Des objectifs de vaccination difficiles à atteindre aux États-Unis

Sur les 13 États américains ayant une frontière commune avec le Canada, la plupart ont dépassé le taux de vaccination minimal anticipé par la Maison-Blanche ou sont sur le point de le faire.
Photo: Anita Beattie Agence France-Presse Sur les 13 États américains ayant une frontière commune avec le Canada, la plupart ont dépassé le taux de vaccination minimal anticipé par la Maison-Blanche ou sont sur le point de le faire.

Malgré une abondance de vaccins et une campagne de vaccination hâtive, comparativement au reste de la planète, les États-Unis n’ont désormais plus grand espoir d’atteindre l’objectif d’une couverture vaccinale d’au moins une dose administrée à 70 % de sa population au 4 juillet prochain, comme espéré et ciblé par Joe Biden en mai dernier.

Selon les dernières projections, la sous-vaccination reste également endémique dans une trentaine d’États américains, et ce, alors que la pression s’accentue sur les gouvernements américain et canadien pour une réouverture rapide de la frontière entre les deux pays.

« La bonne nouvelle pour le Canada, c’est que la plupart des États frontaliers ont dépassé ou sont sur le point d’atteindre l’objectif des 70 % de personnes vaccinées », commente l’épidémiologiste américaine Susan Hassig, jointe par Le Devoir à la Tulane University de Louisiane, un des États où la vaccination y est la plus faible du pays, avec 46 % de sa population ayant reçu une dose à ce jour. « Dans ce contexte, la réouverture de la frontière pourrait être envisagée, mais devrait aussi l’être avec l’obligation d’une preuve vaccinale pour les personnes qui la traversent. Tant qu’un peu partout des personnes ne sont pas vaccinées, le virus, lui, continue de circuler et risque de muter encore plus », ajoute-t-elle.

Sur les 13 États américains ayant une frontière commune avec le Canada, 4 seulement (Vermont, Maine, New Hampshire et Pennsylvanie) ont d’ores et déjà dépassé le taux de vaccination minimal anticipé par la Maison-Blanche, indiquent les données de la Santé publique américaine, compilée par le New York Times. Trois autres (Minnesota, New York et Washington) s’apprêtent à leur emboîter le pas dans les prochains jours au rythme actuel de leur vaccination.

La bonne nouvelle pour le Canada, c’est que la plupart des États frontaliers ont dépassé ou sont sur le point d’atteindre l’objectif des 70 % de personnes vaccinées

C’est dans ce contexte que mardi, les chambres de commerce des deux côtés de la frontière ont appelé à la réouverture de la frontière à partir du 22 juin prochain, en évoquant l’obligation d’une preuve vaccinale et en appelant à la fin de la quarantaine obligatoire pour les voyageurs entrant au Canada depuis les États-Unis, a rapporté Bloomberg. La règle existe aussi pour les voyageurs d’autres pays.

Ottawa n’a pas encore fait son nid sur la question, mais jonglerait avec l’idée d’une réouverture prochaine et pas plus tard qu’à la fin du mois, selon Politico, qui cite une récente rencontre entre le ministre Bill Blair, responsable de la frontière, avec des maires de villes frontalières qui espèrent retrouver des échanges normaux avec leurs voisins du Sud. La frontière canado-américaine est fermée aux voyageurs dits non essentiels depuis le 21 mars 2020.

Justin Trudeau a fixé à 75 % de première dose et 20 % de deuxièmes doses administrées, le taux nécessaire au sein de la population canadienne pour envisager une réouverture sécuritaire de la frontière entre les deux pays.

Avec une campagne de vaccination plus tardive, le Canada a dépassé les États-Unis dans l’administration de la première dose de vaccins chez les douze ans et plus avec 71 % de sa population désormais partiellement protégée, contre 61 % de cette même population de l’autre côté de la frontière, au 7 juin. Les États-Unis restent toutefois globalement en avance sur le Canada dans l’administration de la deuxième dose, avec 50 % de sa population double vaccinée, contre 8 % au Canada.

46%
C’est le pourcentage d’Américains vaccinés dans l’État de la Louisiane, un des États où la vaccination y est la plus faible du pays.

Ce taux arbitraire de 70 % a été fixé par quelques pays qui estiment que dans l’état actuel des connaissances scientifiques, cette couverture vaccinale minimale pourrait donner le coup d’envoi à un retour à la normale et à l’allégement des mesures de contrôle de la pandémie.

Selon les projections, les États frontaliers du Dakota du Nord, de l’Idaho, du Montana, du Michigan, de l’Ohio et de l’Alaska n’y sont toujours pas arrivés. Ils devraient faire osciller leur taux de vaccination entre 54 % et 65 % seulement, au 4 juillet prochain.

Lundi, un sondage Gallup a révélé que 78 % des Américains qui n’ont pas encore été vaccinés à ce jour n’avaient pas l’intention de changer d’avis. Un quart de la population affirme ne pas vouloir profiter des vaccins disponibles pour lutter contre la pandémie. La division sur cette question est également politique : ces anti-vaccins sont surreprésentés au sein de la population votant pour les républicains.

Au rythme actuel de la vaccination aux États-Unis, le pays pourrait devoir attendre au 5 octobre prochain afin de voir 70 % de sa population vaccinée. Au Mississippi, en Louisiane, en Alabama, au Wyoming et au Tennessee, le taux de vaccination n’a pas dépassé les 50 %, à ce jour, pour des campagnes qui y ont débuté principalement en mars et malgré l’accessibilité du produit.

En Caroline du Sud, où la campagne stagne avec 51 % de la population protégée, le gouverneur républicain Henry McMaster a mis fin lundi à l’état d’urgence sanitaire estimant que la situation s’était suffisamment améliorée pour un retour à la normale.

Aux États-Unis, plusieurs scientifiques mettent en garde les autorités face à ce genre de précipitation qui, faute d’une couverture vaccinale suffisante, pourrait s’accompagner d’une résurgence des cas de contamination dès l’automne prochain.

« Le faible niveau de vaccination dans le sud des États-Unis est très inquiétant, assure Susan Hassig, car il fait peser le risque de mutations supplémentaires du virus. Ces mutations pourraient rendre la vaccination moins efficace et surtout se propager ailleurs aux États-Unis et au-delà. »

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