«Michelle Obama à la présidence!»

Michelle Obama a prononcé un discours fort remarqué jeudi dans l’État du New Hampshire.
Photo: Jim Cole Associated Press Michelle Obama a prononcé un discours fort remarqué jeudi dans l’État du New Hampshire.

Nouvelle semaine, nouveaux scandales. La campagne de Donald Trump a implosé après d’autres allégations de comportements déplacés envers des femmes. Retour sur des jours houleux qui ont vu Michelle Obama mener une charge retentissante pour la campagne d’Hillary Clinton.

Dans la cacophonie électorale ambiante, une présence forte a émergé, jeudi, dans la petite ville de Manchester (New Hampshire) : celle de Michelle Obama. La première dame des États-Unis s’est distinguée une fois de plus comme l’arme électorale la plus redoutable d’Hillary Clinton. Au point où des démocrates rêvent à une candidature de Michelle Obama à la présidence, dans quatre ans.

Hillary Clinton s’est faite discrète cette semaine. Un peu comme si elle laissait Donald Trump s’autodétruire. La critique la plus retentissante des dérives de Trump est venue de la première dame, dans son fameux discours à Manchester, jeudi. Plutôt que de simplement tirer sur le candidat républicain, elle a élargi le débat : la First Lady a décrit Trump comme une anomalie pure et simple dans la démocratie américaine.

« Michelle Obama : la substitut de Clinton qui peut venir à bout de Trump », a titré une analyse de CNN, vendredi. Kevin Liptak, producteur de la chaîne télé à Washington, rappelle que deux des discours les plus importants de la campagne Clinton ont émané de Michelle Obama.

Bien avant sa sortie remarquée cette semaine, la première dame avait volé la vedette durant la convention démocrate, en juillet, à Philadelphie. Michelle Obama a même accouché du slogan non officiel de Clinton : « Quand ils s’abaissent, on s’élève [When they go low, we go high]. »

Michelle Obama est le meilleur espoir des démocrates qui tentent de ressusciter la coalition de jeunes, de femmes, de Noirs et de Latino-Américains qui a envoyé son mari à la Maison-Blanche en 2008 et en 2012. Pas pour rien qu’on entend des partisans crier son nom dans les rassemblements : « Michelle Obama for President ! »
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Nombre de femmes qui ont affirmé au cours des derniers jours avoir été touchées, empoignées ou embrassées contre leur gré par Donald Trump

Il faut rappeler ici à quel point une partie importante de l’électorat est allergique à Hillary Clinton. Elle et Trump sont considérés comme deux des aspirants présidents les plus détestés de l’histoire du pays. La crainte du camp Clinton, c’est que les électeurs démocrates restent chez eux le jour du scrutin, surtout si l’avance de la candidate sur son rival républicain paraît insurmontable.

Une attitude « étrange » durant le débat

Parlant d’Hillary Clinton, elle est apparue à l’émission d’Ellen DeGeneres, vendredi. La candidate démocrate est revenue sur l’attitude « étrange » de Donald Trump durant le débat télévisé tenu dimanche dernier. Il suivait Clinton pas à pas lorsqu’elle se déplaçait pour répondre aux questions des électeurs rassemblés dans le studio.

« Il était tout à l’envers à cause des révélations de la vidéo d’Access Hollywood, a raconté Clinton. Il essayait de se montrer dominant et il m’a littéralement suivie [stalked] partout sur la scène. C’était tellement bizarre. Je sentais sa présence derrière moi. Je me suis dit : c’est vraiment weird. »

Dans le cerveau de Donald Trump

Comment expliquer la campagne abracadabrante de Donald Trump ? Ses excès, son caractère imprévisible, improvisé, chaotique. Ses propos racistes et sexistes, ses mensonges. C’est simple : Trump a toujours été comme ça. Il est fidèle à lui-même. La seule différence avec le passé, c’est que plus de gens connaissent désormais le personnage. Le magazine Politico est parvenu à cette conclusion après un long entretien avec cinq biographes de Donald Trump.

Plusieurs amis et experts de la politique m’ont prévenu que cette campagne serait un voyage en enfer. Ils ont tort. Ce sera un voyage au paradis, parce que nous aiderons tellement de gens qui ont tellement besoin d’aide.


Wayne Barrett, Gwenda Blair, Michael D’Antonio, Harry Hurt et Timothy O’Brien ont étudié en profondeur le personnage Trump pour publier des biographies entre les années 1992 et 2015. Ils ne sont aucunement surpris par la tournure de la campagne de Trump.

« Cette campagne n’est pas un spectacle. Ce n’est pas une pièce de théâtre. Trump est l’homme qu’ils ont décrit dans leurs livres », indique Politico.

Cet homme est « profondément narcissique » et « prêt à aller plus loin que jamais pour satisfaire son ego », affirment ses biographes. « Un homme très dangereux pour les trois ou quatre prochaines semaines [jusqu’au scrutin du 8 novembre] », préviennent-ils. Trump a connu des échecs dans le passé, mais, cette fois, « il se dirige vers sa défaite la plus cuisante ».

Il s’en remettra sans doute, parce qu’il aura une place dans l’histoire des États-Unis, soulignent les « trumpologues ». Être célèbre, c’est tout ce qui compte pour Trump. Même si on se souvient de lui pour les mauvaises raisons.

Blâmer l’arbitre avant la fin du match

Au cours des derniers jours, Donald Trump a mis de l’avant une série de raisons pour expliquer sa campagne vacillante. Il a déclaré la guerre à son propre parti, puis a blâmé « l’élite corrompue », les médias et même le FBI, le ministère de la Justice et le procureur général des États-Unis. Surtout, il se plaint régulièrement que « le système est truqué » en sa défaveur. Des analystes commencent même à se demander si Trump reconnaîtrait son éventuelle défaite le 8 novembre au soir.
Photo: Jim Cole Associated Press Michelle Obama a le potentiel de séduire la coalition de jeunes, de femmes, de Noirs et de Latinos qui a envoyé son mari à la Maison-Blanche.

À force de mettre en doute l’intégrité du système électoral, Trump menace les fondements de la démocratie, a fait valoir Barack Obama, vendredi. « C’est comme s’il cherchait des excuses pour expliquer sa défaite en plein milieu d’un match, a réagi le président. Quand on est un dur-à-cuire, on ne cherche pas d’excuses, on ne se plaint pas du travail de l’arbitre avant la fin de la partie. »

À surveiller cette semaine, le troisième et dernier débat entre Donald Trump et Hillary Clinton, mercredi à 21 heures (heure du Québec). L’affrontement, d’une durée de 90 minutes, prendra place à l’Université de Las Vegas.

 

Ce texte fait partie de notre section Perspectives.

 

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