Washington évite la crise in extremis

Le Capitole, à Washington, a été mercredi le lieu d’intenses négociations entre parlementaires.
Photo: Agence France-Presse (photo) Karen Bleier Le Capitole, à Washington, a été mercredi le lieu d’intenses négociations entre parlementaires.

Le Sénat a voté mercredi soir un relèvement du plafond de la dette américaine, permettant au Trésor de payer ses factures au moins jusqu’au 7 février et d’éviter le défaut de paiement qui menaçait. Les services du gouvernement fédéral, paralysés depuis le 1er octobre, recevront par ailleurs les fonds nécessaires pour fonctionner normalement jusqu’à la mi-janvier. La Chambre des représentants devait emboîter le pas au Sénat quelques heures plus tard, mettant fin à deux semaines de crise.

 

Le compromis intervenu entre les deux grands partis prévoit en outre la mise sur pied d’une commission pour négocier un budget pour 2014.

 

La Chambre haute, où un compromis avait été atteint dès midi, n’est passée au vote que vers 19 h. Le texte a été adopté par une majorité de 81 contre 18.

 

La confiance

 

« Il faudra regagner la confiance des Américains que nous avons perdue au cours des dernières semaines », a averti le président, Barack Obama, après le vote à la Chambre haute. Tout en invitant les parlementaires à « perdre l’habitude de gouverner de crise en crise », le chef de la Maison-Blanche s’est dit prêt à travailler avec ses adversaires politiques pour relancer l’économie et adopter un budget pour 2014. « Je n’ai jamais dit que les démocrates détenaient le monopole des bonnes idées », a-t-il ajouté.

 

« Nous nous sommes battus pour la bonne cause, mais nous n’avons pas gagné », avait déclaré en après-midi à la radio le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, John Boehner. « Bloquer l’accord bipartite obtenu aujourd’hui par les membres du Sénat n’est pas notre stratégie. »

 

Les Bourses américaines ont clôturé en hausse mercredi, tablant sur l’imminence d’une entente au Congrès et ne se laissant pas démonter par l’avertissement lancé mardi par l’agence Fitch.

 

Mardi, le Sénat était déjà proche d’une entente quand la Chambre des représentants a présenté un premier plan, que les sénateurs n’auraient pas pu accepter, puis un second, quecette fois les radicaux républicains du Tea Party ont rejeté.

 

Faute d’un accord sur le budget, les ministères et agences fédérales américains fonctionnent au ralenti depuis le 1er octobre, des centaines de milliers de fonctionnaires ayant été mis en congé forcé sans solde. L’accord conclu mercredi au Congrès prévoit qu’ils seront payés rétroactivement.

 

Les républicains de la Chambre des représentants, qui exigent depuis des mois que le budget prive de fonds l’Obamacare, la loi sur la réforme de la santé promulguée par M. Obama en 2010, n’avaient plus vraiment d’autre choix que de voter pour le texte adopté en après-midi par le Sénat, sauf celui de provoquer un défaut de paiement.

 

Le prix à payer

 

Même si le président Obama a affirmé qu’il n’y avait « pas de perdants » à l’issue de la crise, il est certain que les élus ont tous perdu des plumes, à commencer par les républicains. Les sondages indiquent que les Américains tiennent ces derniers responsables du triste spectacle que le Congrès offre depuis des semaines.

 

Barack Obama s’est montré inflexible tout au long de ce psychodrame, refusant de céder à ce qu’il considérait comme un chantage.

 

Les républicains n’en continueront pas moins à critiquer l’Obamacare, qu’ils considèrent comme une « catastrophe ».

 

Mardi, l’agence de notation Fitch avait menacé d’abaisser la note de la dette souveraine des États-Unis, qui est actuellement établie à AAA. La semaine dernière, les frères Koch, qui comptent parmi les principaux bailleurs de fonds du Tea Party, se sont publiquement déclarés opposés à la stratégie adoptée par les républicains de la Chambre des représentants, ce qui illustre les divisions au sein du Grand Old Party et de la mouvance conservatrice en général.

 

Le blocage budgétaire et la paralysie gouvernementale qu’il a provoquée coûteront 24 milliards à l’économie américaine, selon Standard Poor’s, une autre agence de notation.

 

 

Avec l’Agence France-Presse

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