Réunir les familles séparées, une tâche compliquée

Les familles séparées par les autorités américaines vont mettre du temps à être réunies, même après le revirement du président Donald Trump, des avocats dénonçant une situation chaotique.
« Les parents à qui je parle sont complètement désemparés à l’idée de ne pas savoir où se trouvent leurs enfants », explique à l’AFP Jodi Goodwin, avocate spécialisée dans l’immigration au Texas.
Plus de 2300 enfants ont été séparés de leurs parents migrants entre le 5 mai et le 9 juin au moment de franchir la frontière illégalement, selon les chiffres du gouvernement fédéral américain.

Pour autant, la volte-face de M. Trump est loin de résoudre immédiatement la crise humanitaire qui sévit depuis plusieurs semaines. D’autant que, si le dossier des parents n’est pas réglé dans les 72 heures, les enfants sont envoyés dans des centres du ministère de la Santé parfois jusqu’à New York, à des milliers de kilomètres de la frontière.
« Le seul fait qu’il soit si difficile de savoir exactement où se trouvent les parents et où se trouvent les enfants » empêche une résolution rapide du problème, relève Mme Goodwin, citant l’exemple de six demandeurs d’asile ayant perdu la trace de leurs enfants depuis des semaines.
D’après elle, l’organisme ayant pris en charge les enfants ne dispose pas d’un système pour se synchroniser avec les autorités migratoires qui détiennent les parents et assurer ainsi une fluidité des informations. « Le système est très désorganisé, chaotique », affirme l’avocate.
Système chaotique
Les avocats rappellent que la séparation familiale à la frontière existe depuis plusieurs années, mais qu’elle a pris de l’ampleur ces dernières semaines avec une application systématique.
Ils accueillent sans grand enthousiasme le décret de M. Trump car, selon eux, il ne fait qu’allumer un autre incendie en n’éliminant pas la détention arbitraire ni la détention des enfants.
« Séparer les enfants de leurs parents est atroce et révoltant, mais les placer en détention avec eux est aussi atroce et révoltant, même s’ils sont détenus avec leurs parents », estime Andrea Guttin, directrice juridique de l’ONG de défense des immigrés Houston Immigration Legal Services Collaborative.
Elle souligne que le décret ne mettra pas un terme à la séparation de grands-parents arrivés avec leurs petits-enfants, de fratries non accompagnées d’un adulte ou d’oncles venus avec leurs neveux, par exemple.