États-Unis - Le Trésor réclame un relèvement du plafond de la dette

Washington — Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a écrit hier au chef de la majorité au Sénat pour lui demander de relever le plafond de la dette de l'État fédéral américain.

«Si l'on ne parvient pas à relever la limite, cela précipitera un défaut de paiement des États-Unis, écrit M. Geithner. Je demande que le Congrès agisse pour relever la limite dès le début de cette année, bien avant que la menace de défaut ne devienne imminente».

Le Congrès avait relevé le plafond de la dette à 14 290 milliards de dollars en février 2010. La dette est actuellement à 13.950 milliards de dollars, indique M. Geithner. Les services du Trésor estiment désormais que le plafond actuel pourrait être atteint «dès le 31 mars», et devrait l'être, «selon toute vraisemblance entre cette date et le 16 mai», ajoute-t-il.

Majoritaires depuis mercredi à la Chambre des représentants, les républicains menacent de s'opposer à un relèvement du plafond de la dette, ravivant des craintes de voir des pans entiers de l'administration et du gouvernement fermés temporairement, comme ce fut le cas en 1995 et 1996. À l'époque, le démocrate Bill Clinton occupait la Maison-Blanche, et le Congrès était tenu par les républicains.

M. Geithner juge qu'il serait «irresponsable» de ne pas relever la dette. Si le pays faisait défaut sur sa dette, écrit-il, cela imposerait «une taxe importante et de longue durée pour tous les Américains et toutes les entreprises américaines et pourrait entraîner la perte de millions d'emplois américains». M. Geithner ne propose pas de nouveau plafond. Il revient au Congrès de trancher cette question en fonction des engagements budgétaires que les élus ou leurs prédécesseurs ont votés, ont indiqué des responsables du Trésor à la presse.

Le nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a laissé la porte ouverte à un rélèvement du plafond de la dette. «Le peuple américain n'acceptera pas un tel relèvement à moins qu'il ne soit accompagné d'actions constructives de la part du président et du Congrès pour couper dans les dépenses» de l'État fédéral, a-t-il indiqué dans un communiqué.

L'abrogation de la réforme de la santé coûterait cher

Une abrogation de la réforme du système de santé difficilement adoptée l'an dernier aux États-Unis creuserait des déficits budgétaires fédéraux déjà abyssaux, ont averti hier les services du budget au Congrès américain (CBO). Le CBO a procédé à une première évaluation des conséquences prévisibles d'une proposition de loi républicaine visant à abroger la réforme du système de santé, dont le président Barack Obama et les démocrates ont obtenu l'adoption de haute lutte.

Le projet républicain «accroîtrait le déficit du budget fédéral sur la période 2012-2019 d'un montant total estimé à environ 145 milliards de dollars», estime le CBO. La mesure aboutirait en outre à ce que 32 millions de personnes supplémentaires soient privées de couverture maladie.

Le Pentagone au régime

Par ailleurs, le Pentagone va tailler dans ses coûts et programmes d'armement afin de ralentir la croissance de son budget sur cinq ans et, sous la pression de la Maison-Blanche, va consacrer 78 milliards de dollars des économies réalisées à la réduction du déficit budgétaire.

«Le Pentagone ne peut pas se croire à l'écart de la surveillance et de la pression dont le reste du gouvernement fait l'objet», a expliqué le secrétaire à la Défense, Robert Gates, au cours d'une conférence de presse.

Contrairement à la plupart des pays européens qui réduisent leur budget militaire pour faire face à la crise, le budget américain de la Défense, qui a plus que doublé depuis 2001, continuera d'augmenter. A un rythme plus faible. Au cours des exercices budgétaires 2012 à 2016, 154 milliards de dollars vont être économisés via des restructurations ou abandons de programmes d'armement et une baisse des coûts de fonctionnement.

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Avec l'Agence France-Presse

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