Bush donne son appui à Rove

Washington — Le président américain, George W. Bush, a apporté hier un soutien ostensible à son conseiller politique Karl Rove, mis en cause dans la révélation de l'identité d'une espionne de la CIA, alors que le mari de cette dernière réclamait sa démission.
Depuis que le nom de Karl Rove circule comme étant à l'origine de la fuite qui a permis de révéler en 2003 dans la presse le nom de Valerie Plame, une agente de la CIA, le président Bush a soutenu son conseiller dont la démission est réclamée par de nombreux démocrates.Pour prouver sa loyauté envers un de ses plus proches conseillers, M. Bush s'est laissé filmer hier marchant avec Karl Rove, riant, souriant et gesticulant sur les pelouses de la Maison-Blanche, avant de monter dans l'hélicoptère présidentiel. D'ordinaire il est filmé seul lors de sa montée dans l'hélicoptère.
Ce soutien visuel survient au lendemain d'une déclaration du président Bush qui avait appelé les Américains à ne pas préjuger de la culpabilité de son conseiller. Il avait demandé au public américain de faire preuve de patience tant que l'enquête n'était pas terminée.
Au début plus timide, l'appui présidentiel s'est renforcé ces deux derniers jours, alors que l'affaire a pris une tournure très politique avec de nombreux démocrates réclamant la démission de Rove.
Hier matin, interrogé sur NBC, le mari de Valerie Plame, Joseph Wilson, un ancien ambassadeur, s'est ajouté à la liste de ceux qui réclament le départ de Rove, estimant que celui-ci avait fait preuve «d'abus de pouvoir».
Plus d'une centaine de manifestants se sont rassemblés en début d'après-midi devant la Maison-Blanche à l'appel du mouvement progressiste MoveOn.org pour réclamer la démission de M. Rove.
M. Rove pourrait être à l'origine de la révélation de l'identité de Valerie Plame, ancienne espionne de la CIA, ce qui est un crime aux États-Unis. Le nom de Mme Plame aurait été dévoilé en représailles contre son mari, qui avait publiquement accusé la Maison-Blanche d'avoir manipulé le renseignement pour exagérer la menace irakienne avant la guerre de 2003, selon la presse.
Une enquête criminelle est en cours depuis que le nom de Plame est apparu dans la presse, mais l'affaire s'est renforcée la semaine dernière avec l'emprisonnement d'une journaliste du New York Times, Judith Miller, qui a enquêté sur le sujet mais a refusé de dévoiler à la justice ses sources. Quant à son collègue de Time Magazine, Matthew Cooper, qui a également enquêté sur le sujet, il a fini par accepter de témoigner sur l'origine de sa source.
«C'est très important que les gens ne préjugent pas de l'issue de l'enquête à partir des informations publiées par les médias», a tenu à souligner mercredi à la presse le président à la fin d'une réunion de cabinet.
La Maison-Blanche est dans une position très délicate, car en 2004 le président Bush avait clairement indiqué à propos de l'enquête criminelle menée sur l'origine de la fuite qu'il congédierait toute personne ayant révélé le nom d'un agent de la CIA.
L'opposition démocrate a fait monter la pression mercredi, avec la demande conjointe de neuf membres de la commission du renseignement de la Chambre des représentants de retirer les laisser-passer de sécurité de M. Rove. Quatre sénateurs démocrates, dont leur chef de file Harry Reid, ont en outre écrit au secrétaire général de la Maison-Blanche pour lui demander de lancer une nouvelle enquête interne.
M. Rove, dont le titre est secrétaire général adjoint de la Maison-Blanche, est considéré comme l'architecte de l'élection de Bush en l'an 2000 et de sa réélection en novembre 2004.