La candidate à la tête de la CIA promet de ne pas reprendre les programmes de torture

Gina Haspel doit succéder à Mike Pompeo, nommé secrétaire d'État.
Photo: Mandel Ngan Agence France-Presse Gina Haspel doit succéder à Mike Pompeo, nommé secrétaire d'État.

La CIA ne reprendra pas le programme d'interrogatoires poussés introduit après les attentats du 11-Septembre et assimilé à de la torture, même sur ordre du président, a assuré mercredi au Congrès Gina Haspel, choisie par Donald Trump pour diriger l'agence américaine de renseignement.

 

Âgée de 61 ans – celle qui a passé 33 ans au sein de l'agence basée à Langley (Virginie) et deviendrait la première femme à la diriger – a créé la polémique pour avoir dirigé pendant au moins une partie de l'année 2002 une prison secrète de la CIA en Thaïlande, où les détenus suspectés d'appartenir à Al-Qaïda étaient fréquemment torturés.

 

« Je peux vous assurer de mon engagement personnel et sans réserve, que sous ma direction la CIA ne reprendra pas un tel programme d'interrogatoire et de détention », a-t-elle affirmé devant une commission sénatoriale chargée de valider sa candidature.

 

Ces séances incluaient des simulacres de noyade (waterboarding), une technique illégale selon le code militaire, mais qui figurait parmi celles « autorisées par les plus hautes autorités judiciaires et aussi par le président » George W. Bush.

 

Elles ont été définitivement bannies par son successeur, Barack Obama. 

 

« Mon code moral est solide. Je ne permettrais pas à la CIA de poursuivre des activités que j'estimerais immorales, même si elles étaient techniquement légales », a-t-elle assuré, alors qu'un sénateur lui demandait si elle obéirait à un ordre du président dans ce sens.

 

Après les attentats du 11-Septembre, « nous étions chargés de nous assurer que le pays ne soit plus attaqué », a-t-elle souligné. « Mes collègues et moi au sein de l'antiterrorisme avons travaillé aussi dur que possible avec les outils à notre disposition pour nous assurer que notre mission serait couronnée de succès ».

 

Elle a également défendu la décision de détruire une centaine de cassettes vidéo montrant les interrogatoires poussés d'un suspect, en raison des risques pour la sécurité des agents qui pouvaient être identifiés sur les images.

 

« Bien élevée »

Gina Haspel bénéficie du soutien total de Donald Trump.

 

« Ma très respectée candidate pour diriger la CIA est saluée, car elle a été et sera toujours DURE CONTRE LE TERRORISME! », avait tweeté mardi le président américain.

 

Depuis 2016, Donald Trump a eu des déclarations contradictoires sur la torture. Il la défend à titre personnel, mais a conditionné un éventuel retour à un avis de son ministre de la Défense, Jim Mattis, qui y est opposé.

 

Mais parmi les 13 membres de la commission sénatoriale du Renseignement (7 républicains, 6 démocrates), certains se sont dits sceptiques sur la capacité de Mme Haspel d'accomplir sa mission en toute indépendance.

 

La session a été plusieurs fois interrompue par des opposants à sa nomination, qui l'ont qualifié de « tortionnaire ». Elle se poursuivra à huis clos dans l'après-midi pour répondre aux questions sur des sujets classifiés.

 

La décision de la commission pourrait être annoncée la semaine prochaine et informera le vote – espéré par les républicains d'ici la fin du mois de mai – de la chambre haute du Congrès, où les républicains disposent d'une courte majorité (51 contre 49). Une éventuelle défection de voix dans le camp gouvernemental pourrait donc coûter sa confirmation à Mme Haspel.

 

Vêtue d'une veste beige, les cheveux bruns jusqu'aux épaules, elle a profité de cette audition pour dévoiler quelques détails de sa longue carrière au sein de services clandestins de la CIA.

 

Elle a ainsi dit avoir « excellé à trouver des informations confidentielles obtenues de la main à la main, dans des cachettes ou par des rencontres dans des rues sombres de capitales du tiers-monde ».

 

« Mes parents m'ont bien élevée, je sais faire la différence entre le bien et le mal », a-t-elle souligné, se présentant comme la fille d'un militaire de l'US Air Force née dans le Kentucky (sud) et issue de la classe moyenne américaine. Elle a suivi son père au gré de ses déploiements à l'étranger avant d'intégrer l'agence en janvier 1985. 

 

Elle y a gravi tous les échelons, passant d'officier traitant en Afrique à chef de poste en Europe et en Asie, jusqu'au centre antiterroriste de l'Agence, qu'elle rejoint le 11 septembre 2001, alors que plusieurs attentats à New York et Washington faisaient près de 3000 morts. 

 

Onze ans plus tard, elle a été nommée directrice adjointe des opérations clandestines mondiales, puis directrice-adjointe de la CIA en 2017. Elle doit succéder à Mike Pompeo, nommé secrétaire d'État.

 

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