Le bilan des migrants décédés dans une semi-remorque passe à 51 morts

La mort d’une cinquantaine de migrants découverts dans un camion surchauffé à San Antonio, au Texas, a mis en lumière les divisions au sein de la classe politique américaine. Des observateurs appellent à un meilleur traitement des migrants aux frontières pour éviter que de telles tragédies se répètent.
L’enquête en cours laisse entendre que les migrants découverts lundi par un employé municipal à San Antonio faisaient partie d’une opération de trafic d’humains depuis le Mexique. Le bilan de la tragédie s’élève désormais à 51 morts. Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a précisé que 22 victimes étaient originaires du Mexique, 7 du Guatemala, et 2 du Honduras. « C’est un immense malheur », a-t-il déclaré. Les autres victimes sont en voie d’être identifiées.
« Cette tragédie n’est malheureusement pas une grande surprise, parce que les politiques migratoires se resserrent de plus en plus », déplore France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone.
Ces dernières années, les États-Unis ont durci leur traitement des migrants à leurs frontières terrestres. Par exemple, Title 42, une politique activée sous l’administration Trump et dont un juge fédéral a ordonné le 20 mai 2022 qu’elle se poursuive sous la présente administration, prend prétexte de la pandémie et des risques de transmission de maladies pour empêcher des migrants de traverser la frontière. Quiconque tente de traverser la frontière sans disposer d’un visa peut toujours être expulsé, même un demandeur d’asile.
« Il y a un durcissement des politiques envers les migrants, les gens peinent à être déclarés comme réfugiés, et à cela s’ajoute un renforcement militaire à la frontière », soutient Jorge Pantaleón, co-titulaire de la Chaire d’études sur les Amériques de l’Université de Montréal. Il craint que ce type de politique engendre une augmentation du nombre de tentatives illégales et dangereuses de traverser la frontière, comme ce fut le cas pour les migrants retrouvés à San Antonio lundi.
Une classe politique divisée
« Ces morts sont à imputer à Biden. Elles sont le résultat de sa politique mortelle d’ouverture des frontières », a attaqué le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott. M. Abbott n’avait toutefois pas blâmé Donald Trump alors qu’une tragédie similaire, qui avait fait 10 victimes, était survenue à San Antonio en 2017.
Le président Joe Biden a quant à lui indiqué que ce drame illustrait la nécessité de lutter contre « une industrie criminelle qui brasse plusieurs milliards de dollars ».
La classe politique américaine paraît divisée entre des politiques républicaines, qui durcissent l’approche à la frontière, et des démocrates, qui peinent, dans le contexte actuel, à ouvrir les frontières à la hauteur de leurs ambitions. En dépit des volontés démocrates, le Texas construit son propre mur à la frontière mexicaine.
« Dans les faits, les politiques sous Biden ne sont pas d’une très grande ouverture », affirme France-Isabelle Langlois. Elle dénonce un statu quo « très difficile » pour les migrants.
Appels à l’action
« Ce sont à la fois les États desquels les personnes migrantes viennent, et l’ensemble des politiques des États américains entre eux qui sont à l’origine de tels événements ; il faut travailler sur la pauvreté et sur la violence endémique », conclut France-Isabelle Langlois.
Jorge Pantaleón dénonce quant à lui un climat de « criminalisation » des personnes migrantes aux États-Unis. Il en appelle à une meilleure collaboration entre les États pour alléger les difficultés relatives aux flux migratoires.
Sur le terrain, le maire de San Antonio, Ron Nirenberg, a dit « espérer que les personnes responsables d’avoir placé ces gens dans de telles conditions inhumaines seront poursuivies dans toutes les limites de la loi ».
Trois personnes ont été arrêtées pour l’instant, mais le chef de la police locale, William McManus, a précisé ne pas être sûr de leur implication dans le drame.
Avec l’Agence France-Presse et Associated Press
Les migrants nombreux à la frontière
Les migrants sont de plus en plus nombreux à la frontière des États-Unis. Le Pew Research Center a rapporté en novembre 2021 que la frontière mexico-américaine avait été traversée plus de 1,6 million de fois par des migrants durant l’année fiscale 2021 ; un record annuel. Le Texas Tribune a aussi relevé des données de l’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU selon lesquelles au moins 650 migrants sont morts en traversant la frontière l’an dernier ; un autre triste record.