Après Sanders, Biden reçoit l’appui d’Obama

Depuis plusieurs semaines, Barack Obama est très actif dans les coulisses du Parti démocrate pour éviter la réécriture du scénario de 2016 et l’affaiblissement du candidat Biden.
Photo: J. Scott Applewhite / POOL / AFP Depuis plusieurs semaines, Barack Obama est très actif dans les coulisses du Parti démocrate pour éviter la réécriture du scénario de 2016 et l’affaiblissement du candidat Biden.

Ces soutiens devraient favoriser l’unification des démocrates dans ce contexte de campagne quasi à l’arrêt en raison du virus et à la veille de la joute finale contre Donald Trump.
 

Au lendemain de l’appui accordé par Bernie Sanders à Joe Biden dans la course à l’investiture démocrate, l’ex-vice-président et seul candidat en lice pour affronter Donald Trump en novembre prochain a reçu mardi le soutien remarqué de Barack Obama. Un geste calculé qui vise à favoriser une reconstruction rapide de l’unité au sein du parti, et ce, à la veille d’une joute électorale que la crise sanitaire en cours aux États-Unis risque de rendre un peu plus compliquée.

« L’appui simultané de Sanders et d’Obama va certainement aider le parti à se rassembler plus vite, a indiqué mardi au Devoir le stratège démocrate Jeff Link depuis Des Moines, en Iowa. La menace d’un deuxième mandat pour Donald Trump va agir de la même façon sur cette recherche d’unité. Mais les démocrates vont devoir également faire face à d’importants défis pour y arriver. »

Mardi, dans une vidéo de 12 minutes filmée depuis sa résidence de Washington, l’ex-président américain a formellement accordé toute sa confiance à son ex-vice-président en vue du prochain scrutin présidentiel américain. Jusqu’à maintenant, Joe Biden a refusé un tel soutien, y compris durant ses premiers pas difficiles dans les primaires démocrates, préférant décrocher cette investiture « par [lui-]même », disait-il.

« Joe a le tempérament et l’expérience pour nous aider à traverser ces temps sombres et à nous en remettre », a dit Barack Obama tout en rappelant la contribution du politicien qui a présidé en 2008 à la mise en place de mesures pour surmonter l’importante crise économique planétaire qui a durement frappé les États-Unis. À la demande d’Obama, Joe Biden avait alors piloté la mise en place de la « Recovery Act », une loi visant à sauvegarder plusieurs millions d’emplois dans des secteurs névralgiques.

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Barack Obama a profité de ce message pour saluer le travail accompli par Bernie Sanders, un « authentique Américain » qui « a consacré sa vie à donner une voix aux espoirs, aux rêves et aux frustrations des travailleurs ». Il a également, sans jamais le nommer, attaqué la crédibilité de l’actuel président. « Cette crise nous a rappelé l’importance du gouvernement, d’un bon gouvernement, a-t-il dit, mais aussi que les faits et la science, que le respect des lois sont importants et qu’avoir des dirigeants informés et honnêtes, qui cherchent à rassembler plutôt que de diviser les gens, compte. »

Depuis plusieurs semaines, Barack Obama est très actif dans les coulisses du Parti démocrate pour éviter la réécriture du scénario de 2016 et l’affaiblissement du candidat Biden au terme d’une course à l’investiture qui a opposé le courant modéré de Biden aux forces progressistes et jeunes porteuses de la candidature de Bernie Sanders. L’ex-président américain aurait d’ailleurs eu quatre longues conversations avec le sénateur du Vermont dans les jours qui ont précédé son retrait définitif de la course la semaine dernière.

Pour le politicologue Aleksander Ksiazkiewicz, spécialiste de la politique américaine à l’Université de l’Illinois, ce désistement du socialiste autoproclamé, suivi par son appui sans équivoque au dernier candidat dans la course, devrait avoir son effet positif sur l’unification du parti. « Les militants progressistes qui ont un fort attachement à leur identité démocrate vont plus facilement accepter la candidature de Biden, dit-il. Ceux ayant un attachement moins fort attendaient sans doute un signal de Sanders avant de se décider. »

Mais il reste encore une inconnue dans l’équation : « Une petite partie des soutiens de Sanders pourrait décider de se tourner vers Donald Trump, ajoute-t-il, particulièrement les militants dont la principale motivation était d’appuyer un candidat perturbateur face à ce qu’il considère être l’establishment. »

La pandémie fait des soins de santé un enjeu politique saillant, ce qui est généralement à l’avantage des démocrates qui sont considérés comme les “gardiens” de ces enjeux

 

Enjeux à venir

L’investiture démocrate a beau être jouée, les défis à venir restent nombreux, estime Jeff Link. « Joe Biden va devoir choisir la bonne personne pour sa vice-présidence, dit-il. En promettant d’opter pour une femme, il est déjà sur la bonne voie. »

Mardi, un sondage mené pour le compte du groupe de pression BlackPAC a révélé que l’ex-vice-président s’assurerait d’un plus fort appui des électeurs démocrates dans plusieurs États clés, dont la Floride et le Michigan, s’il se présentait au côté d’une candidate afro-américaine. Les noms de Kamala Harris, sénatrice de la Californie, et de Stacey Abrams, aspirante gouverneure de la Géorgie, sont régulièrement évoqués dans la formation de ce ticket démocrate.

Un ticket qui va devoir toutefois avancer sur une route incertaine : « Le Parti démocrate doit trouver une façon de faire campagne dans le contexte de la pandémie, dit Jeff Link, mais également assurer un équilibre entre les critiques faites à Donald Trump et le soutien aux efforts pour combattre le coronavirus », et ce, dans un climat général qui pourrait lui être de plus en plus favorable.

« La pandémie fait des soins de santé un enjeu politique saillant, dit Aleksander Ksiazkiewicz, ce qui est généralement à l’avantage des démocrates qui sont considérés comme les “gardiens” de ces enjeux. La façon dont les électeurs perçoivent la responsabilité de la pandémie et la manière dont la riposte est gérée va aussi jouer un grand rôle dans la décision finale. »

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