Trump repart à la charge contre les Dreamers

Après la gifle, Donald Trump bombe le torse. Le président américain a indiqué vendredi qu’il était prêt à amorcer de nouvelles démarches afin de faire annuler le programme de protection des Dreamers, ces non-citoyens américains arrivés dans la clandestinité sur le sol américain durant leur enfance.
La Cour suprême des États-Unis a invalidé jeudi sa première tentative de mettre au rancart le cadre légal installé il y a huit ans par Barack Obama pour régulariser la situation de plus 700 000 de ces migrants qui ont toujours vécu aux États-Unis. « Nous allons soumettre de nouveaux documents sous peu afin de répondre correctement à la décision et à la demande de la Cour suprême d’hier », a-t-il écrit sur Twitter.
Le message cherche également à jeter le blâme sur les démocrates, avec qui il prétend avoir voulu négocier le statut de ces enfants de l’immigration sortis de la clandestinité par le programme d’Action différée pour les arrivées d’enfants, le programme DACA. « Je voulais m’occuper des bénéficiaires du DACA mieux que les démocrates-qui-ne-font-rien, mais pendant deux ans, ils ont refusé de négocier. Ils ont abandonné DACA. » En 2018, le président américain a essayé en effet d’utiliser les Dreamers comme monnaie d’échange en proposant à l’opposition démocrate de leur accorder un statut définitif contre le financement de son mur à la frontière avec le Mexique au coût de 25 milliards de dollars.
Les Dreamers bénéficient d’un sursis
Jeudi, le plus haut tribunal du pays a repoussé, par 5 voix contre 4, la tentative orchestrée par la Maison-Blanche de mettre fin à la protection des Dreamers. Le jugement garantit leur maintien en sol américain en leur permettant entre autres de conserver leur numéro d’assurance sociale, clef de voûte pour travailler, étudier ou obtenir un permis de conduire dans ce pays.
« Il s’agit effectivement d’une gifle infligée au président, résume en entrevue au Devoir le professeur de droit Michael Krauss, de la George Masson University, en Virginie. Toutefois, huit juges sur neuf ont convenu que le président a le droit de faire cesser le programme DACA. La majorité a tout simplement conclu que le président n’avait pas donné de raisons suffisantes pour justifier sa décision, ce que la loi fédérale américaine exige. »
La Cour suprême a qualifié de « capricieuse » et d’« arbitraire » la volonté de mettre fin au programme DACA par la Maison-Blanche. Elle a toutefois reconnu que rien n’empêchait le département de la Sécurité intérieure, qui mène la charge à la demande du président, de poursuivre ses démarches. « Les Dreamers bénéficient d’un sursis », dit M. Krauss, qui doute par ailleurs des intentions du président américain de repartir en guerre contre ce programme, particulièrement dans une année électorale. « À mon avis, c’est partie remise jusqu’après les élections. »
L’utilisation de ces migrants à des fins électorales, comme il l’avait fait en 2016, demeure en effet un pari politiquement risqué cette année, alors que le président américain plonge dans les sondages. Sa gestion de la crise de la COVID-19 et son manque d’empathie face aux mouvements sociaux générés par la mort de George Floyd l’expliquent en partie. Pour rappel, Floyd a été tué par des policiers blancs à Minneapolis le 25 mai dernier. Un sondage Politico-Morning Consult diffusé cette semaine indique en effet que 68 % des républicains souhaitent que les Dreamers soient protégés contre l’expulsion.