Le policier qui a tué George Floyd admet sa responsabilité

Philonise Floyd, le frère de George Floyd, à son arrivée à la cour de St. Paul, Minnesota, mercredi
Photo: Kerem Yucel Agence France-Presse Philonise Floyd, le frère de George Floyd, à son arrivée à la cour de St. Paul, Minnesota, mercredi

« En ce moment, coupable, Votre Honneur. » Mercredi matin, l’ex-policier de Minneapolis Derek Chauvin, condamné en avril dernier pour le meurtre de George Floyd, a finalement admis sa responsabilité dans l’assassinat de l’Afro-Américain en plaidant coupable devant un juge fédéral de Saint Paul à des accusations d’abus de pouvoir et de violation des droits constitutionnels de la victime.

Ce plaidoyer expose M. Chauvin à une prolongation de quelques années de sa peine d’emprisonnement fixée à 22 ans le printemps dernier par 12 jurés, au terme d’un procès historique suivi par le pays tout entier.

En mai 2020, George Floyd, 46 ans, a perdu la vie lors d’une arrestation musclée qui a mal tourné, le cou écrasé sous le genou du policier blanc pendant plus de neuf minutes. L’achat d’un paquet de cigarettes avec un billet de 20 $ contrefait a déclenché la séquence létale des événements.

Les images de cette arrestation, qui montrent un homme suffoquant et implorant le policier de lui redonner de l’air, ont fait le tour du monde et ont provoqué un vaste mouvement de dénonciation de la violence policière et du racisme policier à travers les États-Unis.

En septembre dernier, Derek Chauvin a plaidé non coupable aux accusations de violation de droits, et ce, dans cette même poursuite, la deuxième pour une même cause autorisée au pays, un fait rare.

 

Il a décidé mercredi de revenir sur sa décision afin de s’éviter un nouveau procès et le risque d’une sentence à perpétuité.

Bien que notre pays reste aux prises avec les démons du passé et du présent, les jours historiques nous donnent de l’espoir. Et aujourd’hui est un de ces jours.

Par son plaidoyer, l’ex-policier reconnaît avoir violé les droits de George Floyd. Les citoyens sont protégés par la loi contre l’usage abusif de la violence.

Lors du procès, les avocats de Derek Chauvin avaient tenté de faire passer cette mort pour un accident en évoquant une possible surdose de la victime, qui avait consommé de la drogue avant son arrestation.

 

Aveu qualifié d’historique

Selon eux, l’usage de la force par M. Chauvin respectait le cadre normal des pratiques policières aux États-Unis. Des arguments qui n’ont pas convaincu le jury.

L’aveu de culpabilité a été qualifié « d’important et d’historique » par le procureur général du Minnesota, Keith Ellison.

« Personne n’est au-dessus de la loi, et personne n’est en dessous », a-t-il conclu devant le palais de justice de Saint Paul. Ses propos ont été rapportés par le réseau public NPR.

Ben Crump, l’avocat de la famille de George Floyd, s’est également réjoui du changement de plaidoyer en parlant d’une « victoire pour les intérêts de la justice », même s’il est impossible d’en oublier « le coût ».

« Bien que notre pays reste aux prises avec les démons du passé et du présent, les jours historiques nous donnent de l’espoir. Et aujourd’hui est un de ces jours », a-t-il dit par voie de communiqué.

Condamnation concomitante

 

Par ce plaidoyer, M. Chauvin a conclu une entente pour une condamnation à 25 ans de prison, concomitante à la peine de 22 ans en cours.

Ce changement de cap de l’ex-policier fait toutefois planer l’incertitude pour ses trois coaccusés dans l’affaire, à savoir Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao, dont le procès pour « complicité de meurtre » doit s’ouvrir en mars prochain.

Avec l’Agence France-Presse

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