L’usine liée à la pénurie de lait pour bébés relance sa production

L’usine, qui était fermée depuis février, relève de l’entreprise Abbott, contrôlant 40% du marché des laits pour bébés aux États-Unis.
Photo: Jeff Kowalsky Agence France-Presse L’usine, qui était fermée depuis février, relève de l’entreprise Abbott, contrôlant 40% du marché des laits pour bébés aux États-Unis.

La pénurie de lait pour bébés qui touche les États-Unis pourrait s’atténuer dès ce mois-ci avec la réouverture d’une usine d’Abbott, l’entreprise américaine au cœur de cette crise, qui s’est récemment confondue en excuses devant le Congrès.

Abbott a annoncé samedi dans un communiqué qu’elle faisait redémarrer sa grande usine de Sturgis, dans le Michigan (nord), dont la fermeture depuis plusieurs mois est à l’origine de la pénurie massive.

Le fabricant précise que l’usine, après avoir rempli des conditions posées par l’Agence américaine du médicament (FDA), commencera en particulier à fournir l’un de ses produits, le lait hypoallergénique EleCare, à partir du 20 juin environ.

40%
Il s’agit de la part du marché des laits pour bébés que contrôle l’entre-prise Abbott aux États-Unis.

Le fabricant assure qu’il « travaille dur » pour relancer aussi la production d’une autre marque très prisée des familles américaines, Similac, ainsi que le reste de sa gamme.

« Nous comprenons le besoin urgent de lait infantile, et notre priorité absolue est de faire parvenir du lait sûr et de haute qualité aux familles dans tous les États-Unis », lit-on dans son communiqué.

La première puissance mondiale connaissait depuis quelque temps déjà des problèmes d’approvisionnement en lait pour bébés, liés à la pandémie de COVID-19, quand Abbott a annoncé en février un rappel de produits soupçonnés d’avoir provoqué la mort de deux nourrissons, ainsi que la fermeture de son usine, ce qui a déclenché une grave pénurie.

Le groupe s’est déjà confondu en excuses lors d’une audition au Congrès.

« Nous vous avons laissé tomber », a déclaré fin mai Christopher Calamari, le directeur général d’Abbott Nutrition, à l’attention des parents qui font face à la pénurie, lors d’une audition devant une commission du Congrès.

Il s’est engagé à « faire en sorte qu’une pénurie comme celle-ci ne se reproduise plus jamais ».

« Manque de concurrence »

Les autorités sanitaires (la FDA) ont qualifié l’usine de Sturgis d’insalubre.

Robert Califf, le patron de l’agence, a évoqué « de l’eau stagnante dans des équipements clés, qui présentent un potentiel de contamination bactérienne », des « fuites sur le toit » ou encore une hygiène de base, comme le lavage des mains, laissant à désirer.

Selon des chiffres du cabinet IRI cités par le Wall Street Journal, il manquait de 20 à 25 % des laits pour bébés dans les magasins américains la semaine dernière.

La pénurie s’explique « par le manque de concurrence dans cette industrie », a expliqué Robert Reich, professeur de politiques publiques à l’Université de Berkeley, sur Twitter mercredi.

« L’essentiel du marché de laits pour bébés est dominé par quatre entreprises. Abbott Nutrition a 40 % du marché. Quand je dis que les monopoles sont dangereux, c’est pour ça », s’est indigné cet ancien ministre du Travail.

Pour faire face à la pénurie, le gouvernement Biden, accusé d’avoir réagi trop tard, a mis en place une espèce de pont aérien pour faire venir, par avions militaires, des tonnes de lait pour bébés fabriqué à l’étranger.

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