Les démocrates pressés d’offrir enfin une victoire à Biden au Congrès

Joe Biden, qui a vanté durant la campagne présidentielle ses talents de négociateur du fait de sa longue carrière de sénateur, bute contre les divisions de son parti et regarde, impuissant, sa cote de popularité dégringoler.
Photo: Susan Walsh Associated Press Joe Biden, qui a vanté durant la campagne présidentielle ses talents de négociateur du fait de sa longue carrière de sénateur, bute contre les divisions de son parti et regarde, impuissant, sa cote de popularité dégringoler.

Enfin, un vote ? Sous pression après une défaite cuisante à une élection locale, les démocrates au Congrès s’employaient encore et toujours jeudi à accorder leurs violons pour adopter les grands plans d’investissements de Joe Biden, et relancer ainsi sa présidence.

Après des mois d’intenses tractations, les élus à la Chambre des représentants ont ouvert timidement la porte à un vote sur les deux projets d’investissements du dirigeant démocrate, censés « reconstruire » l’Amérique. « Nous allons adopter ces deux plans », a promis jeudi la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, sans s’avancer sur un calendrier précis. Un vote pourrait être organisé à la hâte par la Chambre dans la soirée, mais les experts s’accordaient plutôt pour dire que les négociations pourraient encore s’éterniser jusqu’à ce week-end.

Le temps presse pourtant. Les guerres intestines entre l’aile gauche du parti de Joe Biden et les élus plus modérés privent le président d’une victoire politique dont il a désespérément besoin pour donner un nouveau souffle à sa présidence. « Il y a urgence », a répété une porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre. Les programmes de dépenses du président sont appuyés par les Américains, selon les sondages. Et une étude du cabinet Moody’s publiée jeudi estimait à 1,5 million le nombre d’emplois que pourraient créer ces plans en dix ans.

Un an avant des élections

 

Mais Joe Biden, qui a vanté durant la campagne présidentielle ses talents de négociateur du fait de sa longue carrière de sénateur, bute contre les divisions de son parti et regarde, impuissant, sa cote de popularité dégringoler.

Avant sa tournée aux sommets du G20 et de la COP26, le président s’était déjà rendu deux fois sur la colline du Capitole pour accélérer l’adoption de ses deux projets phares.

Un plan d’abord pour rénover les routes, les ponts et les transports vétustes du pays. L’enveloppe de 1200 milliards de dollars est soutenue par les démocrates et certains républicains. Un second, gigantesque volet social et climatique qui prévoit de réduire les frais de garde d’enfants et d’investir 550 milliards de dollars pour réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

1,5
C’est, en million, le nombre d’emplois que pourraient créer en dix ans les programmes de dépenses du président Biden, selon une étude du cabinet Moody’s publiée jeudi.

Mais ses efforts n’ont pas abouti. De retour d’Europe, le président, visiblement impatient, a pressé ses troupes de se mettre en ordre de marche.

« Les démocrates n’ont jamais été aussi proches de parachever et adopter » ces plans, a répondu jeudi le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer. Mais leur sort est en réalité dans les mains d’un élu qui refuse pour l’instant de les soutenir, le sénateur Joe Manchin, de Virginie-Occidentale.

Au vu de la très fine majorité démocrate au Sénat, cet élu possède virtuellement un droit de veto sur ces projets. Il a encore brisé ce matin les espoirs d’une adoption rapide des mesures, réitérant ses inquiétudes quant à leur incidence sur la dette publique américaine et l’inflation.

Dans son État, l’un des plus pauvres du pays, « les gens sont terrifiés par la hausse du prix de l’essence, de la nourriture, des services publics », a-t-il assuré sur CNN. Une façon de dénoncer les dépenses jugées excessives de son parti, accusé de n’avoir pas su prendre le pouls du pays, au point d’avoir perdu mardi le pouvoir en Virginie, un État qui avait pourtant majoritairement voté pour Joe Biden à la présidentielle de 2020.

Un constat d’autant plus morose que cette élection faisait office de répétition générale avant les élections législatives de mi-mandat en novembre 2022. Le parti de Joe Biden pourrait alors perdre le contrôle des deux chambres, ce qui compliquerait bien plus encore l’adoption de toute réforme d’ampleur.

À voir en vidéo