Trois enfants et trois adultes tués dans une école de Nashville

Des agents ont rapidement été dépêchés sur place. Après avoir entendu des tirs à l’étage, ils s’y sont « immédiatement » rendus et ont « tué » l’assaillant.
John Amis Associated Press Des agents ont rapidement été dépêchés sur place. Après avoir entendu des tirs à l’étage, ils s’y sont « immédiatement » rendus et ont « tué » l’assaillant.

Trois enfants et trois adultes ont été abattus lundi dans une école primaire de Nashville, dans le sud des États-Unis, un drame aux circonstances encore floues qui a rouvert le débat sur les ravages des armes à feu dans ce pays.

Selon le chef de la police locale, John Drake, le bain de sang a été commis par Audrey Hale, 28 ans, qui a été rapidement tuée par les forces de l’ordre.

Ses services ont ensuite précisé au journal local The Tennessean qu’il s’agissait d’un homme transgenre — donc d’une personne née femme, mais qui s’identifie comme homme.

L’assaillant s’est introduit en milieu de matinée, muni de deux fusils d’assaut et d’un pistolet, dans les locaux d’une petite école chrétienne privée, The Covenant School, où il a été scolarisé.

Après avoir traversé le rez-de-chaussée, il s’est dirigé vers le premier étage en tirant de nombreux coups de feu. Trois élèves, âgés de 8 à 9 ans, et trois adultes, de 60 à 61 ans, ont été tués par ses balles.

Le nom d’une des victimes, identifiée comme Katherine Koonce, correspond à celui de la directrice de l’école, selon le site de l’établissement.

Rapidement dépêchés sur place, des agents l’ont immédiatement abattu et son décès a été prononcé un quart d’heure après le premier appel aux secours.

Pendant l’assaut, une des enseignantes a réussi à appeler sa fille. « Elle m’a dit qu’elle était cachée dans un placard et que ça tirait de partout », a raconté cette dernière, Avery Myrick, à la chaîne locale WSMV4.

Soulagée que sa mère s’en soit sortie vivante, Avery Myrick a dit « avoir mal pour tous ceux » qui ont perdu des proches dans ce carnage.

« Répugnant »

Des parents angoissés ont défilé toute la journée dans une église pour récupérer les enfants mis à l’abri.

La police a pour sa part mené une perquisition au domicile de l’assaillant et découvert un plan « montrant les accès » de l’école et un « manifeste », a précisé John Drake, ce qui porte à croire que l’attaque était préméditée.

D’autres lieux figuraient comme cibles potentielles, a-t-il précisé plus tard à la télévision.

Tout en félicitant les forces de l’ordre pour leur intervention rapide, le président Joe Biden a exprimé son émoi face à ce crime « répugnant » et ordonné que les drapeaux de la Maison-Blanche soient mis en berne.

La violence par arme à feu « déchire l’âme même de notre nation », a-t-il déclaré depuis la Maison-Blanche, en appelant à nouveau le Congrès à interdire les fusils d’assaut.

Le démocrate plaide depuis longtemps pour que le Parlement américain interdise, ou au minimum restreigne, la possession de ces armes conçues pour faire un maximum de victimes, mais il se heurte au refus des élus d’opposition.

« Combien d’autres enfants devront être tués avant que les républicains au Congrès » n’acceptent de bannir ce type d’armes, s’est indignée la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre. « Trop, c’est trop. »

Les élus républicains de l’État du Tennessee, dont Nashville est la capitale, ont aussi exprimé leur émotion sur les réseaux sociaux, en se gardant bien d’évoquer le sujet délicat des armes à feu.

« Je suis bouleversé et j’ai le coeur brisé face aux nouvelles tragiques de l’école Covenant », a ainsi écrit sur Twitter le sénateur républicain Bill Hagerty. Sa consoeur Marsha Blackburn a appelé les gens à « prier » pour les victimes.

4368 morts

Environ 400 millions d’armes à feu sont en circulation aux États-Unis, où elles ont causé plus de 45 000 décès en 2020, par suicide, accident ou homicide, selon les derniers chiffres publiés par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Et pour la première fois, les armes sont devenues cette année-là la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 1 à 19 ans, avec 4368 décès, devant les accidents de voiture et les surdoses, d’après les CDC. Les bains de sang en milieu scolaire ne représentent qu’une infime portion du total, mais marquent davantage les esprits.

Les États-Unis ont été particulièrement ébranlés par les carnages commis en 2012 dans une école de Sandy Hook, dans le Connecticut (20 enfants tués), et en mai 2022 à Uvalde, au Texas (19 enfants et deux enseignantes).

Combien d’autres enfants devront être tués avant que les républicains au Congrès [n’acceptent de bannir ce type d’armes]. Trop, c’est trop.

 

Entre ces deux drames, un massacre commis en 2018 dans une école secondaire de Parkland, en Floride, avait déclenché un vaste mouvement national, porté par de jeunes victimes, exigeant un encadrement plus strict des armes individuelles.

Malgré la mobilisation de plus d’un million de manifestants, le Congrès n’avait pas adopté de réforme importante, nombre d’élus se trouvant sous l’influence du puissant groupe de pression National Rifle Association et étant soucieux de ne pas déplaire à une majorité toujours très attachée au droit au port d’armes.

Les appels de Joe Biden au bannissement des fusils d’assaut n’ont guère plus de chances d’aboutir. Un sondage ABC News/Washington Post de février indique que 51 % des Américains s’y opposent et que seuls 47 % y sont favorables.

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