Trump toujours en quête d'un chef de la diplomatie

Les soutiens les plus fervents du président désigné disent ces jours-ci tout le mal qu’ils pensent de Mitt Romney.
Photo: Don Emmert Agence France-Presse Les soutiens les plus fervents du président désigné disent ces jours-ci tout le mal qu’ils pensent de Mitt Romney.

Donald Trump cherche son chef de la diplomatie. Mais le prochain président américain hésite entre le républicain modéré Mitt Romney, l’ancien patron déchu de la CIA David Petraeus ou le sénateur respecté Bob Corker.

De son côté, le secrétaire d’État sortant John Kerry a exhorté le milliardaire populiste à préserver l’héritage en politique étrangère de l’administration de Barack Obama. Qu’il s’agisse du changement climatique, de la non prolifération nucléaire ou du libre échange.

Troisième personnage de l’exécutif, voix et visage de l’Amérique dans le monde, ce poste de patron du département d’État — ministère des Affaires étrangères de 70 000 personnes et premier réseau diplomatique de la planète — fait l’objet d’une âpre bataille.

Les consultations qu’a menées le président élu durant le week-end de Thanksgiving dans son club privé de Floride, les tractations qu’il poursuit cette semaine dans le secret de sa Trump Tower de Manhattan doivent déboucher sur les nominations des principaux ministres : Affaires étrangères mais aussi Défense et Trésor.

Pour ce dernier portefeuille, l’ancien banquier d’affaires Steven Mnuchin tient toujours la corde et sa nomination pourrait intervenir rapidement selon plusieurs médias américains. M. Trump s’apprête aussi à nommer Wilbur Ross, un patron spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficultés, au Commerce, affirme le Wall Street Journal.

Le président élu a officialisé mardi la désignation d’un élu républicain anti-avortement et opposant à la réforme de l’assurance maladie Obamacare, Tom Price, comme ministre de la Santé.

Il a aussi nommé Elaine Chao, ancienne ministre du Travail sous George W. Bush, aux Transports. Mme Chao est par ailleurs l’épouse du chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell.

La plus grande incertitude entoure toutefois l’identité du futur chef de la diplomatie. À cet égard, l’option Mitt Romney, candidat républicain malheureux à la présidentielle de 2012, cacique bon teint de 69 ans, permettrait à Donald Trump de rassurer des diplomates du département d’État, les centristes du parti républicain et les pays alliés des États-Unis.

Trump « charlatan »

Mais cet ancien homme d’affaires de l’Utah, ex-gouverneur du Massachusetts, que l’on compare dans le style à John Kerry, n’a pas de pedigree diplomatique et il avait traité le candidat Trump de « charlatan » et d’« imposteur ».

Les deux hommes ne sont pas non plus d’accord sur la Russie, la clé du moment dans les relations internationales : le prochain président veut se rapprocher du chef du Kremlin Vladimir Poutine, alors que M. Romney pensait dès 2012 que Moscou était le premier ennemi géopolitique de Washington.

Ils devaient se revoir mardi soir et dîner ensemble à New York après avoir visiblement enterré la hache de guerre il y a dix jours.

Mais les soutiens les plus fervents du président élu disent ces jours-ci tout le mal qu’ils pensent de Mitt Romney.

Autre pressenti, le général David Petraeus, 64 ans, qui commanda les théâtres d’opérations en Irak et en Afghanistan, avant de diriger la CIA en 2011 et 2012 puis de tomber en disgrâce en raison d’une aventure extraconjugale. Il a depuis plaidé coupable d’avoir transmis des informations confidentielles à sa maîtresse et biographe, Paula Broadwell, ce qui lui a valu en 2015 deux ans de mise à l’épreuve et 100 000 dollars d’amende.

« Très impressionné » par Petraeus

Reçu lundi à la Trump Tower, M. Petraeus a trouvé que le président élu « avait fait preuve d’une grande connaissance des divers défis » des États-Unis. M. Trump a répondu dans un tweet qu’il avait été « très impressionné » par le général qui devra passer devant le Sénat pour confirmer une éventuelle nomination.

D’ailleurs, le sénateur républicain Lindsey Graham s’est dit « grand fan » du militaire, son collègue John McCain « aimerai[t] que ce soit lui » et même la sénatrice démocrate Dianne Feinstein a exprimé son « plus grand respect ».

Mais pour le directeur de la communication de M. Trump, Jason Miller, « il est un peu prématuré » de hisser M. Petraeus à la tête de la diplomatie de la première puissance mondiale.

D’autres plaisent aussi au prochain président.

Rudolph Giuliani, 72 ans, soutien de la première heure de Donald Trump mais sans expérience en politique étrangère, a toujours pensé que le poste devait naturellement lui revenir. Cet ancien procureur est mondialement célèbre depuis qu’il a été maire à poigne de New York (1994-2001).

Enfin, Bob Corker, très respecté à Washington et qui préside l’influente commission des Affaires étrangères du Sénat, un poste qu’a occupé John Kerry, est revenu dans la course.

De son côté, dans un plaidoyer pro domo, M. Kerry a promis à l’administration Trump un « sacré débat au cours des prochaines années » en cas de réorientation de la diplomatie américaine : « Il est essentiel que nous ne tournions pas le dos à nos alliances, nos amitiés et nos principes », a-t-il mis en garde.

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