Biden s’engage à «faire payer» les responsables des attentats de Kaboul

Le président Joe Biden a condamné les attaques à la bombe qui ont fait des dizaines de morts, dont une douzaine de soldats américains, à proximité de l’aéroport de Kaboul où se déroule une gigantesque opération d’évacuation. Réitérant son engagement d’en finir avec cette mission d’ici le 31 août, il a promis de « pourchasser » et de « faire payer » les responsables de l’attentat.
« Dure journée », a soufflé Joe Biden en ouverture de conférence de presse à la Maison-Blanche. Quelques heures plus tôt, deux déflagrations plongeaient l’aéroport de Kaboul dans le chaos. L’attaque a été revendiquée par le groupe État islamique.
« Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer », a lancé le président sur un ton martial aux auteurs de l’attaque la plus meurtrière contre l’armée américaine en Afghanistan depuis 2011.
Le chef d’État a ordonné aux responsables militaires « de développer des plans opérationnels pour frapper les cibles, la hiérarchie et les installations » du groupe État islamique en Afghanistan. Il a précisé qu’il n’avait pas jusqu’ici de « preuve » d’une « collusion » entre les talibans et les membres du groupe djihadiste — deux factions aux fortes divergences dans l’organisation de cet attentat.
Malgré ce lourd bilan, Joe Biden a réitéré son intention de compléter le retrait des troupes américaines du sol afghan d’ici la fin du mois. Il est encore possible d’évacuer les Américains et les Afghans qui sont éligibles « ces prochains jours, entre aujourd’hui et le 31 août », a affirmé le président américain. « Sachant qu’il pourrait très bien y avoir une nouvelle attaque, l’armée a conclu que c’est ce que nous devrions faire. Je pense qu’ils ont raison », a-t-il poursuivi. « Nous devons compléter cette mission, et nous allons le faire. »
Plusieurs Afghans qui souhaiteraient fuir le régime de talibans pourrait par contre être laissés derrière. « Je ne connais aucun conflit dans l’histoire où, lorsque la guerre s’est terminée, une des parties a pu garantir que tous ceux qui voulaient être extradés du pays puissent sortir », a soutenu le président.
Le pont aérien a jusqu’ici permis l’évacuation de 100 100 personnes, selon les dernières données publiées jeudi soir par la Maison-Blanche.
Une tragédie qui « n’aurait jamais dû avoir lieu »
Des représentants démocrates ont critiqué ces derniers jours le président américain parce qu’il s’en tenait à la date butoir du 31 août. Plusieurs continuent d’appeler l’armée à rester « aussi longtemps qu’il le faudra », mais la majorité des parlementaires du parti de Joe Biden font bloc derrière lui.
Du côté républicain, le ton est tout autre.
« Cette tragédie n’aurait jamais dû avoir lieu, ce qui rend notre peine encore plus profonde et plus difficile à comprendre », a déploré l’ex-président républicain, Donald Trump, dans un communiqué.
Lorsqu’il était encore président, il avait négocié en février 2020 un accord avec les talibans qui prévoyait un retrait total des forces étrangères encore plus tôt, au 1er mai 2021.
Déjà contre cette annonce de retrait, le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a rappliqué jeudi : « cette attaque meurtrière offre le rappel le plus clair possible que les terroristes n’arrêteront pas de combattre les États-Unis juste parce que nos politiques se lassent de les combattre. »
« Je reste inquiet que les terroristes dans le monde entier se sentent enhardis par notre retraite, par cette attaque et par l’installation d’un État terroriste islamiste radical en Afghanistan », a ajouté cet influent républicain.
Le Canada complète ses exfiltrations
Plusieurs pays ont déjà complété leurs opérations d’exfiltration en Afghanistan, dont le Canada.
Le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, a indiqué en début de journée sur son compte Twitter que 3700 personnes ont été évacuées de Kaboul.
Sur les ondes de RDI, il a spécifié que quelques dizaines de militaires canadiens se trouvaient toujours en Afghanistan « pour aller retrouver des candidats canadiens éligibles pour des vols canadiens ». Le ministre a ajouté vouloir évacuer quelque 20 000 « Canadiens, résidents permanents et Afghans vulnérables » dans les prochaines années.
« Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour soutenir les Afghans et accueillir les réfugiés », a confirmé le premier ministre Justin Trudeau sur son compte Twitter, tout en condamnant les attentats.
De nombreux chefs d’État ont tenu des propos semblables, notamment en France, en Allemagne, en Russie, en Grande-Bretagne et en Égypte. Même le porte-parole des talibans a condamné « fermement » l’attaque.
Avec l’Agence France-Presse