Donald Trump demeure banni de Facebook, du moins pour l’instant

Si Donald Trump a pompeusement annoncé sa candidature aux présidentielles américaines de 2024 mardi, Facebook ne lui a pas réouvert ses portes pour autant.
La plateforme de médias sociaux a réitéré mercredi ne pas avoir l’intention de réhabiliter le compte de l’ancien président après sa déclaration qu’il briguera un second mandat à la Maison-Blanche. Trump avait été expulsé de Facebook en écho à l’assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021.
« Je pense que c’est une bonne décision, parce qu’il y en a des réseaux sociaux de droite. Si tu ramènes quelqu’un comme Donald Trump sur Facebook, ça sera quoi la différence entre Facebook et Parler, TruthSocial ? », questionne Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Depuis son bannissement, Trump a en effet lancé sa propre plateforme, TruthSocial, et a soutenu qu’il n’avait pas l’intention de retourner sur Twitter même si cela lui était autorisé. Jean-Hugues Roy note ainsi que la tribune convoitée par Donald Trump, il la possède déjà.
« M. Trump n’a pas besoin de Facebook, Facebook n’a pas besoin de M. Trump non plus », estime le professeur. Peu importe le réseau social où il va être, on va le trouver. »
Ce texte fait partie de notre section Vigie numérique.
Un geste contre la désinformation
Malgré tout, le républicain n’aura peut-être pas à attendre longtemps s’il souhaite revenir sur le site : sa suspension du réseau social de Meta devrait être réexaminée en janvier prochain, deux ans après sa première imposition.
S’il advenait que le magnat des affaires revenait sur Facebook en tant que candidat, il ne serait plus soumis aux vérifications des faits. Effectivement, selon les règles de Facebook, les commentaires des élus et des candidats aux élections ne passent pas sous le contrôle de la révision factuelle selon l’Associated Press, qui participe au programme indépendant de vérification des faits de Facebook.
« S’il y a des propos qui méritent d’être vérifiés, ce sont bien ceux des élus, surtout aux États-Unis, croit Jean-Hugues Roy. Tout discours peut se prêter à une vérification de fait. »
Le professeur relève notamment le degré de polarisation extrême chez nos voisins américains, qui pollue la fiabilité des informations retrouvées sur les médias sociaux.
Au courant de son mandat, l’ex-président a instrumentalisé les réseaux sociaux à son avantage, entre autres pour remettre en question la véracité des faits véhiculés par les médias d’information. Trump a ainsi posé un défi de taille aux principales plateformes, qui jonglaient avec le besoin du public d’entendre ses dirigeants élus et l’inquiétude concernant la désinformation, le harcèlement et la fomentation à la haine.
S’il ne se dit pas un « ami de Facebook », Jean-Hugues Roy reconnaît que Meta a fait des gestes pour limiter la désinformation sur ses plateformes. Bannir Donald Trump en était un. « Ils ne font pas le ménage complet, il y a encore de la poussière qui traîne dans les coins, mais ils font quand même un effort de ce côté-là », nuance-t-il.
Interdiction à échéance proche
À la suite des émeutes du 6 janvier, Trump avait également été banni de Snapchat, Twitter et Instagram, qui appartiennent à Meta, la société mère de Facebook. Sa capacité de publier des vidéos sur sa chaîne YouTube a aussi été suspendue.
La porte-parole de YouTube, Ivy Choi, est allée dans le sens de Meta mercredi en maintenant que la société n’avait pas l’intention de lever ladite suspension.
Le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, a pour sa part fait connaître sa position sur la décision de la plateforme d’interdire Trump après l’attaque du 6 janvier, indiquant qu’il était en désaccord. Musk a néanmoins signalé qu’aucune annonce concernant la réintégration des utilisateurs interdits ne serait faite tant qu’un conseil de modération de contenu ne se serait pas penché sur la question. Twitter ne s’est pas manifesté sur l’impact de la candidature de Trump sur la décision.
Facebook avait initialement bloqué toute activité sur le compte de Trump pendant 24 heures le 6 janvier après qu’il a félicité les émeutiers qui ont pris d’assaut le Capitole. Le créateur et PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, avait communiqué son retrait indéfini le 7 janvier, avançant que « les risques de permettre au président de continuer à utiliser notre service pendant cette période sont tout simplement trop grands ».
Le conseil de surveillance quasi indépendant de la société a confirmé l’interdiction, mais a ordonné à Facebook de fixer un délai, qui expire le 7 janvier 2023.
Avec l’Associated Press