Menacé d’inculpation, Donald Trump dénonce une «ingérence électorale»

Des opposants à l’ex-président Trump manifestaient toujours lundi devant l’édifice abritant le grand jury qui doit décider de son inculpation.
John Minchillo Associated Press Des opposants à l’ex-président Trump manifestaient toujours lundi devant l’édifice abritant le grand jury qui doit décider de son inculpation.

Menacé d’être inculpé au pénal à New York dans une affaire d’achat, en 2016, du silence d’une actrice de films X, l’ex-président des États-Unis Donald Trump a dénoncé lundi soir à la télévision « une escroquerie » et une « ingérence électorale » orchestrées par des « voyous » avant la présidentielle de 2024.

L’ancien locataire de la Maison-Blanche de 76 ans, qui rêve de la « reconquérir » en novembre 2024, doit répondre devant la justice de l’État de New York et son procureur pour Manhattan, Alvin Bragg, d’un versement de 130 000 $ à l’actrice et réalisatrice de films pornographiques Stormy Daniels.

Alors que la presse bruissait de rumeurs d’une possible inculpation, Donald Trump avait réussi un coup d’éclat le 18 mars au matin en affirmant sans la moindre preuve sur son réseau social Truth Social qu’il serait « arrêté » et comparaîtrait devant un tribunal new-yorkais le 21 mars pour y être inculpé.

Mais rien ne s’est passé depuis. Et les États-Unis sont suspendus encore cette semaine à cette hypothétique mise en examen, qui serait sans précédent contre un ancien président américain.

Dans une entrevue sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News, enregistrée depuis sa résidence floridienne de Mar-a-Lago et diffusée lundi soir, Donald Trump a qualifié l’enquête du procureur Bragg d’« escroquerie ». « Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais [en vue de l’élection présidentielle de 2024]. À mon avis, c’est une manière de tricher aux élections. C’est de l’ingérence électorale », a accusé le milliardaire républicain, qui affirme sans fondement depuis près de deux ans et demi que la présidentielle de novembre 2020 lui a été « volée » par le président démocrate Joe Biden.

Depuis plusieurs années, la justice new-yorkaise cherche à déterminer si M. Trump s’est rendu coupable de fausses déclarations, une infraction mineure, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l’argent à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016. Dans quel but ? Pour qu’elle taise une supposée relation extraconjugale 10 ans plus tôt, selon l’accusation.

Les débats du grand jury

Accusé par l’ancien président et des parlementaires républicains d’avoir un « mobile politique », le procureur Bragg, un élu démocrate à la tête du parquet de Manhattan depuis 2022, avait répondu jeudi dernier par courrier que l’homme d’affaires avait « créé une fausse attente » médiatique sur son inculpation et dénoncé une « ingérence » dans l’enquête.

Lors d’un rassemblement partisan samedi au Texas, M. Trump avait nié « tout délit » et toute liaison avec Stormy Daniels. Il l’a réaffirmé lundi soir sur Fox News.

Un grand jury — un panel de citoyens aux larges pouvoirs d’enquête qui travaille de conserve avec des procureurs pour éventuellement voter des inculpations pénales — s’est toutefois de nouveau réuni lundi au tribunal de Manhattan pour entendre un témoin du dossier Stormy Daniels. Si ce grand jury vote une inculpation, le procureur Bragg devra s’y conformer et la rendre publique.

Dans une autre affaire judiciaire liée à l’ex-président américain, un juge fédéral a statué que le vice-président Mike Pence devra de son côté témoigner devant le grand jury examinant les tentatives d’annulation des résultats électoraux de 2020 effectués par le clan Trump.

Selon deux sources internes anonymes qui se sont confiées à l’Associated Press, il ne sera pas appelé à commenter les événements du 6 janvier 2021, quand le Capitole américain a été pris d’assaut par les partisans de l’ancien président, mais bien à parler de possibles actes criminels commis par Donald Trump. Ses avocats avaient plaidé jusqu’ici que cette citation à comparaître était inconstitutionnelle.



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