Chambre haute, où sa majorité ne tient qu'à deux sièges.
«Nous allons fournir un soutien extérieur. [...] Nous serons exigeants et n'accepterons pas de compromis, comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant», a déclaré Mastella, précisant que les cadres de son parti allaient se réunir le mois prochain pour clarifier leur position à l'égard du gouvernement.
«Aujourd'hui, nous ne sommes pas dans le gouvernement, nous verrons plus tard», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse organisée en Campanie, dans le sud de l'Italie, dont son épouse Sandra préside le Conseil régional.
Devant le Parlement, Romano Prodi, qui a endossé les fonctions de ministre de la Justice par intérim, a souhaité que Mastella reprenne ses fonctions dès que la procédure en cours s'achèvera. Mastella, qui nie toute malversation, a été laissé en liberté alors que sa femme a été assignée à résidence.
«Nous ne sommes pas les dirigeants d'une mafia politique», a-t-il assuré après s'en être pris la veille aux magistrats du parquet, selon lui hostiles à ses réformes et déterminés à obtenir son départ. Sandra Mastella estime quant à elle que le couple est victime de son engagement dans la «défense des valeurs catholiques».
La présence de Mastella au sein du gouvernement Prodi est source de divergences depuis sa formation, il y a près de deux ans. Témoin au mariage d'un collaborateur de la mafia en 2000, il a en outre servi dans le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi. Il était enfin une des cibles privilégiées du comédien Beppe Grillo, à l'origine d'une campagne très suivie contre la corruption au sein de l'élite politique.