Trump se fait colombe au Vatican, faucon à Bruxelles

Quelques heures après l’appel à « la paix » lancé mercredi au Vatican avec le pape François, Donald Trump, qui participera jeudi à son premier sommet de l’OTAN, a promis à Bruxelles de « remporter la bataille » contre le terrorisme.
« C’est l’honneur d’une vie de rencontrer Sa Sainteté le pape François. Je quitte le Vatican plus déterminé que jamais à oeuvrer pour la paix dans notre monde », a twitté le président américain à l’issue de ce face-à-face d’une demi-heure, entre deux hommes aux antipodes.
Honor of a lifetime to meet His Holiness Pope Francis. I leave the Vatican more determined than ever to pursue PEACE in our world. pic.twitter.com/JzJDy7pllI
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 mai 2017
« Merci, merci, je n’oublierai pas ce que vous avez dit », avait-il lancé un peu plus tôt en prenant congé de son hôte, s’exclamant ensuite : « C’est vraiment quelqu’un ! »
Le Vatican s’est limité à un bref communiqué au langage très policé, évoquant des « discussions cordiales » et « la satisfaction de bonnes relations bilatérales ».
Et le pape a voulu pointer un « engagement commun en faveur de la vie et de la liberté religieuse et de conscience ».
M. Trump a autorisé des entreprises à refuser de financer la prise en charge de la contraception de leurs employés, bloqué le financement d’ONG internationales soutenant l’avortement et nommé à la Cour suprême un juge conservateur étiqueté antiavortement.
De quoi contenter la moitié conservatrice de l’électorat catholique qui a voté pour lui, mais aussi le pape. Car malgré son image de révolutionnaire, François reste un strict gardien du dogme.

Les deux hommes ont aussi échangé sur « la promotion de la paix dans le monde », dont « le dialogue interreligieux » au Moyen-Orient et Donald Trump a promis d’affecter 300 millions de dollars à la lutte contre la famine.
Le Saint-Siège s’est permis seulement une vague allusion aux barrières à l’immigration, point de discorde le plus flagrant entre le président américain et le pape.
De prime abord, pourtant, les sujets de dissension sont innombrables.
Le pape, pourfendeur de la prolifération des armes et du libéralisme qui exclut les plus faibles, a-t-il évoqué les contrats de 110 milliards de dollars de vente d’armement signés samedi à Riad ou les coupes budgétaires prévues aux États-Unis dans les programmes sociaux ? Ou encore la question du changement climatique ? Mystère.
Le président républicain a offert au pape les cinq livres écrits par Martin Luther King, dont l’un signé de la main du prix Nobel de la paix.
François a pour sa part remis à M. Trump un médaillon symbole de paix. « Je vous le donne pour que vous soyez un instrument de paix », a-t-il expliqué.
Avec ce rendez-vous, le président américain clôture son tour des trois grandes religions monothéistes, après un discours sur l’islam en Arabie saoudite et une visite au mur des Lamentations à Jérusalem.
Visite éclair à la réunion de l’OTAN
Deux heures après cette rencontre, son avion présidentiel Air Force One se posait à Bruxelles, placée sous haute sécurité, pour une visite éclair de 30 heures, dans une ville qu’il qualifia de « trou à rat ».
Au programme, rencontre avec les dirigeants de l’Union européenne et des chefs d’État, puis participation jeudi après-midi à sa première réunion de l’OTAN.
Nous allons remporter cette bataille [contre le terrorisme].
À Bruxelles, ses critiques contre l’Alliance atlantique, qu’il avait jugée « obsolète » avant de se rétracter, ont semé le trouble.
Signe de leur bonne volonté, les dirigeants des États membres de l’OTAN décideront jeudi de rejoindre formellement la coalition internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, selon une source diplomatique.
Une demande réitérée depuis plus d’un an par les États-Unis, qui dirigent cette coalition.
Selon Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine, Donald Trump demandera aussi à nouveau aux Alliés d’augmenter leurs dépenses militaires. « Vous pouvez vous attendre à ce que le président soit très dur avec eux », a-t-il déjà prévenu.
Le président américain a été reçu dès son arrivée par le roi des Belges, Philippe, puis par le premier ministre belge Charles Michel, avec qui il a évoqué l’attentat « horrible », « inconcevable » de Manchester, qui a fait 22 morts lundi en Grande-Bretagne.
« Nous allons remporter cette bataille » contre le terrorisme, a lancé M. Trump à son hôte, estimant que d’« énormes progrès » avaient déjà été réalisés.
Dans le même temps, plusieurs milliers de personnes — 6000 selon la police, 10 000 selon les organisateurs — se rassemblaient à Bruxelles dans une ambiance bon enfant pour protester contre sa venue et contre la politique de l’OTAN.

Jeudi, le président américain rencontrera notamment le président du Conseil européen, Donald Tusk, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le nouveau président français Emmanuel Macron — pour des échanges « très directs », a promis l’Élysée.