La Californie, «refuge» des clandestins, accuse Trump de vouloir la «guerre»

Sacramento — La Californie a accusé mercredi le gouvernement Trump de vouloir « entrer en guerre » après une plainte déposée par le ministère de la Justice contre des lois protégeant les clandestins vivant dans cet État des arrestations par la police fédérale de l’immigration.
Le ministère a porté plainte mardi soir, estimant que la Constitution américaine « n’autorise pas [cet État] à faire obstruction à la capacité des États-Unis d’appliquer les lois votées au Congrès ou d’agir selon la Constitution ».
« La Californie utilise tous les pouvoirs qu’elle a — et parfois qu’elle n’a pas — pour gêner l’application de la loi fédérale. Vous pouvez être sûrs que je vais utiliser tous mes pouvoirs pour arrêter ça », a affirmé le ministre Jeff Sessions lors d’un discours devant des responsables de la police à Sacramento.
« Refuser d’appréhender et d’expulser [les clandestins], en particulier les éléments criminels, va en effet à l’encontre de toutes les lois sur l’immigration et cela crée un système de frontières ouvertes. L’ouverture des frontières est une idée extrémiste, irrationnelle, que nous ne pouvons pas accepter », a ajouté M. Sessions.
Le ministre de la Justice est considéré comme un faucon en matière d’immigration, comme M. Trump, qui veut limiter l’immigration légale et expulser les clandestins, souvent assimilés à des criminels.
Le gouverneur démocrate de Californie, Jerry Brown, qui se trouvait aussi à Sacramento, a accusé en retour M. Sessions de vouloir « entrer en guerre contre l’État de Californie, le moteur de l’économie américaine ». « Ce n’est pas sage, ce n’est pas juste et ça n’aboutira pas », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
La très tolérante et libérale Californie se veut l’antithèse de l’Amérique de Donald Trump sur de nombreux sujets, de la protection des clandestins à la lutte contre le réchauffement climatique en passant par la légalisation du cannabis.
L’État le plus riche et le plus peuplé des États-Unis accueille environ un quart des quelque 11 millions de clandestins, dont de nombreux « Dreamers », ces jeunes entrés illégalement aux États-Unis avec leurs parents quand ils étaient enfants.
Le « Golden State » a été déclaré « État refuge » en octobre par M. Brown et un juge de San Francisco a bloqué en janvier l’abrogation par le président du statut temporaire protégeant de l’expulsion les 700 000 « Dreamers » vivant aux États-Unis.
La plainte marque un nouveau pas dans le conflit entre M. Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une de ses priorités, et les collectivités locales qui refusent de coopérer avec la police de l’immigration pour l’aider à arrêter les sans-papiers. À travers le pays, quelque 400 villes ou comtés se sont déclarés refuges, dont New York, Chicago, San Francisco et Oakland.