L'écart se creuse
Paris — À 24 heures de l'ouverture des bureaux de scrutin, l'écart semblait en train de se creuser entre les deux candidats à la présidence française, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Tous les sondages réalisés depuis le débat télévisé de mercredi, qui a été suivi par 20 millions de personnes, donnent un net avantage à Nicolas Sarkozy. Et cela, même si le candidat centriste défait au premier tour, François Bayrou, a finalement annoncé qu'il votera contre lui.
Les enquêtes les plus conservatrices, comme celle de l'IFOP, laissent penser que le candidat de l'UMP a maintenu son avance avec environ 53 %, malgré la performance jugée plutôt honorable de Ségolène Royal. Mais le match nul qu'a réussi à imposer Nicolas Sarkozy semble se traduire par une progression du vote en sa faveur dans d'autres sondages. Pour la firme IPSOS, Nicolas Sarkozy pourrait se hisser jusqu'à 54 %. La SOFRES lui accorde même 54,5 %, un de ses scores les plus élevés depuis le début de la course.Alors que la campagne officielle se terminait hier à minuit, les candidats ont poursuivi leurs efforts jusqu'à la dernière minute. Sur Europe 1, Nicolas Sarkozy a attribué ses bons sondages aux «attaques outrancières» à son endroit de la part de la candidate socialiste lors du débat télévisé. Celle-ci l'a accusé d'«immoralité politique». La candidate a répondu sur RTL en invitant les électeurs à «faire mentir les sondages». Elle a de plus dénoncé les «relais extrêmement puissants» de Nicolas Sarkozy «dans les médias avec le groupe Bouygues», propriétaire des chaînes de télévision TF1 et LCI, ainsi qu'avec «le groupe Lagardère», premier éditeur de magazines en France. Nicolas Sarkozy est l'ami personnel des présidents de ces deux groupes.
Le débat électoral s'est achevé hier sur un ton acrimonieux. Devant la presse, Nicolas Sarkozy a estimé que la candidate terminait sa campagne «un peu dans la violence». Il a aussi ajouté que «la politique, ça doit servir à faire barrage à la folie des hommes». Alors que, depuis deux mois, de nombreux observateurs ont souligné la dureté de certains propos du candidat de l'UMP, celui-ci retourne aujourd'hui le compliment à son adversaire.