Le parcours trouble du tireur

Qu’avait en tête Omar Seddique Mateen, 29 ans lorsqu’il s’est engouffré armé d’un fusil d’assaut et d’une arme de poing dans le Pulse, cette boîte de nuit gaie d’Orlando ? Le tireur venait d’appeler les secours américains avant de passer à l’acte, pour annoncer qu’il prêtait allégeance au groupe armé État islamique, selon NBC.
Violence conjugale
Sa famille, elle, lui reconnaît bien des travers, mais jure que son acte n’était en rien lié à la religion, alors que le FBI a révélé l’avoir interrogé à deux reprises — sans suite — en raison « d’éventuels liens avec des terroristes ».
Né à New York en 1986, le jeune homme déménage par la suite avec sa famille en Floride, où il entreprend des études de droit à l’Université d’État Indian River. En 2009, il se marie une première fois, et divorcera en 2011.
Sous couvert de l’anonymat, son ex-épouse, originaire d’Afghanistan, a confié au Washington Post avoir été régulièrement battue par son ex-mari du temps où ils vivaient dans un deux-pièces à Fort Pierce, en Floride. « Il me battait. Il rentrait à la maison et se mettait à me frapper parce que la lessive n’était pas faite, ou des choses de ce genre », raconte-t-elle, ajoutant qu’« il n’était pas une personne stable ».
Pas très religieux
Mais le changement s’est opéré par petites touches, confie-t-elle. « Il semblait normal » dans les premiers temps, pas très religieux, souvent à la salle de sport, selon son ex-femme qui se souvient de photos d’Omar Seddique Mateen déguisé en policier new-yorkais. À l’époque, il travaille comme gardien dans un établissement pour délinquants juvéniles et possède de ce fait un permis de port d’arme.

Ses deux interrogatoires par le FBI datent eux de 2013 et 2014, mais l’enquête est refermée faute d’éléments.
Comment expliquer, dès lors, ce soudain et terrible dénouement ? « Nous étions dans le centre-ville de Miami […], les gens jouaient de la musique. Et il a vu deux hommes qui s’embrassaient devant les yeux de sa femme et de son enfant, et il est devenu très énervé », a confié le père du suspect, Mir Seddique, à la chaîne NBC, plaidant un coup de sang envers les homosexuels.
« Ils s’embrassaient et se touchaient et il a dit : “Regarde ça. Devant mon fils, ils font ça”», a-t-il ajouté, assurant que la fusillade de dimanche n’avait « rien à voir avec la religion ».
L’ex-femme d’Omar Mateen, elle, avait senti la violence monter. Au point d’appeler à l’aide les parents de son ancien mari face aux violences répétées.
Ces derniers ont fini par l’exfiltrer de l’appartement conjugal. Et elle n’a plus jamais revu l’homme à l’origine du massacre d’Orlando. « Ils ont littéralement sauvé ma vie », dit-elle de ses beaux-parents de l’époque.
D’autres n’ont pas eu cette chance.